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MONNAIES ROYALES FRANÇAISES
que l’on voulut. En 1308, dans toute la chrétienté, des procès
contre l’ordre s’ouvrirent. Au concile de Vienne d’octobre
1311, l’ordre fut définitivement mis à bas, malgré l’absence
de preuves matérielles, sous la pression militaire de Philippe.
En avril 1312, le pape publia la bulle « Vox in excelso « qui
supprimait l’ordre sans le condamner explicitement. Ses biens
passèrent aux Hospitaliers et aux souverains des différents
pays où il était implanté. Les hauts dignitaires furent brûlés.
D’autres procès politiques émaillent la seconde partie du
règne : celui de Bernard Délicieux, celui de Guichard de
Troyes, celui des brus du roi. De même, Juifs et Lombards
furent victimes d’expulsions et d’extorsions répétées. Les
monnaies subirent des dépréciations successives, l’église dut
payer plusieurs décimes ; des emprunts forcés, des impositions
frappaient les villes. Malgré le mécontentement général, rien
ne vint troubler la tranquille domination de l’autorité royale,
qui prit d’asseoir sa politique de force sur des consultations
régulières des trois ordres. Philippe IV s’entoura de juristes,
d’étrangers et d’hommes de fraîche noblesse : Pierre Flotte,
Guillaume de Nogaret, Enguerran de Marigny. À l’extérieur,
la paix fut faite avec les Aragonais (1295). Charles de Valois
épousa en compensation la fille de Charles II d’Anjou et reçut
Anjou et Maine. En Italie, ce dernier dut céder la place aux
Aragonais de Naples (1302). Du côté anglais, après une saisie
de la Guyenne, la paix fut faite par le traité de Paris de 1303.
En 1307, la Guyenne fut restituée et, l’année suivante, Édouard
II épousait Isabelle, fille de Philippe le Bel. Le grand échec
du roi eut lieu face aux Flamands qui écrasèrent son armée à
Courtrai en juillet 1302. Après la victoire Mons-en-Pévèle, en
1304, la Flandre dut traiter. En juin 1305, Robert de Béthune,
comte de Flandre, dut s’engager à payer une indemnité de 400
000 livres et à céder Lille, Douai et Béthune en attendant le
complet paiement de la somme. L’exécution du traité faisant
difficulté, un nouvel arrangement fut conclu à Pontoise en
1312 : ce fut le célèbre transport de Flandres. Tel fut le règne
de Philippe le Bel, âge sombre d’un premier absolutisme et
d’une première raison d’État. Par de sinistres moyens, le roi
avait continué la politique de saint Louis, dont le temps prit
alors dans la mémoire collective figure d’âge d’or.
25.
Maille tierce à l’O rond, n.d., 09/1306
, (Ar, Ø 19,5 mm,
3 h, 1,37 g). (pd. th. 1,406 g, titre 958 ‰, taille 1/174 marc, 4
3/8 d.t.12 d. A.R.).
A/
+ PhILIPPVS REX ; légende extérieure : + BHDICTV:
SIT: NOmEn: DOmInI, (ponctuation par trois besants
superposés)
. (Philippe roi ; que le nom de notre seigneur
Jésus-Christ soit béni). Croix.
R/
TVRONVS CIVIS
. (Cité de Tours). Châtel tournois sommé
d’une croisette coupant la légende à 12 heures. Bordure
extérieure de dix lis.
Cette maille tierce est frappée sur un flan irrégulier. Les reliefs
sont très nets. Une jolie patine grise de médaillier recouvre cet
exemplaire. La croix du droit apparaît en négatif au revers.
C. 214 - L. 223b - Dy. 219D - Dh. 278.
SUP
250 € / 350 €
Cet exemplaire porte au droit DOMINI au droit.
Il existe de nombreuses variétés de mailles tierces à l’O rond
(ponctuations diverses, lis supérieur accosté de points). Ces
mailles tierces auraient été frappées jusqu’à l’année 1310.
PHILIPPE IV LE BEL
(05/10/1285‑29/11/1314)
Né à Fontainebleau en 1268, Philippe IVétait le fils de Philippe
III et d’Isabelle d’Aragon. La grande affaire de ce règne fut
la querelle entre le roi de France et le pape Boniface VIII.
