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MONNAIES ANTIQUES D’AFRIQUE DU NORD

L

e silphium, (

silphion

en grec) est le type principal des monnaies de Cyrénaïque. C’est

le symbole du dieu Aristée, fils d’Apollon et de Cyrène.

Le silphium est une plante, du genre férule (

férulal

), aujourd’hui totalement disparue

et peut-être en voie d’extinction dès l’Antiquité (Pline). Le silphium, plante ombellifère, est

connue et utilisée dès la Préhistoire. Dans la tradition mythologique, c’est Apollon lui-même

qui aurait donné la plante aux habitants de la Cyrénaïque. Connu des Égyptiens, le silphium

avait son hiéroglyphe. Ernest Babelon indique que « cette panacée tant estimée pour ses vertus

curatives était une espèce d’

assa fœtida

 ; suivant d’autres, c’était la

thapsia garganica

, le

drias

des indigènes actuels de la Tripolitaine ». Il pourrait être aussi assimilé à la

ferula tingitana

,

sans certitude.

Le silphium était utilisé chez les Grecs et les Romains comme condiment (cité chez Apicius) et

comme plante médicinale. Il est souvent représenté sur le monnayage de l’ensemble des cités

de la Cyrénaïque dont Cyrène, Barcé et Hesperis. Sa production et sa vente étaient précieuses

pour la région. Il était censé valoir son poids en argent (Pline l’Ancien, HN., XIX, 15 ). La

partie la plus précieuse de la plante était sa résine (

laserpicium

) (Strabon).

« Cette plante est représentée en graine, en tige, bourgeon, en feuilles, en racine. Sur les pièces

les plus anciennes, on voit, de préférence, le fruit ou la graine dont la forme est celle d’un cœur

et la ligne qui en épouse le contour n’est autre chose que le profil de sa gousse ». E. Babelon

(Traité II, col. 1362).

Les usages thérapeutiques étaient nombreux : remède contre les douleurs, l’indigestion, la

fièvre, les maux de gorge, la toux. Mais sa principale utilisation était réservé à la contraception

naturelle. Théophraste (VI, 3), Dioscoride (III, 84) et Pline (HN. XIX, 3, 15) nous informent

que le

silphium cyrenaïcum

avait un fruit large et plat. Les anciens utilisaient toutes les parties

de la plante : racine, tige, feuille, fruit et suc.

Le silphium ne se développait que sur une bande côtière de la Cyrénaïque le long du golfe

de Syrte. La plante fut à l’origine de la richesse de la région et sa disparition progressive ou

soudaine (?) causa sa paupérisation.

Cette disparition est apparemment liée une surexploitation à l’époque romaine. La Cyrénaïque

devint une province romaine en 74 avant J.-C. À l’époque de Néron, Pline signale que le

dernier plant de silphium aurait été offert à Néron (HN. XIX, 15). Cela signifierait que cent

cinquante ans auraient suffi aux Romains pour faire disparaître une plante endémique de toute

éternité.

D’autres explications planent sur sa disparition : les animaux de boucherie nourris au

silphium auraient été recherchés pour la qualité particulière de leur viande, autre motif de

sur-consommation et d’éradication. Encore une fois, le goût du lucre l’aura emporté sur le

bien commun.

LE SILPHIUM : PREMIER DÉSASTRE

ÉCOLOGIQUE DE L’HISTOIRE !

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