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MONNAIES ROYALES FRANÇAISES
LOUIS XI LE PRUDENT (22/07/1461‑30/08/1483)
Né à Bourges en 1423, Louis XI vécut ses premières années
à Loches. Dès 1439, Charles VII l’associa au pouvoir. La
première rupture avec son père intervint en 1440, lors de la
Praguerie. Après quoi, Louis guerroya contre les Anglais et les
Armagnacs. Nouvelle révolte en 1446 : Louis tenta de s’emparer
de l’Agenais, et, l’année suivante, son père l’exila en Dauphiné.
Le dauphin gouverna cette province avec sagesse et érigea en
1453 le Conseil delphinal en Parlement. Toujours intriguant
contre son père, il épousa Charlotte de Savoie en 1451. En
1456, il se réfugia auprès de Philippe le Bon, le puissant duc
de Bourgogne. La mort de Charles VII prévint une guerre entre
le roi et son puissant vassal. C’est accompagné de Philippe
que Louis XI fit son entrée à Reims pour y être sacré en août
1461. Après avoir gagné ensemble Paris, ils se séparèrent et
Louis s’établit en Touraine. Agé de trente-huit ans, le nouveau
roi était aussi rusé et économe que le duc était fastueux et sans
malice. Il destitua les conseillers de son père et les remplaça par
ses créatures (le bâtard d’Armagnac, Pierre de Morvilliers). «
Universelle aragne «, le roi se constitua un puissant réseau de
fidèles. Très vite, Louis XI se heurta aux féodaux, ses anciens
alliés. La « guerre du Bien Public «, en 1465, réunit plusieurs
vassaux sous la conduite de Charles de Berry, frère du roi. Par
le traité de Conflans et de Saint-Maur (octobre 1465). Louis dut
céder la Normandie à son frère, les villes de la Somme à Charles
le Téméraire, fils du duc de Bourgogne, et donner la lieutenance
généraledesprovincescentralesàLouisdeBourbon.Leroireprit
bientôt l’avantage, profitant des troubles qui suivirent la mort
de Philippe le Bon (1467). Un instant prisonnier du Téméraire
lors de l’entrevue de Péronne (octobre 1468), Louis XI dut faire
sortir la Flandre du ressort du Parlement de Paris et assister
à la prise de Liège, dont il avait soutenu la révolte contre les
Bourguignons.Charles deFrancereçut laGuyenne,mais mourut
en 1472. La guerre avec Charles le Téméraire avait repris de
plus belle. Une trêve fut conclue en 1472. Jean V d’Armagnac
fut vaincu et tué à Lectoure (1473). Le duc d’Alençon, arrêté,
mourut en 1476. La période des grandes coalitions féodales
était finie. La lutte contre la maison de Bourgogne, qui tentait
d’ériger un État centralisé, indépendant de la France et de
l’Empire,unenouvelleLotharingie,repritensous-maindès1473.
En 1474, les Alsaciens vainquaient et tuaient le grand bailli du
Téméraire, Pierre de Hagenbach. En 1474, les Suisses et le duc
de Bourgogne entrèrent en guerre : menacé d’encerclement par
les cantons et les Français, Charles obtint une descente sur le
continent du roi d’Angleterre, Edouard IV. Louis XI arrêta ce
danger par la paix de Picquigny (août 1475) et poursuivit la
liquidation des féodaux : le connétable de Saint-Pol (1475), le
duc de Nemours (1477). Après avoir conclu une trêve avec la
France, Charles le Téméraire s’empara de la Lorraine et voulut
prendre sa revanche contre les Suisses, dont Louis continuait
de financer les armées : il fut battu à Grandson (mars 1476) et
Morat (juin 1476). Luttant contre la Lorraine révoltée, le duc
de Bourgogne fut battu et tué devant Nancy le 5 janvier 1477.
. Un traité de paix fut signé avec la France en décembre 1482.
