Bulletin Numismatique n°252 42 Michel Prieur aimait à utiliser cette sentence empruntée à Aimé Césaire (1913-2008) : « Un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir ». Il la complétait parfois par : « Les civilisations sont mortelles » inspirée de la citation de Paul Valéry (1870-1945). Pourquoi ces deux phrases accolées, sans rapport immédiat au premier abord ? Et que vient faire la Macédoine dans cet article, circonscrite entre la domination universelle et la mise sous tutelle ? C’est à cette question que nous allons essayer de répondre succinctement en utilisant les monnaies et l’Histoire dont nous connaissons la chute ! Philippe III (4 dr) En 359 avant J.-C., quand Philippe II de Macédoine (382336 avant J.-C.) prend le pouvoir, la Macédoine dont il est le souverain, descendant des Argéades (héritiers d’Héraklès), est un petit royaume aux portes de la Grèce. En moins de deux décennies, il soumet l’ensemble de l’Hellade et peu de temps avant son assassinat, après avoir écrasé Thébains et Athéniens à Chéronée en 338 avant J.-C., en devient « l’hegemon » (le chef) en vue de la guerre de revanche qu’il compte accomplir contre l’empire Achéménide. Alexandre III (or) Alexandre III (4dr) C’est son fils, Alexandre (356-323), qui va accomplir cette mission dans un « rêve dépassé » (selon Jacques Benoist Méchin, 1901-1983). Entre 334 avant J.-C. (bataille du Granique) et juin 323 avant J.-C., il conquiert l’ensemble des possessions de Darius III de l’Asie Mineure et la Phénicie à l’Égypte, de la Babylonie et la Parthie à la Bactriane, poussant jusqu’aux rives de l’Hyphase et de l’Indus. Il laisse un empire hellénophone, « colosse aux pieds d’argile » (prophète Daniel) qui finalement ne lui survit pas. Alexandre pour Antigone le Borgne (4 dr) Incapables de maintenir l’unité impériale, ses successeurs Diadoques et Épigones se livrent à une lutte fratricide et implacable pendant plus de quatre décennies (323-281 avant J.-C.), où peu d’entre eux meurent dans leur lit, mais plutôt sur le champ de bataille : Antigone le Borgne, en 301 avant J.-C. à Ipsos ou Lysimaque à Couroupédion en 281 avant J.- C., quand ils ne sont pas assassinés ou empoisonnés. De cet empire à la vision universelle dont Alexandre avait rêvé et qu’il avait modelé à son image, souvent au mépris des peuples conquis et assimilés avec pour résultat le prix du sang, sur ces ruines se bâtissent trois grandes entités qui vont régir les destinées du monde grec hellénistique (selon l’expression de Johann Gustav Droysen (1808-1884) : Les monarchies Antigonides, Séleucides et Lagides, prétendant toutes à l’héritage du divin conquérant dont les rois se sont disputés la dépouille momifiée avant de finir à Alexandrie dans un mausolée (Sôma). Philippe III (4dr) LA MACÉDOINE DE « L’ORBIS TERRARUM » À LA PROVINCIALISATION Amphipolis (4 dr)
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