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Bulletin Numismatique n°219 23 ce livre fondamental de numismatique lorraine ducale, il a complété ses études sur les monnaies de Metz et publié sur les monnaies mérovingiennes, carolingiennes et premières capétiennes. En 1842, il est élu membre de l’Institut de France (Belles-Lettres, AIBL). Il voyage en Méditerranée et en Orient, il s’intéresse aux hiéroglyphes égyptiens. Il est fait chevalier de la Légion d’honneur en 1844 et promu officier, seulement trois ans plus tard en 1847. Ces promotions exceptionnelles pour un homme jeune doivent sans doute beaucoup à son mentor Guizot, Premier ministre de fait à partir de 1840. La révolution de 1848 entraîne l’exil de Guizot mais celui-ci reste en contact désormais quasi amical, avec F. de Saulcy. Ce dernier se trouve rapidement un nouveau « chaperon » politique. Celui-ci est le prince Louis-Napoléon Bonaparte, élu président de la République en 1848, devenu empereur des Français en 1852 après le coup d’État du 2 décembre 1851. F. de Saulcy, dont la première épouse est morte en 1850, se remarie en décembre 1852 avec la jeune Mathilde de Billing (dix-neuf ans). Mathilde de Saulcy deviendra dame d’honneur de l’impératrice Eugénie que Napoléon III épouse en 1853. La même année voit la naissance de la fille des de Saulcy. Le fils du Duc Decazes, duc de Glücksberg, ancien premier ministre de Louis XVIII et président de la Chambre des Pairs sous Louis-Philippe, en est le parrain. Elie, duc Decazes, est le chef de la Franc-maçonnerie française dite « écossaise », autre obédience différente du Grand Orient de France auquel appartient F. de Saulcy. Decazes a fait entrer dans son obédience les grands notables du judaïsme français : le célèbre baron James de Rothschild, ainsi que le banquier Benedict Allegri et le célèbre avocat Adolphe Crémieux. La promotion de F. de Saulcy dans la Franc-maçonnerie. En même temps qu’il devient un personnage du second Empire que Napoléon III nommera sénateur en 1859, F. de Saulcy devient un dignitaire important du Grand Orient de France. Lié au prince Napoléon surnommé « Plon-Plon », ainsi qu’au prince Lucien Murat qui devient Grand Maître de cette obédience maçonnique, F. de Saulcy est élu le 15 mars 1854 Vénérable, c’est-à-dire président de la Loge maçonnique Saint-Lucien, loge personnelle du Grand Maître Lucien Murat, neveu de Napoléon III. De ce fait, par sa proximité avec Murat, F. de Saulcy devient de facto le n°2 du Grand Orient de France pendant quelque temps. F. de Saulcy restera un grand franc-maçon. Après la guerre de 1870 et le renversement de l’Empire, il s’investira au GODF dans les « hauts grades maçonniques » au sein de l’institution qui les gère, appelée Grand Collège des Rites. Toutefois, lorsque le GODF supprime en 1877 la référence à la croyance en Dieu, F. de Saulcy, fervent catholique, ne renouvellera pas sa cotisation annuelle au GODF à partir de 1879 et refusera des obsèques maçonniques à sa mort en 1880. La découverte du Judaïsme grâce à la Franc-maçonnerie Avant de s’intéresser à la numismatique judaïque ou juive, F. de Saulcy a publié à partir de 1839 plusieurs articles sur la numismatique arabe et orientale. Mais l’initiation des grands notables juifs à la Franc-maçonnerie à partir du règne de Louis-Philippe favorise les contacts de F. de Saulcy avec la communauté juive de France qu’il ne connaissait pas. Les voyages au Proche-Orient, notamment à Jérusalem, l’amènent à s’investir dans la numismatique de l’Israël antique. C’est ainsi qu’il publie en 1853 dans la Revue numismatique une lettre à L. de la Saussaye sur les monnaies de cuivre frappées à Jérusalem. L’année suivante, 1854, voit la publication de son remarquable ouvrage, les Recherches sur la numismatique judaïque. Puis il publie d’autres articles de numismatique dans la Revue numismatique avant de faire connaître en 1858 son Histoire de l’art judaïque tirée des textes sacrés et profanes. Ce petit livre est peu connu, notamment des numismates qui ignorent qu’à toutes les périodes de l’histoire juive étudiée, l’auteur signale systématiquement les émissions monétaires dont il a connaissance. L’insertion de ces aspects numismatiques dans la culture et la civilisation juives est fondamentale. Par la numismatique et la Franc-maçonnerie, le chrétien F. de Saulcy s’est ainsi affirmé, à son époque, comme un philosémite accompli et un apôtre bienveillant de la propagation du judaïsme. Il s’inscrit ainsi en contradiction avec A. Toussenel, connu comme antisémite confondant les Juifs avec le capitalisme qu’il combat. F. de Saulcy, personnage étonnant et rayonnant, ne cessera de susciter notre respectueuse admiration. Christian CHARLET BIBLIOGRAPHIE F. de SAULCY, Recherches sur la numismatique judaïque, Paris, 1854. F. de SAULCY, Histoire de l’art judaïque tirée des textes sacrés et profanes, Paris, 1858. F. de SAULCY, Les derniers jours de Jérusalem, Paris, 1866. Félix de Saulcy (1807-1880) et la Terre Sainte, Ministère de la Culture, Editions de la Réunion des musées nationaux, Paris, 1892. Christian CHARLET, un grand numismate, grand franc-maçon méconnu : F. de Saulcy, Cahiers numismatiques n°211, mars 2017, pp.51-57. F. DE SAULCY, LA NUMISMATIQUE JUDAÏQUE ET LA FRANC-MAÇONNERIE

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