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Bulletin Numismatique n°252 44 Dans la prochaine Live Auction du 3 juin 2025, une pièce de Hiéron II pour son épouse Philistis a retenu notre attention. Elle n’est pas sans rappeler le numéraire frappé par Ptolémée II Philadelphe (285-246 avant J.-C.), fils de Ptolémée Ier Soter, fondateur de la dynastie lagide qui devait présider aux destinées de l’Égypte jusqu’à Cléopâtre VII Thea (51-30 avant J.-C.). Agathoclès, tyran de Syracuse (317-305 avant J.-C.), roi de Sicile (305-289 avant J.-C.) avait épousé Théoxéna, fille d’Eurydice et de Ptolémée Ier Soter. Il était donc le beau-frère de Ptolémée II, fils de Bérénice Ière, demi-soeur de Théoxéna et avait lui même épousé sa sœur, Arsinoé II. Les liens entre l’Égypte lagide et la Sicile étaient donc indéniables et peuvent faire le lien entre le monnayage posthume de la reine lagide et celui de la femme de Hiéron II. SICILE – SYRACUSE – HIÉRON II (C. 275-215 AVANT J.-C.) Tyran de Syracuse (c. 275-269/5 avant J.-C.) Roi de Syracuse (c. 269/5 – 215 avant J.-C.) Monnayage au nom de la reine Philistis (240-216 avant J.-C.) Vers 270 avant J.-C., Hiéron avait épousé Philistis, une descendante de Denys l’Ancien (405-367 AC.), tyran de Syracuse. Hiéron prétendait avoir pour ancêtre Gélon luimême (485-478 AC.), fondateur de la puissance syracusaine. Officier de l’armée de Pyrrhus, il remplaça le roi après son départ en 274 avant J.-C. et, pendant son très long règne, essaya de maintenir un équilibre difficile entre les Romains et les Carthaginois. Après la fin de la première guerre Punique en 241 avant J.-C., la Sicile devint romaine et les jours de Syracuse furent comptés. 16 Litrai, Syracuse, c. 218-215/4 avant J.-C. (Ar 13,57 g, 27 mm, 1h) (étalon syracusain, poids théorique : 13,95 g, 31/5 drachmes ou 191/2 oboles) A/ Anépigraphe Tête voilée et diadémée de Philistis à gauche ; derrière, une couronne ; un thyrse dans le champ à droite. R/ΒΑΣΙΛΙΣΑΣ// ΦΙΛΙΣΤΙΔoΣ (Reine Philistis). Niké dans un quadrige au pas à droite, tenant les rênes ; un croissant au-dessus ; dans le champ à droite, une lettre [A]. BMC 554 – MIAMG 5035 – SNG ANS 876 – HGCS 2/ 1556 M. Caccamo Catalbiano, B. Carroccio, E. Oteri, Siracusa ellenistica ; le monete « regnali » di Ierone II, della sua famiglia e dei Siracunasi, Messine, 1997 (D 15 – R/ 21) Superbe monnaie sur un flan idéalement centré des deux côtés. Très beau portrait au droit, bien venu à la frappe. Joli revers, finement détaillé. Patine grise avec de légers reflets dorés. Très rare. SUP 2 200€/ 4 200€ Exemplaire de mêmes coins que celui du SNG ANS, pl. 28, n° 876 et que ceux des ventes du Dr. Busso Peus Nachfolder 430, 2022, n° 30 = UBS 52, 2001, n° 26 et que Nomos, 14, 2017, n° 73 Ce monnayage présente des liens de parenté avec celui de Ptolémée II Philadelphe pour sa femme et sœur Arsinoé, décédée vers 270. Dans le système syracusain, une litra vaut les 6/5 de la drachme de 4,32 g d'étalon attique. Le poids théorique de la litra est d'environ 0,87 g. Pour les pièces de 16 litrai, il existe deux séries différentes. Notre pièce appartient à la deuxième série avec un quadrige au pas (HGCS 2/ 1556 = Catalbiano n° 91-219) au lieu du quadrige bondissant de la première émission (HGCS 2/ 1554 et 1555) mais aussi avec le quadrige galopant à gauche (HGCS 2/ 1553). Pour notre type (HGCS 2/ 1556, Oliver D. Hoover, a recensé plusieurs variétés, tant pour le droit que pour le revers qui constitue la partie la plus importante du monnayage. Outre le petit thyrse, placé derrière la tête de Philistis, nous rencontrons d’autres symboles comme : la double corne d’abondance qui n’est pas sans rappeler le symbole lagide, le grain de blé, la palme, la lance, l’étoile, la Tyché ou la couronne. Tandis qu’au revers, nous avons un croissant, une étoile ou rien du tout accompagné de lettres grecques. Plutôt que l’étalon syracusain basé sur la litra, certains auteurs pensent que ce type serait directement inspiré par le monnayage ptolémaïque avec l’étalon lagide ? Le monnayage au nom de Philistis ne débuterait pas avant 240 avant J.-C. Il prendrait fin avec la mort de Hiéron II en 215 avant J.-C., et pourrait même se prolonger sous celui de son petit-fils Hieronymus, assassiné en 214 avant J.-C., avant que Syracuse ne tombe aux mains des Romains de Marcellus après un long siège, et ce malgré le soutien des machines de guerre d’Archimède en 212 avant J.-C. Le monnayage fut important et abondant, en particulier pour notre type (HGCS 2/ 1556). Cependant notre type semble plus rare avec le thyrse (symbole de Dionysos) comme symbole. Marie BRILLANT & Laurent SCHMITT MONNAYAGE AU NOM DE PHILISTIS INSPIRÉ DE CELUI D’ARSINOÉ II

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