Bulletin Numismatique n°225 26 Le Collège de France est une prestigieuse institution fondée en 1530 par François Ier sous l’influence du savant humaniste Guillaume Budé (1467-1540), alors Maître des requêtes au Parlement de Paris. Situé dans le Ve arrondissement de Paris, il est organisé autour de chaires dans les domaines très variés des sciences, des lettres et des arts. C’est un lieu où la recherche est regroupée au sein de laboratoires et d’instituts. C’est également un lieu d’enseignement ouvert à tous et gratuit. 58 chaires, 10 Prix Nobel et 4 Médailles Fields illustrent son excellence reconnue internationalement. Une fondation, créée en 2008, soutient ses actions de recherche et de transmission des savoirs (1). Il nous semble opportun de préciser qu’en 1908 est créée une première chaire dédiée à la numismatique, la Chaire de Numismatique de l’Antiquité et du Moyen Âge, sous la direction d’Ernest Babelon. Cette chaire fait suite à une donation, en 1902, de Charles Ephrussi, représentant de la Gazette des Beaux-Arts, qui avait permis la fondation d’un cours complémentaire de numismatique et glyptique assuré par Ernest Babelon. Cette première chaire sera suivie en 1924 par celle de Numismatique de l’Antiquité de Théodore Reinach, elle-même suivie par celle d’Henri Breuil sur la préhistoire. Fig 1 : avers de la médaille ©collection privée Fig 2 : revers de la médaille ©collection privée À l’occasion des quatre cents ans de sa fondation, l’institution commande à la Monnaie de Paris, en juin 1929, la frappe et la livraison de 500 médailles commémoratives en bronze « moneta » et 10 en argent (2). Les Archives du Collège de France possèdent un dossier sur cette médaille qui nous permet de suivre sa réalisation. La médaille, en bronze, que nous présentons ici, a un diamètre de 68 mm, un poids de 143,90 g, la tranche lisse avec poinçon corne et BRONZE. À l’avers on trouve un buste à gauche de l’allégorie de la Science tenant un flambeau et la titulature SCIENTIA. (Fig1) Au revers, la statue de Guillaume Budé en pied (1467-1540) par Maximilien Louis Bourgeois. Comme titulature MDXXX - MCMXXX / QUATRIÈME - CENTENAIRE / DE LA - FONDATION / DU COLLÈGE - DE FRANCE // et sous la statue G. BUDÉ. (Fig2) La création de la médaille est confiée au graveur Pierre Turin âgé de 38 ans (1891-1968). Après avoir suivi les enseignements de l’Ecole des beaux-arts de Paris, il remporte, en 1920, le premier Grand Prix de Rome de gravure en médailles. En 1929, il crée un nouveau type de monnaie, à la tête de Marianne portant le bonnet phrygien ceint d’une couronne d’Olivier à l’avers et aux épis de blé au revers. Le type « Turin » sera utilisé pendant de nombreuses années, jusqu’en 1949 pour les pièces de dix francs et jusqu’en 1939 pour les vingt francs (3). Fig 3 : Courrier de Pierre Turin ©Collège de France. Archives Pierre Turin doit remettre une maquette de la médaille le 1er mars 1930 au plus tard pour une livraison au 15 juillet de la même année. Suggestion lui est faite de réserver au-dessous de la statue de Guillaume Budé une plinthe pour graver le nom d’une personne à qui on l’offrirait. Dans un courrier du 22 janvier 1930, Pierre Turin refuse car « cela nuirait à la composition de la médaille ». En effet, un cartouche est déjà prévu avec écrit G. BUDÉ (4). Par ailleurs, la gravure prend du retard. Aussi est-il menacé, par courrier reçu à son domicile, de considérer cette commande annulée s’il n’y remédie pas. Dans un courrier daté du 12 mars 1930, Pierre Turin admet le retard et promet d’y remédier et de terminer la médaille sous dix jours, ce qui « laisse largement le temps pour l’exécution de l’outillage et la frappe de la médaille» (Fig 3). Le 16 octobre 1930, Monsieur Dally, directeur des Monnaies et Médailles, informe Monsieur Joseph Bédier, alors administrateur du Collège de France, que, suite à un accident de fabrication, la livraison est retardée d’une quinzaine de jours. Nouveau courrier le 13 décembre : les instruments de frappe sont terminés et la frappe a commencé. La livraison est prévue sous un mois. LA MÉDAILLE DES 400 ANS DU COLLÈGE DE FRANCE
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