- 5 -
Au premier siècle,
Sol
fut assimilé, plus ou moins, à Apollon dans le Panthéon Romain, qui,
très ouvert, avait su accueillir dautres dieux comme Sérapis ou Isis. Mais à y regarder de plus près,
Sol
, en tant que culte officiel, saccommode assez mal avec Jupiter car, de par son assimilation
avec Apollon, il est sensé en être le fils. Or
Sol
est, par définition, une divinité
suprême
,
supérieure à toute autre.
Sol
ne peut sinsérer que dans un culte oriental polythéiste, voire
monothéiste. Il ne peut pas sinsérer dans le panthéon romain, au risque de contradictions, ou
alors tant que son culte nest que marginal.
Sol
prend donc une place particulière et sa position de
culte officiel fait quil remplace, à lui seul, tout un panthéon.
Ce quasi-monothéisme va permettre limplantation du christianisme dans les provinces les
plus païennes de lEmpire. Il est en effet plus facile de confondre un Dieu, unique et tout puissant,
avec un
Sol
suprême, quavec un panthéon tout entier.
Après lhumiliation de Valérien I
er
, après lapparition de ces usurpateurs tentant darracher la
pourpre impériale aux quatre coins de lEmpire, le statut de lempereur ne pouvait être le même.
Bafoué, deshonoré, le titre dempereur fut trop souvent galvaudé par de petits usurpateurs locaux.
Trop de prétendants au trône seraient capables de réduire à néant les efforts dAurélien qui a
réussi à réunifier le plus grand Empire du Monde. Aurélien doit rendre son autorité incontestable,
unique, afin que lui et ses successeurs naient plus à reconstituer un empire parti en miettes.
Le culte solaire va lui permettre dimposer sa suprématie. À limage du roi Perse, dont la terre
est le berceau du culte solaire, lempereur romain devient un dieu. De rares titulatures exaltent
Aurélien
«Deo et Domino Nato»
, Né Dieu et Maître.
La divinisation de lempereur, uniquement posthume auparavant, marque une nouvelle étape
importante pour le pouvoir impérial. De même que César avait préparé le chemin à Auguste pour
instaurer son
Principat
, Aurélien ouvre la voie dune nouvelle forme de pouvoir impérial : le
Dominat
, annonce prochaine du Bas-Empire, ou comme on préfère lappeler maintenant, de
lAntiquité tardive. Un ordre nouveau va naître.
Fait unique dans lHistoire de Rome, sa mort laisse place à un interrègne : durant près dun
mois, lEmpire neut aucun empereur, comme si aucun homme dans lEmpire, quel quil soit,
navait la stature pour lui succéder.
TRÈVESAVANTLYON
Latelier fonctionna peu de temps, probablement à la fin de lannée 274, avant quAurélien ne
rouvre les portes de latelier monétaire de Lyon en reprenant une partie du personnel de la
Monnaie de Trêves.
Les monnaies de latelier de Trèves sont
de la plus grande rareté. Seulement quatre
exemplaires sont connus. Elles ont été frap-
pées après la reconquête du nord de la Gaule
par Aurélien, quand les ateliers de Trêves et
de Cologne passèrent sous lautorité de Rome.
Elles marquent la fin de lEmpire Gaulois.
Le portrait est jeune, vêtu dune petite
cuirasse avec pan de paludamentum, et nest
pas sans rappeler les portraits de Tetricus I
er
.
Le style de ces monnaies rappelle celui des
aureliani
lyonnais, qui sont certainement
luvre des mêmes graveurs.
Lexistence dun atelier monétaire à Cologne fut longtemps supposée depuis les travaux
dElmer sur le monnayage frappé en Gaule. Récemment, ces rares monnaies, aux types de revers
CONS PRINC AVG (Aurélien couronnant un trophée) et RESTITVT ORBIS (un personnage
féminin couronnant Aurélien), ont été replacées à la troisième émission de latelier dAntioche,
peu de temps après la chute de lEmpire de Palmyre qui avait battu monnaie dans cet atelier.
Jérôme MAIRAT
Émission
IMP AVRELIANVS AVG
buste B avec pan de paludamentum
R/ PACATOR ORBIS - sans marque
Aurélien sacrifiant debout à gauche
2 exemplaires connus
IMP AVRELIANVS AVG
buste B avec pan de paludamentum
R/ VIRTVS AVG - sans marque
Mars debout à gauche
2 exemplaires connus
Description
1
re
émission
fin 274