cgb.fr

Bulletin Numismatique n°234 48 Sur chacune de ses faces, la pièce de 20 francs or Marianne Coq est bordée par un listel constitué d’oves séparés par un motif fait de trois dards (un dard central vertical flanqué de deux dards latéraux courbes). Sur l’avers de la pièce qui affiche Marianne, le listel comporte 49 oves tous semblables les uns aux autres. Par contre, sur le revers orné du coq, il n’y en a que 48. Détail supplémentaire intrigant : ces 48 oves ne sont pas identiques. En effet, l’un d’entre eux est remarquablement plus petit que les 47 autres, d’un facteur d’ordre 2 à 3. Il s’agit de l’ove n°31 (pour la numérotation, on attribue arbitrairement le numéro 1 à celui situé exactement au-dessus du I de EGALITE, et on incrémente dans le sens horaire) : Il y a probablement une bonne raison à cette importante différence de taille mais la littérature spécialisée est muette à ce sujet. Peut-être la nécessité de laisser assez de place pour permettre une gravure suffisamment fine des griffes de la patte droite du coq ? On note que cette particularité de l’ove n°31 est présente sur toutes les pièces de 20 francs Marianne Coq, depuis 1899 jusqu’à 1914. On l’observe même sur des faux d’époque non chinois (russes, italiennes, libanaises…). En fait, même s’il existe quelques rares faux d’époque non chinois eux aussi concernés, la grande majorité des pièces sur lesquelles on ne l’observe pas sont des contrefaçons modernes d’origine chinoise. En outre, sur ces faux, le listel des faces avers et revers comporte le même nombre d’oves : tantôt 48, tantôt 49 (selon l’atelier de contrefaçon) ! Il suffit d’aller faire un tour sur l’un de ces sites pour le constater : Avec ces deux particularités (même nombre d’oves sur les deux faces et surtout ove 31 face Coq de taille non réduite), on tient sans doute là un bon moyen supplémentaire de repérer les contrefaçons modernes de ce pays. Toujours au sujet de ces contrefaçons, et ce n’est pas accessoire, on voit souvent écrit qu’elles seraient fabriquées par moulage à partir d’une pièce originale authentique, d’où la reproduction des mêmes rayures et diverses imperfections sur toutes les copies. Mais si on admet cette hypothèse, pourquoi l’ove 31 n’est-il pas lui aussi reproduit à l’identique de la pièce originale ? Et pourquoi y a-t-il le même nombre d’oves sur les deux faces de la pièce ? Tout cela suggère que le mode de fabrication des copies n’est pas uniquement et simplement un moulage. Il y a sans doute autre chose. Reste à déterminer quel autre procédé technique est utilisé : combinaison d’un moulage pour le centre de la pièce et d’une pseudo-gravure pour le listel ? Utilisation pour le moulage de flans préalablement pseudo-gravés d’un même listel générique « parfait » ? CONCLUSION : Le listel des 20 francs or Marianne Coq est différent pour les deux faces de la pièce : il comporte 49 oves pour l’avers et seulement 48 pour le revers. En outre, le listel du revers présente une particularité intrigante : l’ove n°31 est nettement plus petit que tous les autres, d’un facteur environ 2 à 3. La littérature spécialisée consultée est muette à ce sujet. On peut avancer l’hypothèse d’un acte délibéré du graveur (Patey ou Chaplain ?) afin que la gravure des griffes de la patte droite du coq soit suffisamment fine et correctement rendue. Cette hypothèse est cependant mise à mal par l’examen des contrefaçons modernes d’origine chinoise : l’ove n°31 y apparaît en effet de même taille que les autres, ce qui n’empêche pas un affichage presque normal des griffes du coq, la finesse de la gravure en moins bien entendu. Accessoirement, le listel des faux modernes d’origine chinoise : - comporte le même nombre d’oves sur les deux faces de la pièce (48 ou 49 selon l’atelier de contrefaçon) ; - la taille de l’ove 31 du listel du revers est identique à celle des autres. Ces deux dernières constatations impliquent que le procédé de copie utilisé ne peut pas se résumer à un simple moulage à partir d’une pièce originale authentique… Alors, quel procédé technique utilisent vraiment les contrefacteurs chinois ? Jean-Luc GRIPPARI L’OVE 31 DU LISTEL DU REVERS DE LA 20 FRANCS OR MARIANNE COQ

RkJQdWJsaXNoZXIy MzEzOTE=