TRÉSORD'APAMÉE SURL'ORONTE
Valeur du trésor
Le trésor d'Apamée avec 109 solidi et un poids de 478,46 g correspond
à
un pécule déjà important,
mais cinq fois important que celui de Nikertai et sept fois moins que celui de Bet She'an. Cependant
109 solidi, c'est une somme non négligeable qui correspond pratiquement
à
une livre et demie d'or
(1 10 solidi). Au début du Vile siècle, un esclave coûtait 30 solidi d'après Léonce de Naples. Un
domestique
à
Alexandrie, cité. par le même auteur, gagnait trois solidi/an, mais en plus il était nourri
par son patron. Toujours en Egypte, un ouvrier touchait quinze folles/jour, soit pratiquement 1/20' de
solidus. Pour se nourrir, le même ouvrier devait débourser un foll isljour. A Constantinople en 624, le
prix du pain est passé de trois
à
huit folles, mais nous sommes en période de crise et dans la capitale
de l'Empire byzantin où le niveau et le coût de la vie sont plus élevés. La monnaie byzantine, l'or en
particulier, était très appréciée en dehors de l'Empire et permettait de stipendier les mercenaires et
à
solder la balance commerciale extérieure, les produits de luxe en particulier.<
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Iconographie monétaire
Le trésor d'Apamée, en dehors des huit solidi de Phocas présente une grande
unité historique et iconographique. Les solidi de Phocas présentent le premier
empereur barbu de la longue série byzantine. Avant lui, le buste barbu était
réservé depuis le début du Ve siècle au nouvel empereur qui prenait le deuil de
son prédécesseur dans sa première émission. Phocas est donc le premier
souverain qui soit représenté barbu de face, couronné, vêtu du paludamentum
du général victorieux et tenant le globe crucigère. Au revers,
nous avons l'ultime représentation de 1'Ange de la Victoire,
apparu plus de cent ans auparavant. La Victoire s'est christianisée avec la
croix ou le chrisme.
Tous les successeurs de Phocas, présents dans le trésor appartiennent
à
la
dynastie des Héracliides, du nom de son fondateur, Héraclius (6 10-641) et
des empereurs
(BCl.m?..ecocr)
qui vont se succéder après lui, son petit-fils,
Constaos
11
(641-668) et le fils de ce demier, Constantin
IV (668-685).
La grande nouveauté du monnayage au début du VII•
siècle est l'apparition de la croix potencée posée sur deux, trois ou quatre
degrés et qui représente le Golgotha et la croix du Christ. Faut-il rappeler que
le souverain sassanide, Chosroès
li
(590-628) s'est emparé de Jérusalem en
6 14 et de cette fameuse croix, retrouvée par Hélène, mère de Constantin,
deux siècles plus tôt. Héraclius reprendra Jérusalem en 628 et récupérera la
relique, symbole de victoire (NtKCUCI.).
Héraclius, d'abord seul entre 610 et 613, est
repr~senté
barbu et seul au droit des solidi (n° 9 du
trésor), très proche de la représentation de Phocas. A partir de 613, Héraclius ne sera plus jamais seul.
Il est d'abord associé
à
son fi ls, Héraclius Constantin, né en mai 612.
li
est d'abord représenté comme
un enfant (n° 10 du trésor) entre 613 et 6 16, associé
à
son père avec une courolltle très élaborée. De
616
à
625, Héraclius porte une barbe épaisse et courte, tandis qu'Héraclius Constantin grandit tout
doucement, du petit enfant, il devient un jeune adolescent (n° 11-23 du trésor), tel qu'il apparaît aussi
entre 626 et 629 ou le buste d'Héraclius Constantin est plus mature et large
(11°
24-25 du trésor).
Entre 629-631, les bustes d'Héraclius et de son fils se modifient. Héraclius porte la barbe
longue, tandis que le buste d'Héraclius Constantin est maintenant porteur d'un léger duvet
i
(n° 26-3 1).
À
partir de 632, Héraclonas, né en 626, fils d'Héraclius et de Martiue, demi-
1·'
frère d'Héraclius Constantin est associé
à
l'Empire comme César ce qui entraîne une
•
modification dans la représentation du droit où les trois personnages sont représentés .
debout de face, Héraclius au centre, Héraclius Constantin
à
droite et
Héraclona~
à
gauche.
Le jeune César, entre 632 et 635, n'est pas couronné (n° 32-35 du trésor). A partir de
' ·
l'émission suivante et jusqu'à la fin du règne et la mort d'Héraclius le 11 janvier 641, les
trois empereurs sont représentés couronnés de face (n° 36-56 du trésor). En fait, la nouveauté vient
celte fois-ci du revers. Depuis 632, le monogramme d' Héraclius est venu enrichir le champ du revers
et va se compléter
à
partir de 636-637 d'une lettre numérale grecque pour l'indiction, système
complexe de datation basé sur un cycle de quinze ans.
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Évolution de la représentation d'Héraclius et ses ftls (détails des N°
146, 156, 162, 163,
t
72 etl79)
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