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MONNAIES GRECQUES

EUROPE

SÉLINONTE (V

e

siècle avant J.‑C.)

Sélinonte fut fondée par des colons mégariens. Le nouveau monnayage débute après 466 avant J.‑C. au moment où Sélinonte

connaît une grande prospérité économique. L’agression contre Ségeste, en 413 avant J.‑C., provoqua l’intervention d’Athènes

en Sicile et la désastreuse expédition d’Alcibiade relatée par Thucydide dans la guerre du Péloponnèse. La cité sortit vainqueur

de cette première épreuve, mais ne put résister à l’invasion carthaginoise. La ville, assiégée, fut détruite en 409 avant J.‑C.

21.

Tétradrachme,c.417‑409AC.,

Sicile,Sélinonte,étalonattique,(Ar,Ø 27,5 mm,4 h,17,06 g).(pd. th. 17,28 g,24 oboles).

A/

Légende sous la ligne d’exergue

.

SELINONTION.

 (de Sélinonte). Quadrige galopant à droite, conduit par Artémis,

accompagnée d’Apollon bandant un arc.

R/

Le dieu-fleuve Sélinos, nu debout à gauche, tenant une phiale de la main droite et une branche de laurier de la main

gauche, sacrifiant au-dessus d’un autel orné d’un coq tourné à gauche ; derrière Sélinos sur une base, timbrée, un taureau

tourné à gauche surmonté d’une feuille de sélinon ; à l’exergue, un petit poisson à gauche (non visible sur cet exemplaire).

Exemplaire sur un flan très large et irrégulier, parfaitement centré des deux côtés, en particulier au droit. Magnifique quadrige

d’un style extraordinaire. Revers à l’usure plus importante au revers, légèrement tréflé et avec un coin légèrement bouché.

Belle patine de collection ancienne pour un exemplaire au pedigree prestigieux.

ANS.- - MIAMG. 4712 (R4) (15000€) - GC. 910 (2000£) - BMC. 44 - Ludwig 411 - Gulbenkian 247 - Rizzo- pl. 33/11. -W.

Schwabacher, Die Tetradrachmenprägung von Selinunt, MBNG. 43, 1925, 45 (cet ex.).

RRR. TTB+  / TTB

 9500 € / 20000 €

Cet exemplaire provient de la vente Hamburger 1894, n° 202, de la collection A. A. S. et de MONNAIES 47, n° 27.

Même coin de droit que l’exemplaire de la collection Ludwig (p. 119, n° 411) et que l’exemplaire de la collection Calouste

Gulbekian (pl. XXVI, n° 247) et que l’exemplaire reproduit dans l’ouvrage d’E. Montenegro (MIAMG., p. 824, n° 4712).

Sélinonte doit son nom épisème, au sélinon (feuille d’ache qui pousse sur les bords du Selinos) et qui ornait le monnayage

archaïque de la cité en souvenir de la feuille d’or que les Sélinontains avaient envoyée à Delphes comme dédicace. Le type

avec la feuille de sélinon disparaît vers 466 avant J.‑C. au moment où la Démocratie est rétablie dans la cité, marquée par

une grande période d’expansion économique, politique et militaire qui l’opposera notamment à Ségeste. La fabrication des

tétradrachmes ne commence pas avant 466 avant J.‑C. Notre exemplaire présente une rupture artistique complète avec la

période précédente. Le revers est occupé par le dieu-fleuve Hypsas ou Selinos offrant un sacrifice avec le rameau lustral et

une phiale, sacrifiant au-dessus d’un autel, peut-être de la Santé. La feuille de sélinon est reléguée au revers comme ornement

décoratif. Ce monnayage ne semble pas avoir survécu à la destruction de la ville. Le droit de ce tétradrachme semble célébrer

la victoire de Sélinonte sur sa rivale de toujours, Ségeste, en 417 avant J.‑C. D’autre part la représentation du droit est tout

à fait en osmose avec les types exceptionnels frappés en Sicile au tournant des V

e

et IV

e

siècles avant J.‑C. par de nombreuses

cités entre l’invasion athénienne et l’invasion carthaginoise qui déstabilisèrent l’île pour un long moment et dont Syracuse

sortit renforcée. Bien que non signé, le droit est indéniablement l’œuvre d’un graveur d’une grande maturité, d’un génie

artistique évident et d’une maîtrise technique indéniable. Le quadrige conduit par le couple divin Artémis/Apollon semble

comme suspendu dans l’air comme l’instantané d’une photo ! Le revers quant à lui fait certainement référence à Empedoklès,

philosophe et scientifique du milieu du V

e

siècle avant J.‑C. qui prescrivit et fit réaliser l’assèchement des rives du Sélinos

qui provoquaient des épidémies de fièvres pestilentielles (malaria). Il fut honoré par les Sélinontains et son culte associé à

celui d’Apollon dans son rôle prophylactique. Ce type de tétradrachme est l’un des derniers frappés avant la destruction

de la cité par les Carthaginois en 409 avant J.‑C. Cette œuvre d’art exceptionnelle s’inscrit peut-être dans un contexte

plus général, au moment où Sélinonte se trouve directement confrontée aux Carthaginois au cours d’un siège qui devait se

terminer par la destruction de la cité. Certains auteurs ont d’ailleurs voulu voir une homotypie de contiguïté entre ce type

et celui de Syracuse du maître (EY) frappés au même moment (Wealth of the Ancient World, p. 183). Il a même été avancé

que les tétradrachmes de Sélinonte auraient pu être frappés dans la métropole syracusaine. Ce tétradrachme serait alors le

témoignage vibrant de l’union politique et monétaire qui coexistait à ce moment là entre les Syracusains et les Sélinontains

au moment où une flotte commandée par le Général Hermokratès aurait porté secours à Sparte en 412 avant J.‑C. pendant

la guerre du Péloponnèse. L’autel se trouvait situé dans le sanctuaire de Sélinos qui était le patron de la cité. Le temple G

de Sélinonte, d’ordre dorique, le plus important du monde grec était dédié aux divins Jumeaux, Artémis et Apollon, vénérés

dans ce lieu ce qui justifie leur représentation au droit de cet exceptionnel témoignage de l’art grec classique.