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Bulletin Numismatique n°231 46 Distribution des drapeaux à la Garde nationale, 29 août 1830. Bouvet, Louis-Charles, Graveur en médailles – Médailleur. En 1830. Musée Carnavalet, Histoire de Paris Distribution des drapeaux à la Garde nationale, 29 août 1830. Bouvet, Louis-Charles, Graveur en médailles – Médailleur. En 1830. Musée Carnavalet, Histoire de Paris Medaille Louis-Philippe Garde nationale 1830 Caqué, collection Baron Desnoyers © Winnumis A/ FERDINAND – DUC D’ORLEANS. Buste à droite de Ferdinand d’Orléans, au-dessous signature CHAVANNE. Source : archive Inumis R/ LES DRAPEAUX DISTRIBUÉS A LA GARDE NATIONALE. Drapeaux en sautoir, au-dessous LYON/ 19 9re 1830.Bronze. 16,28 g. 32,0 mm. 6 h. Source : archive Inumis Sur le plan financier, de la même façon, la montée en puissance de la garde s’accompagne d’un accord, parfois âprement disputé, sur une augmentation du budget alloué. Ainsi, le 5 septembre 1831, un complément très substantiel de 14 268 F est demandé, en sus des 21 400 F accordés initialement, au titre des dépenses ordinaires. « Seulement » 7408 F sont accordés – ce qui constitue malgré tout une augmentation assez substantielle de 33 %. Au cours des années, du reste, le budget est en progression constante : il passe de 19 625 F en 1830 à 42 960 F en 1831, puis 49 960 F en 1832, et 54 150 F en 1833. La place des forces armées, aussi bien Garde nationale que troupes régulières, est considérable à Nantes – les frais de casernement pour 4 escadrons de cavalerie, avec 500 hommes et 400 chevaux, suscitent par exemple des débats animés et des propositions diverses pour leur prise en charge partagée avec l’État, lors de la séance du 2 novembre 1832. De fait, la ville de Nantes vit – ou pense vivre - sous une sorte de double menace : à l’extérieur de la ville, pèse le risque militaire représenté par une armée légitimiste, « de chouans », éventuellement appuyés par un pays tiers – on pense évidemment à l’Angleterre. En juin 1793, Nantes a manqué d’être prise, et doit son salut à la blessure mortelle de Cathelineau et la mésentente entre chefs vendéens, ce dont la mémoire collective se souvient assez précisément. Comme au siècle précédent, la chute de cette ville représenterait un coup logistique et symbolique de premier plan. À l’intérieur, le courant légitimiste est aussi très puissant, et bien enraciné, de longue date – l’édification d’une rare statue de Louis XVI en 1823, sur la place du même nom, en est un témoignage clair. Pris de court par les événements de juillet, il s’organise rapidement. Il publie un journal, intitulé l’Ami de l’Ordre6, dont le titre fait clairement contrepoint à l’Ami de la Charte, quotidien libéral. On sait aussi que la cité ligérienne est un des lieux d’impulsion de la rébellion légitimiste, puisque le comité nantais en occupe une place centrale. À hauteur de nantais de l’époque, la tension doit être palpable, ces derniers étant pris dans un conflit d’abord idéologique et symbolique d’une formidable intensité. De fait, les camps libéraux et légitimistes se font face dans un minuscule périmètre. Sur tous ces aspects, Nantes condense et rassemble ce qui est alors à l’œuvre dans ce Grand Ouest sous haute tension. LA DERNIÈRE DES GUERRES DE VENDÉE Car l’accession au trône de Louis-Philippe passe particulièrement mal dans une grande partie du Grand Ouest. Sur cette terre acquise aux Bourbons, les légitimistes expriment une défiance envers Louis-Philippe, fils de PhilippeÉgalité, vu comme le responsable du régicide de 1793. Dans son ouvrage, la Dernière Guerre de Vendée, la duchesse de Berry et les légitimiste 1830-1840, Laurent Morival dresse un tableau éclairant et détaillé de la situation en Vendée, et au-delà, dans les départements de l’Ouest, à compter de 1830. Avant même la tentative de soulèvement fomentée par la Duchesse de Berry, et comme à Nantes, l’ambiance est houleuse, parfois électrique, dans cette Vendée militaire et rurale. Des actes de violence ont lieu, commis par des bandes plus ou moins organisées. Les jeunes gens refusent la conscription ou désertent – les taux doublent, voire quadruplent parfois dans certaines zones du Grand Ouest, atteignant jusqu’à 20 % dans le Morbihan ou 19 % en Vendée en 1830 (respectivement 7 et 5 % en 1829)7. 6 223 numéros, de décembre 1830 à juin 1832 7 MORIVAL L La Dernière Guerre de Vendée. La duchesse de Berry et les légitimistes, 1830-1840 La Crèche La Geste 2020, p.438 LES 3 GLORIEUSES À NANTES, LES MÉDAILLES ANNIVERSAIRES DE 1831 ET 1832 ENTRE COMMÉMORATION ET PROPAGANDE POLITIQUE- PARTIE 3

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