Bulletin Numismatique n°252 43 Philippe II pour Philippe III (or) Pour n’examiner que le royaume macédonien, il est, dès la mort d’Alexandre à Babylone en 323 avant J.-C., déchiré par les luttes intestines de la famille et de ses amis et compagnons (philoi) tandis que les cités grecques, depuis trop longtemps soumises, aspirent à recouvrer leur liberté avec des destins divers. Alexandre est décédé en laissant son épouse Roxane, princesse sogdienne, enceinte qui donne naissance à un fils, nommé Alexandre (IV) maintenant ainsi la fiction impériale, tandis que Philippe III Arrhidée, fils de Philippe II et demifrère d’Alexandre, devient roi alors qu’il n’a pas toute sa raison. Olympias, mère du conquérant, finira par faire assassiner Philippe et son épouse avant de tomber elle-même sous les coups de Cassandre, régent de Macédoine. Ce dernier se débarrasse ensuite du jeune roi et de sa mère en cachant sa disparition pendant un long moment. Alexandre pour Cassandre (4 dr) Si Antigone le Borgne (Monophtalmos) a pu un moment caresser l’idée d’une restauration de l’unité à son profit, aidé en cela par son fils Démétrios Poliorcète, sa mort sur le champ de bataille met fin à ce rêve tandis que son fils va passer les vingt années suivantes à régner par sauts de puce entre l’Asie Mineure, les Cyclades et sur la Macédoine avant d’aller mourir prisonnier de Séleucus Ier. Même Pyrrhus, le neveu malheureux du conquérant, roi d’Épire, va régner éphémèrement sur le Royaume avant d’aller chercher fortune en Italie du Sud et en Sicile, de connaître des victoires qui ne sont pas à sa gloire et d’aller trouver la mort sous les murs d’Argos en 272 avant J.-C., tué par une tuile lancée d’un toit. Entre temps, Cassandre devenu odieux aux yeux des Grecs et des Macédoniens, a fini par tomber victime de ses propres pièges. La disparition des Diadoques et Épigones pouvait laisser présager une réunification, du moins une pacification de cette région, mais c’était sans compter l’invasion des Galates (Celtes) qui dévastent tout de la Grèce à l’Asie Mineure pillant même le sanctuaire sacré pour les Grecs de Delphes et ses trésors. C’est finalement, le fils du Poliorcète (Démétrius, le preneur de villes), Antigone Gonatas (277-239 avant J.-C.), qui sauve et rétablit le royaume macédonien. Après l’intermède d’Antigone Doson, c’est Philippe V (221-179 avant J.-C.), fils de Démétrios II (239-229 avant J.-C.), qui lui succède. Ce roi jeune et ambitieux comme ses alter ego séleucide (Antiochus III) ou lagide (Ptolémée IV), va essayer de recouvrer l’héritage du génial conquérant. Mais ses choix, contre les états grecs, puis en préférant s’allier à la Carthage d’Hannibal, vont le voir s’opposer aux Romains qui lorgnent de plus en plus vers l’Orient depuis la fin de la première guerre Punique (263-241 avant J.-C.). La deuxième guerre Punique (218201 avant J.-C.) sera en quelque sorte le premier conflit mondial antique opposant les différents protagonistes. Les royaumes hellénistiques en sortent amoindris. Philippe V est finalement battu par les Romains de Flaminius à la bataille de Cynsocéphales. C’est la victoire de la légion sur la phalange et la fin de l’hégémonie grecque confirmée en 196 avant J.-C. par la proclamation de la liberté des cités grecques aux jeux Isthmisques (Corinthe). Les Romains feront de même après la Paix d’Apamée en 188 avant J.-C. contre Antiochus III, en favorisant le royaume Attalide de Pergame et les cités. Persée (4dr) Il ne reste plus qu’à jouer le dernier acte de cette longue tragédie. Persée (179-168 avant J.-C.) choisit de s’opposer aux Romains, poussé à la faute par ces derniers. La bataille de Pydna (168 avant J.-C.) met fin à l’hégémonie macédonienne tandis que la Grèce est partitionnée et la Macédoine découpée en quatre districts, marquant le début de la Provincialisation. Moins de vingt ans après, les Romains achèvent leur conquête en réduisant la Grèce et la Macédoine définitivement, avec notamment la destruction de Corinthe (146 avant J.-C.). Cette même année, les Romains, après un siège de trois ans détruisent Carthage. Rome est maître de la Méditerranée, mais c’est une autre histoire ! Marie BRILLANT & Laurent SCHMITT LA MACÉDOINE DE « L’ORBIS TERRARUM » À LA PROVINCIALISATION Amphipolis (4 dr)
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