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MONNAIES ROYALES FRANÇAISES
PHILIPPE IV LE BEL (05/10/1285‑29/11/1314)
N
é à Fontainebleau en 1268, Philippe IV était le fils de
Philippe III et d’Isabelle d’Aragon. La grande affaire de
ce règne fut la querelle entre le roi de France et le pape
BonifaceVIII.LespapesduXIII
e
siècleavaientétédedocilesalliés
delaFrance.LelégatBenoitGaetanivintàl’assembléeduclergé
de Sainte-Geneviève de Paris pour annoncer la confirmation de
la bulle « Ad fructus uberes « (1281), qui soustrayait les ordres
mendiants à l’autorité des évêques. Célestin V, ermite égaré sur
le trône pontifical ayant abdiqué en 1294, Gaetani fut élu pape.
Originaire d’Anagni, neveu d’Alexandre IV, fonctionnaire de
la Curie, il se fit sacrer avec faste, réponse au grand refus de
Célestin.LepremierdifférendavecleroideFrancesurvintquand
ce dernier fit payer une nouvelle décime au clergé. Boniface
lança la décrétale « Clericis laicos « (1296), qui défendait aux
rois de recevoir des subsides de l’Église sans l’autorisation du
Saint Siège. En représailles, Philippe interdit les sorties d’or et
d’argent du royaume, et donc des recettes du Saint Siège. Le
pape répondit par la violente lettre « Ineffabilis amor «, mais,
occupé par la lutte contre les Colonna et lesAragonais de Sicile,
il finit par céder et accepta de canoniser Louis IX (1297). Lors
du jubilé de 1300, Boniface affirma de nouveau les principes
théocratiques.Dèslors,ilselaissaemporterparsamégalomanie.
La rupture avec le roi de France vint du procès intenté à Bernard
de Saisset, évêque de Pamiers, en 1301. Accusé de comploter
pour l’indépendance du Languedoc, ce prélat fut jugé par le roi
à Senlis.Aussitôt, le pape ordonna à Philippe de libérer l’évêque
et publia la bulle « Ausculta fili «, où il annonçait son intention
de convoquer un concile pour le 1
er
novembre 1302. Philippe
répondit en convoquant à Paris une assemblée des trois ordres
pour le 10 avril 1302. Là, Pierre Flote harangua les députés
contrelesouverainpontife.MaisFloteetRobertd’Artoispérirent
quelquesmoisplus tardà labatailledeCourtrai(11 juillet1302).
Le synode annoncé eut donc bien lieu en novembre 1302.
Boniface y publia la célèbre bulle « Unam sanctam «, manifeste
de la théocratie la plus absolue, qui conclut : « être soumis au
pontife romain est pour toute créature humaine condition du
salut «. Après un moment d’hésitation, les représailles furent
confiées à Guillaume de Nogaret. Ce dernier voulait enlever
le pape, le faire traduire devant un concile qui le déposerait.
En mars 1303, Nogaret partit vers l’Italie avec ses acolytes.
