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MONNAIES ROYALES FRANÇAISES

excellent conseiller, prit un cours beaucoup moins favorable.

En 1152, Louis VII divorça d’Aliénor, qui ne lui avait pas

donné d’héritier mâle, perdant ainsi l’Aquitaine. Deux mois

plus tard, la reine déchue épousait Henri Plantagenêt, comte

d’Anjou et duc de Normandie, qui entrait en guerre contre le

roi de France. En 1154, à la mort d’Étienne de Blois, Henri

devenait roi d’Angleterre : le vassal était devenu plus puissant

que le suzerain. Dans les années qui suivirent l’Angevin mit

la main sur la Bretagne, soumit l’Écosse, arracha le Vexin

au roi de France. À partir de 1173, la guerre reprit de plus

belle entre Henri II et Louis VII, le roi favorisant la révolte

des fils de son vassal. Mais Henri mit bientôt à raison ses fils

impatients et l’empire angevin put continuer de s’accroître.

Le danger vint aussi de l’Empire et des ambitions de Frédéric

Barberousse, élu empereur en 1151 et qui voulait soumettre

l’Italie et le royaume d’Arles. Devant cet accroissement de

puissance, tout l’Est de la France risquait de passer sous la

tutelle germanique. Lors du schisme survenu après la mort du

pape Adrien IV, en 1159, le roi prit parti pour Alexandre III et

l’empereur pour Victor IV. En 1162, Alexandre se réfugia en

France, où il demeura jusqu’en 1165 : en 1163, il octroyait

à Louis la « rose d’or «, symbole de la justice et de la piété

de ce roi dévot et récompense de sa fidélité au Saint-Siège.

Encore une fois, c’est par une union intime avec l’Église que

la monarchie française réussit à prévaloir sur les empiétements

des rivaux anglais et allemands. Dans tout le royaume, le clergé

se faisait le relais du pouvoir royal et de sa légitimité. Par ce

biais, l’Auvergne, le Languedoc, le Dauphiné entraient peu

à peu dans l’orbite capétienne. En 1161, l’évêque de Mende

venait à Paris du lointain Gévaudan pour prêter hommage

au roi Louis. Habitants des villes et petits seigneurs suivaient

cet exemple : ainsi allaient être sapées les fondations des

principautés féodales. À l’intérieur de son domaine, Louis VII

avait fait de Paris une véritable capitale, achevé de soumettre

les châtelains de l’Ile-de-France, octroyé maintes chartes de

bourgeoisie et créé maintes villes neuves. En 1165, Adélaïde

de Champagne lui donnait un premier fils : le futur Philippe

Auguste. Le jeune prince fut sacré en 1179, un an avant la

mort de son père, et commença dès lors à régner effectivement.

18.

Denier, 1

er

type, n.d.,

Mantes, (Ar, Ø 20 mm, 11 h,

0,96 g).

A/

[●] LVDOVICVS REX

. (Louis, roi). Croix.

R/

mE[DV]N CASTRIV

. (Château de Mantes). Deux

annelets et deux croisettes annelées en cœur, posés en croix.

Cedenierestfrappésurunflanirrégulieretlarge.Exemplaire

présentant des faiblesses de frappe et recouvert d’une jolie

patine grise. La croix du droit apparaît en négatif au revers.

C.- - L. 123 - Dy. 112.

RRR. TB+

 180 € / 280 €

ExemplaireprovenantdelaventeParsydu11avril2012,

collection Baron Chaurand, lot n° 395.

L’atelier de Mantes, ouvert par Philippe I

er

après 1077,

lorsque Simon, comte de Valois lui céda le Vexin, frappa

monnaiemoinsd’unsiècle ;lesdernièresmonnaiesconnues

de cet atelier sont de Louis VII (1137‑1180).

17.

Denier, 2

e

type, n.d.,

Mâcon, (Ar, Ø 17 mm, 1 h,

0,88 g).

A/

+ PIIIPVS RX

. (Philippe, roi). Croix avec losange évidé

en cœur, cantonnée de quatre globules.

R/

+MATISCON, (légendecommençantà1heure)

. (Mâcon).

S accostée de deux globules.

Ce denier est frappé sur un flan assez large, irrégulier et

voilé. Exemplaire recouvert d’une patine grise hétérogène

présentant un petit éclatement à 1 heure au revers.

C.- - L. 86 - Dy. 81.

RR. TB  / TB+

 180 € / 280 €

Un nombre important de deniers (et oboles) de Mâcon est

apparu sur le marché numismatique il y a quelques années

avec des monnaies de Lons-le-Saunier et de Tournus. Une

fois de plus nous devons déplorer que ce dépôt monétaire

n’ai pas été étudié et que l’appât du gain ait incité plusieurs

professionnels à procéder à sa dispersion. Ce trésor semble

avoir été découvert au détecteur à métaux sur un site

archéologiquereconnudeFranche-Comté.Une foisdeplus

ils ont détruit un témoignage historique de premier ordre

qui nous aurait permis de mieux connaître les émissions

féodales de cette période et privé notre génération et les

suivantesd’importantsjalonschronologiques.Doit-onencore

employer le terme « numismate » pour des personnes se

livrant encore à de telles pratiques ?

LOUIS VII LE JEUNE

(01/08/1137‑18/09/1180)

Le règne de Louis VII commença sous les meilleurs auspices.

Sacré depuis 1131, duc d’Aquitaine par son mariage, le roi

jouissait d’une situation intérieure et extérieure des plus

favorables, la guerre civile faisant rage en Angleterre et dans

l’Empire. L’abbé de Saint-Denis, Suger, continuait de faire

figure de premier conseiller du monarque, comme il l’avait été

de son père. Les premières années furent cependant gaspillées

à une guerre stérile contre le comte de Champagne et à un

conflit long et embrouillé avec le pape pour la nomination

au siège archiépiscopal de Bourges. En 1145, le roi prit

l’initiative d’une seconde croisade, qui fut approuvée par le

pape Eugène III et prêchée par Bernard de Clairvaux, fondateur

de l’ordre cistercien. Louis VII entraîna avec lui ses grands

vassaux, laissant de fait la régence à l’abbé de Saint-Denis. À

l’invitation de saint Bernard, l’empereur Conrad III se croisa

à son tour. L’armée chrétienne prit la voie de terre en 1147,

traversa l’Empire byzantin et parvint à Antioche en 1148. Les

opérations menées contre les musulmans en Asie mineure et en

Syrie furent un complet désastre. Le roi regagna la France dès

l’annéesuivante.Malgrécetéchec,lasecondecroisadetémoigne

du prestige et de la puissance nouvelle du roi de France au

XII

e

siècle. Tandis que la croisade de 1095, signe du premier

renouveau de l’Occident, avait été le fait de l’Église et des

féodaux, Philippe I

er

y restant tout à fait étranger, celle de 1147

avait eu le roi de France pour chef, à égalité avec l’empereur.

Pour la première fois, un souverain français avait pu entraîner

une armée hors d’Europe et ses opérations s’étaient déroulées

sans que la monarchie en ressentît de dommage. Après la mort

de Suger, survenue en 1151, le règne de son maître, privé d’un