Les papes du XIII
e
siècle avaient été de dociles alliés de la
France. Le légat Benoit Gaetani vint à l’assemblée du clergé
de Sainte-Geneviève de Paris pour annoncer la confirmation
de la bulle « Ad fructus uberes « (1281), qui soustrayait les
ordres mendiants à l’autorité des évêques. Célestin V, ermite
égaré sur le trône pontifical ayant abdiqué en 1294, Gaetani
fut élu pape. Originaire d’Anagni, neveu d’Alexandre IV,
fonctionnaire de la Curie, il se fit sacrer avec faste, réponse
au grand refus de Célestin. Le premier différend avec le roi
de France survint quand ce dernier fit payer une nouvelle
décime au clergé. Boniface lança la décrétale « Clericis laicos
« (1296), qui défendait aux rois de recevoir des subsides de
l’Église sans l’autorisation du Saint Siège. En représailles,
Philippe interdit les sorties d’or et d’argent du royaume, et donc
des recettes du Saint Siège. Le pape répondit par la violente
lettre « Ineffabilis amor «, mais, occupé par la lutte contre les
Colonna et les Aragonais de Sicile, il finit par céder et accepta
de canoniser Louis IX (1297). Lors du jubilé de 1300, Boniface
affirma de nouveau les principes théocratiques. Dès lors, il se
laissa emporter par sa mégalomanie. La rupture avec le roi de
France vint du procès intenté à Bernard de Saisset, évêque de
Pamiers, en 1301. Accusé de comploter pour l’indépendance
du Languedoc, ce prélat fut jugé par le roi à Senlis. Aussitôt, le
pape ordonna à Philippe de libérer l’évêque et publia la bulle
« Ausculta fili «, où il annonçait son intention de convoquer
un concile pour le 1
er
novembre 1302. Philippe répondit en
convoquant à Paris une assemblée des trois ordres pour le
10 avril 1302. Là, Pierre Flote harangua les députés contre
le souverain pontife. Mais Flote et Robert d’Artois périrent
quelques mois plus tard à la bataille de Courtrai (11 juillet
1302). Le synode annoncé eut donc bien lieu en novembre 1302.
Boniface y publia la célèbre bulle « Unam sanctam «, manifeste
de la théocratie la plus absolue, qui conclut : « être soumis au
pontife romain est pour toute créature humaine condition du
salut «. Après un moment d’hésitation, les représailles furent
confiées à Guillaume de Nogaret. Ce dernier voulait enlever
le pape, le faire traduire devant un concile qui le déposerait.
En mars 1303, Nogaret partit vers l’Italie avec ses acolytes.
Arrivé dans la Péninsule, il s’allia aux ennemis des Gaetani,
notamment Sciarra Colonna. Le 7 septembre, sa troupe entrait
dansAnagni et s’emparait du pontife, qui fut molesté. Mais le 9,
la population se révolta et chassa Nogaret. Brisé par l’épreuve,
Boniface mourut à Rome le 11 octobre suivant. Le nouveau
pape, Benoît XI, releva Philippe de toutes les condamnations
et mourut à son tour. Un conclave tenu à Pérouse en 1305
désigna l’archevêque de Bordeaux, Bertrand de Got, qui prit
le nom de Clément V. Il gracia Nogaret et ses complices et se
fit couronner à Lyon, en novembre 1305, en présence du roi
de France. Dix gascons furent aussitôt élevés à la pourpre.
C’était le triomphe du parti français. À l’intérieur, le règne
connut les mêmes succès appuyés sur la violence. Cette fois,
l’ennemi à abattre fut l’ordre du Temple. Fondé en 1128, cet
ordre militaire administrait d’immenses domaines en Europe
occidentale et s’était transformé en un gigantesque réseau
bancaire. La prise de Saint-Jean-d’Acre rendait leur institution
inutile, faute de croisade, et leur puissance portait ombrage
au roi. Brusquement, le 13 octobre 1307, tous les templiers
et notamment leur grand maître, Jacques de Molai, furent
arrêtés sous l’inculpation d’hérésie et leurs biens confisqués.
Un manifeste royal contre les templiers fut lu en place publique
et ces derniers, soumis à la question, avouèrent tous les crimes