Arrivé dans la Péninsule, il s’allia aux ennemis des Gaetani,
notamment Sciarra Colonna. Le 7 septembre, sa troupe entrait
dans Anagni et s’emparait du pontife, qui fut molesté. Mais le 9,
la population se révolta et chassa Nogaret. Brisé par l’épreuve,
Boniface mourut à Rome le 11 octobre suivant. Le nouveau
pape, Benoît XI, releva Philippe de toutes les condamnations
et mourut à son tour. Un conclave tenu à Pérouse en 1305
désigna l’archevêque de Bordeaux, Bertrand de Got, qui prit
le nom de Clément V. Il gracia Nogaret et ses complices et se
fit couronner à Lyon, en novembre 1305, en présence du roi de
France. Dix gascons furent aussitôt élevés à la pourpre. C’était
le triomphe du parti français. À l’intérieur, le règne connut les
mêmes succès appuyés sur la violence. Cette fois, l’ennemi à
abattre fut l’ordre du Temple. Fondé en 1128, cet ordre militaire
administrait d’immenses domaines en Europe occidentale et
s’était transforméenungigantesqueréseaubancaire.Laprisede
Saint-Jean-d’Acrerendaitleurinstitutioninutile,fautedecroisade,
et leur puissance portait ombrage au roi. Brusquement, le 13
octobre 1307, tous les templiers et notamment leur grandmaître,
Jacques de Molai, furent arrêtés sous l’inculpation d’hérésie et
leurs biens confisqués. Un manifeste royal contre les templiers
fut lu en place publique et ces derniers, soumis à la question,
avouèrent tous les crimes que l’on voulut. En 1308, dans toute
la chrétienté, des procès contre l’ordre s
’ouvrirent.Auconcile de
Vienned’octobre1311,l’ordrefutdéfinitivementmisàbas,malgré
l’absence de preuves matérielles, sous la pression militaire de
Philippe. En avril 1312, le pape publia la bulle « Vox in excelso »
quisupprimaitl’ordresanslecondamnerexplicitement.Sesbiens
passèrent aux Hospitaliers et aux souverains des différents pays
où il était implanté. Les hauts dignitaires furent brûlés. D’autres
procès politiques émaillent la seconde partie du règne : celui de
Bernard Délicieux, celui de Guichard de Troyes, celui des brus
du roi. De même, Juifs et Lombards furent victimes d’expulsions
etd’extorsionsrépétées.Lesmonnaiessubirentdesdépréciations
successives, l’église dut payer plusieurs décimes ; des emprunts
forcés, des impositions frappaient les villes.
Malgré le mécontentement général, rien ne vint troubler la
tranquille domination de l’autorité royale, qui prit d’asseoir
sa politique de force sur des consultations régulières des trois
ordres.PhilippeIVs’entouradejuristes,d’étrangersetd’hommes
de fraîche noblesse : Pierre Flotte, Guillaume de Nogaret,
Enguerran de Marigny. À l’extérieur, la paix fut faite avec les
Aragonais (1295). Charles de Valois épousa en compensation la
fille de Charles II d’Anjou et reçut Anjou et Maine. En Italie, ce
dernier dut céder la place aux Aragonais de Naples (1302). Du
côté anglais, après une saisie de la Guyenne, la paix fut faite par
le traité de Paris de 1303. En 1307, la Guyenne fut restituée et,
l’année suivante, Édouard II épousait Isabelle, fille de Philippe
le Bel. Le grand échec du roi eut lieu face aux Flamands qui
écrasèrent son armée à Courtrai en juillet 1302.Après la victoire
Mons-en-Pévèle, en 1304, la Flandre dut traiter. En juin 1305,
Robert de Béthune, comte de Flandre, dut s’engager à payer une
indemnité de 400 000 livres et à céder Lille, Douai et Béthune en
attendant le complet paiement de la somme. L’exécution du traité
faisantdifficulté,unnouvelarrangement futconcluàPontoiseen
1312 : ce fut le célèbre transport de Flandres. Tel fut le règne de
Philippe le Bel, âge sombre d’un premier absolutisme et d’une
première raison d’État. Par de sinistres moyens, le roi avait
continué la politique de saint Louis, dont le temps prit alors
dans la mémoire collective figure d’âge d’or.
21.
Maille tierce à l’O rond, n.d., 09/1306
, 4 3/8 d.t.,
(Ar, Ø 19 mm, 6 h, 1,63 g). (pd. th. 1,406 g, titre 958 ‰,
taille 1/174 marc, 12 d. A.R.).
A/
+ PhILIPPVS REX ; légende extérieure : + BHDICTV:
SIT: NOmEn: DOmInI, (ponctuation par trois besants superpo-
sés)
. (Philippe roi ; que le nom de notre seigneur Jésus-Christ
soit béni). Croix.
R/
TVRONVS (croissant)CIVIS
. (CitédeTours).Châteltournois
sommé d’une croisette coupant la légende à 12 heures. Bordure
extérieure de dix lis.
Cette maille tierce est frappée sur un flan irrégulier. Exemplaire
présentant d’assez hauts reliefs et recouvert d’une légère patine
grise. Des faiblesses de frappe.
C. 214 - L. 223b - Dy. 219D - Dh. 278.
TTB+
250 € / 350 €
Cet exemplaire porte DOMINI au droit.
Il existe de nombreuses variétés de mailles tierces à l’O rond
(ponctuations diverses, lis supérieur accosté de points). Ces
mailles tierces auraient été frappées jusqu’à l’année 1310.