- 24 -
MONNAIES ROYALES FRANÇAISES
PHILIPPE I
er
(4/08/1060‑29/07/1108)
Monté sur le trône à l’âge de huit ans, Philippe I
er
assista en
spectateur à la naissance d’un danger mortel : la monarchie
anglo-normande.Laconquêtedel’Angleterre,en1066,fitduduc
de Normandie, Guillaume, le maître d’une double monarchie,
sans que le roi de France, alors placé sous la tutelle de Baudoin
V, comte de Flandre, pût rien tenter pour s’y opposer. Mais
quand Guillaume eut pacifié l’Angleterre, Philippe limita son
expansion sur le continent, en Bretagne et en Vexin, favorisa
les rébellions des barons vassaux du duc de Normandie et celle
de son fils Robert Courte-Heuse. Après la mort de Guillaume,
blessé au siège de Mantes (1087), la lutte continua contre ses
successeurs, Guillaume le Roux et Henri Beauclerc. Dans le
mêmetemps,PhilippeI
er
commençalapolitiqued’accroissement
du domaine royal que ses successeurs poursuivraient pendant
tant de siècles : tour à tour, le Vermandois, le Vexin et le Valois,
le Gâtinais tombèrent entre ses mains. En 1101, il achetait une
partie du Berry. Mais, pour ces quelques succès, que de vaines
guerres, que d’échecs face à de petits seigneurs du nord de la
France ! Le contentieux avec la papauté, déjà en germe sous
ses prédécesseurs, parut au grand jour. Le roi s’opposa aux
réformes prônées par les papes Grégoire VII et Urbain II,
qui menaçaient son autorité sur les évêques. L’hostilité prit
aussi un tour plus personnel. En 1092, Philippe avait répudié
son épouse légitime, Berta, fille du comte de Hollande, pour
s’unir à Bertrade de Montfort, comtesse d’Anjou, femme de
Foulque le Réchin. Le couple fut excommunié plusieurs fois
publiquement, mais refusa de se séparer, et jusqu’à la fin de sa
vie, le roi se trouva en délicatesse avec l’Église. Son fils d’un
premier mariage, Louis, fut associé au gouvernement à partir
de 1098, avec le titre de dux exercitus (chef de l’armée). Quand
Philippe mourut, en 1108, son fils exerçait depuis plusieurs
années la réalité du pouvoir, sans encore avoir été sacré :
désormais, la légitimité de la dynastie était assez ancrée pour
que cette cérémonie n’ait pas paru indispensable du vivant du
roi régnant : signe que le long règne de Philippe, personnalité
contestée, n’avait pas été exempt de résultats positifs.
16.
Denier, 4
e
type, n.d.,
Étampes, (Ar, Ø 21,5 mm, 8 h,
1,05 g).
A/
+ PHILIPVS X REX [D-]I
. (Philippe, roi par la grâce de
Dieu). Porte accostée de IN et IC, au milieuAT ; au-dessus un I.
R/
CASTELLVM STAMPIS
. (Château d’Étampes). Croix
cantonnée aux 1 et 4 d’une S.
Ce denier est frappé sur un flan large et irrégulier. Exemplaire
recouvert d’une patine grise et sur lequel la croix du revers
apparaît en négatif au droit.
C. 62 - PA. 42 (2/2) - L. 61 var. - Dy. 46.
R. TTB
150 € / 250 €
La porte de ville se retrouve également sur le monnayage
d’Orléans avec la légende BENEDICTA ; les lettres cantonnant
notre exemplaire sont probablement les restes de la légende
BENEDICTA qui aurait été reprise à Étampes.
HENRI I
er
(20/07/1031‑04/08/1060)
Le règne d’Henri I
er
, troisième monarque de la dynastie
capétienne, s’ouvrit par une guerre civile entre le roi et son
frère cadet, Robert, soutenu par leur mère la reine Constance.
C’est seulement après la mort de Constance, survenue en 1034,
que les deux princes se réconcilièrent. Pour assurer la paix
familiale, Henri investit Hugues du duché de Bourgogne. Ce
fut la tige d’une seconde maison capétienne qui allait durer
trois siècles. À ce premier conflit succéda une guerre contre
les comtes de Blois (1034‑1039), dont l’issue fut victorieuse :
les Capétiens annexèrent le Sénonais et la Touraine fut prise à
la maison de Blois pour passer aux comtes d’Anjou. Mais un
autre vassal commençait de porter ombrage au roi de France :
Guillaume le Bâtard, duc de Normandie. D’abord allié à Henri,
le jeune duc entra en conflit avec lui à partir de 1048. Contre le
duc, le roi soutint la révolte de ses vassaux normands. Battu à
Mortemer (1054) et Varaville (1058), Henri assista, impuissant,
à l’accroissement de puissance du futur roi d’Angleterre. Son
règne marque peut-être le point extrême de la décadence du
pouvoir royal. Au sud de la Loire, son autorité était devenue
quasi nulle. Le roi de France conservait pourtant une stature
internationale. En face du pape et de l’empereur, Henri lutta
pour préserver son autorité sur l’épiscopat et sur l’est de son
royaume. Si l’Empire assurait son emprise sur l’ancien royaume
de Bourgogne, le roi de France intriguait, sans grand succès,
pour détacher la Lorraine de l’influence germanique. En 1051,
il épousa Anne, fille du grand-prince de Kiev, Iaroslav. Cette
alliance montre bien que, dès cette époque, l’horizon de la
monarchie française dépassait de très loin l’espace restreint
du domaine royal ou de la France du Nord. En 1052, la reine
donna naissance à un fils, doté du prénom byzantin de Philippe,
qui fut incorporé dans la tradition des noms royaux. Henri fit
sacrer son héritier en 1059 et mourut l’année suivante, ayant
du moins assuré la continuité de la dynastie. Son long règne
avait été le plus obscur de ceux du XI
e
siècle.
15.
Denier, 1
er
ou 2
e
type, n.d., c. 1040‑1060
, Senlis,
(Ar, Ø 18 mm, 5 h, 0,79 g).
A/
+ HENRICVS REX
. (Henri roi). Croix.
R/
[+ CVTAS
SINLECTIS]
. (CitédeSenlis).Monogrammecarolindégénéré.
Ce denier est frappé sur un flan très large et irrégulier.
Exemplaire recouvert d’une patine grise et présentant très
peu de relief au revers. C. 35‑37 - L. 29‑30 - Dy. 20‑21.
RR. B+ / AB
280 € / 420 €
Ce type monétaire frappé a Senlis présente parfois des
légendes dégénérées.
www.cgb
.
fr