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MONNAIES ROYALES FRANÇAISES

occasion, M. Dhénin a réalisé le catalogue des monnaies du

roi p. 348‑365. Il date ces gros tournois avec une L tridentée

de la période 1303‑1306.

PHILIPPE IV LE BEL (05/10/1285‑29/11/1314)

N

é à Fontainebleau en 1268, Philippe IV était le

fils de Philippe III et d’Isabelle d’Aragon. Son

règne fut marqué par le démantellement de l’ordre

du Temple. Cet ordre militaire, fondé en 1128,

administrait d’immenses domaines en Europe occidentale

et s’était transformé en un gigantesque réseau bancaire. La

prise de Saint-Jean-d’Acre rendait leur institution inutile,

faute de croisade, et leur puissance portait ombrage au

roi. Brusquement, le 13 octobre 1307, tous les templiers et

notammentleurgrandmaître,JacquesdeMolai,furentarrêtés

sous l’inculpation d’hérésie et leurs biens confisqués. Un

manifeste royal contre les templiers fut lu en place publique et

ces derniers, soumis à la question, avouèrent tous les crimes

que l’on voulut. En 1308, dans toute la chrétienté, des procès

contre l’ordre s’ouvrirent. Au concile de Vienne d’octobre

1311, l’ordre fut définitivement mis à bas, malgré l’absence

de preuves matérielles, sous la pressionmilitaire de Philippe.

En avril 1312, le pape publia la bulle « Vox in excelso » qui

supprimait l’ordresans lecondamnerexplicitement.Sesbiens

passèrent aux Hospitaliers et aux souverains des différents

pays où il était implanté. Les hauts dignitaires furent brûlés.

D’autres procès politiques émaillent la seconde partie du

règne : celui de Bernard Délicieux, celui de Guichard de

Troyes, celui des brus du roi. De même, Juifs et Lombards

furent victimes d’expulsions et d’extorsions répétées. Les

monnaies subirent des dépréciations successives, l’église

dut payer plusieurs décimes ; des emprunts forcés, des

impositions frappaient les villes. Malgré le mécontentement

général, rien ne vint troubler la tranquille domination de

l’autorité royale, qui prit d’asseoir sa politique de force sur

des consultations régulières des trois ordres. Philippe IV

s’entoura de juristes, d’étrangers et d’hommes de fraîche

noblesse : Pierre Flotte, Guillaume de Nogaret, Enguerran

de Marigny. À l’extérieur, la paix fut faite avec les Aragonais

(1295). Charles de Valois épousa en compensation la fille

de Charles II d’Anjou et reçut Anjou et Maine. En Italie, ce

dernier dut céder la place aux Aragonais de Naples (1302).

Du côté anglais, après une saisie de la Guyenne, la paix fut

faite par le traité de Paris de 1303. En 1307, la Guyenne fut

restituée et, l’année suivante, Édouard II épousait Isabelle,

fille de Philippe le Bel. Le grand échec du roi eut lieu face

aux Flamands qui écrasèrent son armée à Courtrai en

juillet 1302. Après la victoire Mons-en-Pévèle, en 1304, la

Flandre dut traiter. En juin 1305, Robert de Béthune, comte

de Flandre, dut s’engager à payer une indemnité de 400

000 livres et à céder Lille, Douai et Béthune en attendant le

complet paiement de la somme. L’exécution du traité faisant

difficulté, un nouvel arrangement fut conclu à Pontoise en

1312 : ce fut le célèbre transport de Flandres. Tel fut le règne

de Philippe le Bel, âge sombre d’un premier absolutisme et

d’une première raison d’État. Par de sinistres moyens, le

roi avait continué la politique de saint Louis, dont le temps

prit alors dans la mémoire collective figure d’âge d’or.

16.

Gros tournois à l’O rond, n.d., c. 1303‑1306

, 13 1/3

dt., (Ar, Ø 25,5 mm, 9 h, 4,12 g). (pd. th. 4,219 g, titre 958 ‰,

taille 1/58 marc, 12 d. A.R.).

A/

+ PhILIPPVSx REX (L bidentée) ; légende extérieure : +

BNDICTV:SIT:HOmE:DHI:nRI:DEI:IhV●XPI, (ponctuation

par trois besants superposés)

. (Philippe roi ; que le nom de

notre seigneur Jésus-Christ soit béni). Croix.

R/

TVRONVS (triangle)CIVIS

. (CitédeTours).Châteltournois

sommé d’une croisette coupant la légende à 6 heures. Bordure

extérieure de douze lis.

Ce gros tournois est frappé sur un flan légèrement irrégulier et

voilé présentant de petits éclatements. Exemplaire recouvert

d’une légère patine grise.

C. 203 - L.- - Dy. 213B - Dh. 274.

SUP  / TTB+

   180 € / 300 €

Laréputationde«fauxmonnayeur»duroiaétébattueenbrèche

par Jean Favier dans son irremplaçable « Philippe IV le Bel ».

Pendant toute la durée de son règne qui connut de nombreuses

mutations monétaires, Philippe IVessaya de maintenir la fiction

du gros tournois de saint Louis. Une magnifique exposition

consacrée à l’Art au temps des rois maudits, Philippe le Bel et

ses fils, s’est tenue en 1998 au Grand Palais à Paris. À cette

n° 16 R/