cgb.fr

Bulletin Numismatique n°219 22 Le baron Louis-Félicien-Joseph Caignart de Saulcy (1807-1880), dit couramment Félix de Saulcy et qui signait F. de Saulcy fut, au XIXe siècle, un des personnages marquants de l’archéologie, de la numismatique, du Second Empire et de la Franc-maçonnerie. Pourtant, à vingt ans, F. de Saulcy semblait destiné à une autre existence. En effet, né à Lille le 19 mars 1807 de Félicien-Marie-Joseph Caignart de Saulcy, capitaine d’artillerie puis receveur principal de l’enregistrement à Lille, et de Marie Rose Suzanne Liaubon, originaire de Nîmes, F. de Saulcy se prédisposa d’abord à suivre la carrière militaire initiale de son père. Excellent élève, il intègre en novembre 1826, à l’âge de dix neuf ans et demi, la célèbre Ecole Polytechnique de Paris par Monge, le célèbre savant. F. de Saulcy sort de Polytechnique en 1828 pour être admis officier dans l’artillerie. Le 23 novembre 1828, il entre à l’Ecole d’application de l’artillerie et du génie à Metz en qualité d’élève sous-lieutenant. Metz était alors la place forte la plus remarquable et la plus importante de l’Europe, grâce au maréchal Fouquet, duc de Belle-Isle, membre de l’Académie française, petit-fils du célèbre Fouquet, le surintendant des finances de Louis XIV disgracié en 1661. Le maréchal de Belle-Isle, ministre de Louis XV, avait été pendant plus de trente ans, au XVIIIe siècle, gouverneur de la ville de Metz qu’il avait à la fois fortifiée et embellie. Le calembour « Saulcy… fait l’X » signifiant « Saulcy fait Polytechnique »1 l’amena à adopter le prénom de Félix et à signer systématiquement « F. de Saulcy ». Le jeune sous-lieutenant de Saulcy, affecté en 1831 à Dieulouard, se rappelle que dès l’âge de quatorze ans, il était déjà passionné d’archéologie 1 L’Ecole Polytechnique est couramment appelée l’X et les polytechniciens surnommés les X. L’ancien baccalauréat dit Mathématiques élémentaires (Math’ Elem’) était surnommé racine de X. et de numismatique. Il fait effectuer des fouilles sur un site romain qui lui apportent ses premières trouvailles. En 1832, il se marie et publie des trouvailles numismatiques, ce qui lui permet d’entrer à l’Académie de Metz fondée en 1760 par le maréchal de Belle-Isle. En 1834, il est distingué par François Guizot, alors ministre de l’Instruction publique et futur premier ministre de Louis-Philippe. Il est vraisemblable que le franc-maçon Guizot, protecteur de F. de Saulcy, sera son parrain en Franc-maçonnerie, ce qui permet d’expliquer le prodigieux parcours maçonnique de F. de Saulcy au sein du Grand Orient de France. Dès 1836, F. de Saulcy, qui est devenu adjoint au professeur d’artillerie à l’Ecole d’application de Metz, publie son premier ouvrage de numismatique, ses Recherches sur les monnaies des Evêques de Metz en même temps qu’il participe aux débuts de la Revue de la numismatique françoise, fondée en 1836 également par Etienne Cartier et Louis de la Saussaye. Parallèlement, il s’investit dans la Société française d’archéologie. F. de Saulcy est désormais lancé. Devenu capitaine en second en 1837 (il a trente ans), il reçoit le prix de numismatique de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres de l’Institut de France, se fait remarquer par le duc d’Orléans, fils du roi Louis-Philippe et prince héritier, publie son premier ouvrage consacré aux monnaies byzantines. En 1839 il est élu membre correspondant de l’Institut (Inscriptions et Belles-Lettres, AIBL) et apprend plusieurs langues orientales dont l’arabe, l’hébreu, le sanscrit, etc. Il commence à voyager à l’étranger et se perfectionne. En 1841, il devient conservateur du musée de l’Artillerie à Paris et publie ses remarquables Recherches sur les monnaies héréditaires des ducs de Lorraine, ouvrage qui reste encore aujourd’hui une référence incontournable, malgré l’ouvrage récent de Dominique Flon publié en 2002. Avant F. DE SAULCY, LA NUMISMATIQUE JUDAÏQUE ET LA FRANC-MAÇONNERIE F. de Saulcy par R. Corbin

RkJQdWJsaXNoZXIy MzEzOTE=