MONNAIES ROYALES FRANÇAISES
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Écu d’or au soleil, 5
e
type, 21/07/1519,
Poitiers
, Point 8
e
au droit et au revers, Point
8
e
, 3
e
ém., 40 st., (Or, Ø 26,5 mm, 8 h, 3,40 g).
(pd. th. 3,439 g,titre 958 ‰,taille 1/71 1/5 marc,23kar.).
A/
+ FRANCISCVS: DEI: GRACIA: FRACORV:
REX
. (François, par la grâce de Dieu, roi des Francs).
Écu de France couronné sous un soleil.
R/
+ XPS: VINCIT: XPS: REGNAT: XPS: IMPE-
FRANÇOIS IER LE RESTAURATEUR DES LETTRES (01/01/1515‑31/03/1547)
L
’avènement de François I
er
marque traditionnel-
lement en France le commencement de l’Ancien
Régime, sans qu’on puisse bien saisir en quoi il
diffère duMoyen Age. L’ère nouvelle se distingue essen-
tiellement par l’exaltation de la personne même du roi,
au détriment de concepts plus abstraits (le Trône, la
Couronne). La religion monarchique s’organise alors
autour d’une incarnation : héroïsé, identifié tantôt à
César, tantôt à l’Hercule gaulois, François I
er
s’impose
comme guerrier et comme justicier, tout à la fois roi de
guerre, roi des arts et roi de gloire. Autour de lui, se
créent un premier embryon de Cour, une première
étiquette. C’est alors que naît ce « cérémonial d’État «
dont les historiens américains ont fait l’un de leurs
principaux objets d’étude. Né à Cognac en 1494,
François était le fils de Charles de Valois, comte
d’Angoulême et de Louise de Savoie. Beau-fils de Louis
XII, dont il avait épousé la fille Claude de France, il lui
succéda en 1515, à défaut d’héritier mâle direct du
défunt. Le nouveau roi continua la politique italienne
de son prédécesseur.
La première année du règne du règne fut marquée par
une première descente dans la Péninsule, avec la victoire
de Marignan contre les Suisses et la conquête du Mila-
nais. L’année suivante, François concluait avec le pape
Léon X le concordat de Bologne, qui faisait du roi le
maître des nominations épiscopales dans son royaume,
et signait une paix perpétuelle avec les Suisses.
En 1519, à la mort de Maximilien I
er
, le roi de France
brigua la couronne impériale, mais celle-ci revint à
celui qui allait être son grand rival : Charles Quint. Ce
prince réunit deux héritages : l’un, « bourguignon « et
impérial, lui vient de son père, Philippe le Beau et de
son grand-père, l’empereur Maximilien : ce sont les
restesdespossessionsdeCharlesleTéméraire(Flandres,
Franche-Comté), les domaines des Habsbourg (duchés
autrichiens, Basse-Alsace) et la couronne impériale du
Saint Empire romain germanique ; le second, méditer-
ranéen et espagnol, lui vient de sa mère, Jeanne la
Folle : ce sont la Castille, l’Aragon et les « royaumes «
ibériques qui leur sont rattachés, ce sont les possessions
italiennes (Milanais, royaume de Naples) ; ce seront
bientôt aussi les Indes, dont la conquête et l’organisa-
tion se poursuivent sous le règne de l’empereur. Ayant
échoué à nouer une alliance avec le roi d’Angleterre
Henri VIII (Camp du drap d’or, 1520), trahi par le
connétable de Bourbon, son principal feudataire,
François s’engagea dans une lutte difficile contre les
Impériaux, tout à la fois dans l’est de la France et en
Italie. En 1525, après avoir repris Milan, le roi était
battu et fait prisonnier devant Pavie. En son absence,
Louise de Savoie exerça la régence. Captif en Espagne,
François y signa le traité de Madrid (1526), qu’il renia
dès sa libération.
La guerre se poursuivit, marquée par le sac de Rome
par les Impériaux (1527). À la paix de Cambrai (1529),
la France renonçait à l’Italie et François épousait
Éléonore d’Autriche, sœur de Charles Quint. La guerre
reprit en 1536, après que François eût noué des alliances
avec l’Angleterre, la Suède, les protestants allemands
et l’Empire ottoman. Trèves et batailles alternèrent
jusqu’au traité de Crespy (1544) avec l’Empereur et
d’Ardres (1546) avec l’Angleterre, qui avait changé de
camp entre-temps. À ce bilan indécis de sa politique
extérieure, le roi pouvait opposer celui, plus brillant,
de sa gestion intérieure : protection donnée aux arts et
aux lettres, création du Collège de France (1529), ordon-
nance de Villers-Cotterêts (1539), instituant un état
civil et imposant l’usage du français dans les actes
officiels.
À la différence d’autres monarchies européennes (celle
des Tudors par exemple), la monarchie française béné-
ficiait en ce début du XVI
e
siècle d’une légitimité incon-
testée, ancrée dans le passé le plus lointain. Princes
autoritaires, François I
er
et son fils en profitèrent pour
renforcer le pouvoir royal. Le Conseil commença à se
structurer ; les secrétaires d’État firent leur apparition.
Sans disparaître, les institutions représentatives ne sont
pas en mesure d’inquiéter une monarchie qui semble
pleine de vie et de santé. Le règne de François I
er
appa-
raît donc en définitive comme un premier âge de l’abso-
lutisme.
RAT
. (Le Christ vainc, le Christ règne, le Christ
commande).Croixfleurdeliséeavecquadrilobeencœur,
cantonnée aux 1 et 4 d’un lis, aux 2 et 3 d’une F.
Cet écu est frappé sur un flan large et irrégulier.
Exemplaire présentant de hauts reliefs mais un fort
tréflage. Quelques motifs du revers apparaissent en
négatif au droit.
C. 1073‑1074 - L. 639 - Dy. 775.
RR. TTB+
600 € / 950 €
Les écus d’or de Poitiers de François I
er
sont assez
rares.
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