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MONNAIES ROYALES FRANÇAISES
28.
Double d’or, 06/04/1340,
(Or, Ø 33 mm, 9 h, 6,74 g).
(pd. th. 6,798 g, titre 1000 ‰, taille 1/36 marc, 3 lt. ou
60 st.24 kar.).
A/
xPh’:DEI’:GRAx -FRAnC:REX+, (ponctuationpartrois
annelets superposés)
. (Philippe, par la grâce de Dieu, roi des
Francs). Le roi assis de face dans une grande stalle gothique
à pinacles avec baldaquin, coiffé de la couronne fleurdelisée,
vêtu du manteau royal, tenant de la main droite un sceptre
lotiforme et de la gauche le sceptre court fleurdelisé. La
marche de la stalle est ornée de huit petits sautoirs.
R/
+ xXP’C: VINCIT: XP’C: REGNAT: XP’C: IMPE-
RAT, (deux sautoirs superposés après la croisette initiale
et ponctuation par deux annelets superposés)
. (Le Christ
vainc, le Christ règne, le Christ commande). Croix feuillue
et fleuronnée avec une rosace en cœur ornée d’un trèfle,
cantonnée de quatre couronnes, dans un quadrilobe anglé
feuillu et fleuronné.
Ce double d’or est frappé sur un flan large et voilé si bien
qu’il présente quelques faiblesses de frappe au niveau des
motifs centraux.
C. 275 (1500 f.) - L. 584 (2300 f.) - L. 256 - Dy. 253.
RR. TB+
4000 € / 6500 €
L’une des monnaies les plus rares du règne de Philippe VI.
Lareprésentationduroiassisdanslastallegothiquerichement
ornementée de pinacles n’est pas sans rappeler le lion d’or
(Dy.250). Sur le double, la « chaière » est beaucoup plus
décorée que sur le lion ou le parisis d’or (Dy.248). Sur le
double d’or, le roi tient le sceptre lotiforme et le sceptre
fleurdelisé comme sur le lion. En revanche, au revers, le
quadrilobe anglé rappelle le parisis d’or. Les couronnes du
double se sont substituées aux lis du parisis. Sur le double,
le « trône gothique » a remplacé, « le trône de Dagobert ».
Le roi trônant en majesté apparaît dans la plénitude de ses
fonctions. Le sceptre symbolise la puissance terrestre et le
sceptre fleurdelisé la « dignitas » régalienne. Le manteau
dont il est revêtu symbolise l’image de l’Univers.
PHILIPPE VI DE VALOIS (01/04/1328‑22/08/1350)
Né en 1293, âgé de 35 ans lors de son avènement au trône, en
mai 1328, Philippe était le fils de Marguerite de Sicile et de
Charles de Valois, dont on put dire qu’il avait été fils, frère,
oncle,gendrederoietjamaisroilui-même.D’autresprétentions
s’élevaient cependant à la couronne de France : celles de la
maison de Navarre, héritière des droits de Jeanne, fille de
Louis X, celles d’Édouard III, héritier des droits de sa mère,
Isabelle de France, fille de Philippe le Bel. Édouard III prêta
hommage à Philippe VI à Amiens en juin 1329. Cependant,
dans les années suivantes, les incidents se multiplièrent. La
guerre d’Édouard contre le roi d’Écosse David Bruce tint
quelques temps l’Anglais éloigné de la Guyenne et Philippe,
en 1336, descendit en Avignon. Sa flotte se préparait à opérer
enMéditerranée. L’année suivante, retournement de situation :
la flotte passa en mer du Nord. La guerre semblait proche. À
la Toussaint 1337, l’évêque de Lincoln, Henri Burgersh, vint à
Paris : il annonça la rupture de l’hommage prêté à Amiens, la
remise en cause de la succession de France et la déclaration de
guerre. Les Pays-Bas prirent parti pour l’Angleterre, le comte
de Luxembourg et roi de Bohême, Jean l’Aveugle, se rangea
aux côtés de la France, Alphonse XI également. En janvier
1338, la Flandre s’insurgea contre Louis de Nevers et Jan van
Artevelde, capitaine de Gand, prit le gouvernement du comté.
L’année suivante, le comte de Flandres se réfugiait à Paris.
Les Flamands reconnurent Édouard pour roi. Édouard III prit
alors le titre de roi de France et prit les armes mi-parti de
France et d’Angleterre. Le 24 juin 1340, les flottes française
et anglaise se rencontrèrent au large des côtes de Bruges, près
de l’avant-port de L’Écluse. La défaite totale des Français
donna à Édouard la maîtrise de la mer. Une trêve fut conclue
à Espléchin en septembre suivant. La guerre reprit en 1345.
Un débarquement d’Édouard en Flandre fut sans lendemain.
En 1346, Jean, fils de Philippe, duc de Normandie, attaquait
la Guyenne et mit le siège devant Aiguillon. Cependant, en
juillet 1346, Édouard débarquait en Cotentin et ravagea la
Normandie. Philippe se lança à sa poursuite : les deux armées
s’affrontèrent à Crécy, le 26 août 1346. Nouvelle et complète
victoire des Anglais, pourtant inférieurs en nombre. Philippe
s’enfuit ; plusieurs de ses grands vassaux tombèrent sur le
champ de bataille. En 1347, Édouard prit Calais et y établit
une garnison. Dans le même temps, une complexe guerre
de succession dévastait la Bretagne, où le parti anglais eut
longtemps le dessus. Seul succès du règne : l’acquisition du
Dauphiné de Viennois, cédé au fils aîné du duc de Normandie
par Humbert II en 1349. À sa mort, en 1350, Philippe laissait
un royaume et une dynastie également ébranlés.
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