MONNAIES GRECQUES
LYDIE - ROYAUME DE LYDIE (VII
e
- VI
e
siècle avant J.‑C.)
N
ous ne savons pas exactement quand est née la
Monnaie (nomisma). Il semble qu’elle fasse son
apparition dans le royaume de Lydie dans la
seconde moitié du VII
e
siècle avant J.‑C. Mais de petits
lingots estampillés sont aujourd’hui recensés et
constituent peut-être les prototypes de la monnaie
elle-même au tout début du VII
e
siècle avant J.‑C. La
naissance de la monnaie révolutionne les habitudes de
troc et permet d’évaluer les objets à partir d’un étalon
et d’en garantir la valeur. Ce changement s’accompagne
d’une multiplication des échanges et de l’ouverture des
marchés.
Le fait que les premiers monnayages d’électrum (métal
natif charrié par les fleuves d’Asie Mineure comme le
Pactole) soient apparus en Asie Mineure occidentale
n’est peut-être pas dû au hasard, mais à la volonté des
possédants (royaume de Lydie ou cités grecques d’Asie
Mineure) de créer un système de valeur et des moyens
d’échanges afin de les garantir. La monnaie c’est
aussi la Loi et elle revêt un caractère sacré. La Lydie
était située au carrefour de grands axes routiers et
commerciaux, le bassinméditerranéen et l’Asie centrale.
Elle a su tirer avantages de cet emplacement stratégique
en mettant en place des taxes et des droits de douane.
Disposant d’importantes ressources minières et métal-
liques grâce à l’électrum (alliage naturel au départ
d’or et d’argent) dont le fleuve Pactole charriait les
pépites et le mont Tmole détenait des filons, la Lydie fut
pour le monde grec « l’Eldorado » de l’Antiquité. Les
rois de Lydie entretenaient de nombreux échanges
commerciaux avec ce monde grec, notamment par
l’intermédiaire des cités grecques des côtes. Puissance
économique, la Lydie était aussi une puissance bancaire,
puisque les Lydiens inventèrent l’usage de la monnaie.
Les rois de Lydie participèrent aussi à la vie religieuse
et sacrée des grands lieux de cultes.
Aucune chronologie certaine ne peut être établie quant
à l’apparition de la monnaie. C’est sous la dynastie des
MermnadesentreGygès(685‑644AC.)AlyatteII(610‑561
AC.) et avant Crésus (651‑546 AC.) que la monnaie fit
son apparition dans cette partie du monde.
5
hemi-hecte, c. 610‑550 AC., Sardes, Lydie
,
étalon milésiaque, (El, Ø 8 mm, - h, 1,18 g).
(pd. th. 1,19 g).
A/
Anépigraphe
. Tête de lion à droite, verrue sur le
front (étoile).
R/
Double carré creux informe.
Exemplaire sur un flan ovale, bien centré avec une
usure régulière, parfaitement identifiable. Carré creux
très intéressant au revers. Jolie couleur jaunâtre faisant
penser à de l’or.
BMC. 8 (Lydie) - P.- - Aulock- - GC. 3402 (300£) - Ro-
sen 654 - Dewing- - B. traité- pl. 2/ - Lockett 2978. - A.
R. Bellinger, Electrum coins from Gordion, Essay
Stanley Robinson, Londres, 1968, p. 10‑15, pl. I, n° 37 -
L. Weidauer, Probleme der frühen Elektronprägung,
Typos I, Fribourg, 1975, p. 24, n° 90, pl. 10 (type XVI).
RR. TTB+
950 € / 1500 €
Cet exemplaire provient de la vente Vinchon du 27
octobre 2000, n° 219 et de la collection D. R.
Nous n’avons pas relevé d’identité de coin pertinente
pour ce type qui semble néanmoins plus rare que ne
le laissent supposer les principaux ouvrages de
numismatique. C’est la deuxième fois que nous
proposons ce type en vente sur offres qui est un
véritable petit monument, précurseur de la numis‑
matique.
LarichesseduroyaumedeLydieestrestéeproverbiale.
Le Pactole qui coulait à Sardes charriait des pépites
d’or, ou plutôt d’électrum. Le Monnayage lydien, l’un
des premiers du monde grec, débuterait au milieu du
VII
e
siècle avant J.‑C.
Audroit,lelionsymbolisel’autoritéroyale.Lamonnaie
sert à garantir le poids de la monnaie ce qui évite de
recourir à la pesée systématique, pratique fastidieuse,
nécessaire à chaque transaction commerciale.
Nous avons d’abord un statère d’électrum natif,
d’étalon milésiaque à 14,20 g. Notre série la XVI du
classement de Weidauer comprend des trités (1/3
statère) et des demi-hectés (1/12 statère). Ce type
présente toujours une tête de lion avec une verrue sur
le front. Le choix de cet animal n’est peut-être pas
anodin et il orne, au départ, de nombreux monnayages
archaïques. Le carré creux bipartite est un déjà un
progrès par rapport au carré de même type, mais
informe, sans division. Dans le trésor de Gordion
(IGCH. 1176) trouvé à Gordion en Phrygie en 1963,
il y avait 45 pièces d’électrum, 26 trités, 1 hecté et 18
douzième de statères. Le trésor pourrait avoir été
enfoui vers 610 avant J.‑C.
Ce type a pu être frappé par les différents rois de
Lydie qui se sont succédés entre Ardys (652‑637 avant
J.‑C.) et Alyatte (610‑561 avant J.‑C.), voir Crésus,
dernier roi de Lydie (561‑546 avant J.‑C.) avant la
conquête Perse de Cyrus.
n° 5 A/20