En 1480, à la mort du roi René, Louis avait annexé Anjou et
Bar. En 1481, à la mort de Charles du Maine, le Maine et la
Provence. Le gouvernement intérieur de Louis XI est demeuré
célèbre pour son autoritarisme. Les États généraux ne firent plus
que voter l’impôt sans discuter. Trois parlements furent créés à
Bordeaux(1462),Perpignan(1463)etDijon(1477).Pourvaincre
l’opposition du Parlement de Paris, Louis XI évoqua nombre
de procès politiques au Conseil et les remit à des commissions
extraordinaires. La pression fiscale augmenta considérablement
pour financer une guerre incessante. En 1472, un concordat
fut conclu avec le Saint Siège ; mais l’église de France était
toute entière dans la main du roi. Retiré à Montil-lès-Tours
après 1479, Louis XI se livra à une dévotion superstitieuse,
où le culte des reliques avait la plus grande place. Il mourut
le 30 août 1483 et fut enterré à Notre-Dame de Cléry. Marié à
Marguerite d’Écosse puis à Charlotte de Savoie, Louis XI eut
de cette dernière trois enfants qui lui survécurent : Anne, mariée
à Pierre de Beaujeu, Jeanne, qui épousa Louis d’Orléans et
Charles, enfant maladif, qui lui succéda.
57.
Écu d’orau soleil, 02/11/1475,
Angers, Croissant sous la 7
e
lettredudroitetdurevers,Croissant7
e
,(Or,Ø 27 mm,2 h,3,40 g).
(pd. th. 3,496 g, titre 963 ‰, taille 1/70 marc, 33 st.23 1/8 Kar.).
A/
(couronne) LVDOVICVS: DEI: GRA: FRANCORVm:
REX:
. (Louis, par la grâce de Dieu, roi des Francs). Écu de
France couronné sommé d’un soleil.
R/
(couronne) XPC: VInCIT: XPC: REGNAT: XPC: ImPE-
RAT:
. (Le Christ vainc, le Christ règne, le Christ commande).
Croix fleurdelisée avec quadrilobe en cœur.
Cet écu d’or est frappé sur un flan légèrement irrégulier et voilé.
C. 745 - L. 529 - Dy. 544.
R. TTB
480 € / 750 €
Dans les documents d’archives, ces monnaies sont dénommées
«écu au soleil », «écu au soulcy » ou «écu sol » (Lafaurie p. 115).
58.
Écu d’or au soleil, n.d., 02/11/1475
, Perpignan,
P en cœur de la croix du revers, P, (Or, Ø 27,5 mm, 12 h,
3,42 g). (pd. th. 3,496 g, titre 963 ‰, taille 1/70 marc,
33 st.23 1/8 Kar.).
A/
(couronne)L[V]DOVICVS:DEI:GRA:FRAnCORVm:
REX, (ponctuation par trois points superposés)
. (Louis, par
la grâce de Dieu, roi des Francs). Écu de France couronné
sommé d’un soleil ; une croix à droite de l’écu.
R/
[(couronne)] XPS: VInCIT: XPS: REGnAT: XPS:
ImPERAT, (ponctuation par trois points superposés)
. (Le
Christ vainc, le Christ règne, le Christ commande). Croix
fleurdelisée avec quadrilobe en cœur.
Cetécuestfrappésurunflanlégèrementirrégulieretconcave
au droit. Exemplaire tréflé. C. 750 - L. 529a - Dy. 545.
RRR. TB+
900 € / 2000 €
Exemplaire provenant de MONNAIES 35, n° 126.
Rare variété avec une croix à droite de l’écu de France.
Point sous la 1
re
lettre du revers.
Dans les documents d’archives, ces monnaies sont dénom-
mées«écuausoleil»,«écuausoulcy»ou«écusol»(Lafaurie
p. 115). Cet écu d’or est peut-être de l’atelier de Perpignan
car il semble porter un P en cœur de la croix du revers.