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Bulletin Numismatique n°224 21 Au XIIIe siècle, le denier devient denier tournois (frappé à Tours) et l’emporte en usage sur le denier parisis, produit à Paris ; mais au fil du temps et des multiples dépréciations de la monnaie royale il n’est bientôt plus en apparence qu’une modeste pièce de cuivre. La Révolution et la création du franc lui sont fatales. À noter que de nos jours, l’expression « denier de l’Église » qualifie la contribution volontaire des fidèles à l’entretien des biens de l’Église catholique et à la rémunération de ses ministres du culte. • LE DOUBLE TOURNOIS. - Le double denier tournois, appelé communément double tournois, est une ancienne monnaie d’une valeur de deux deniers tournois émise par les rois de France à partir de la fin du XIIIe siècle. Celle-ci s’insère dans le système tournois : six doubles tournois forment un sou tournois. Vingt sous tournois constituent une livre tournois. Le double tournois a été frappé pendant plusieurs siècles, de Philippe le Bel à Louis XIV. On peut distinguer deux périodes de production des doubles tournois : - la période médiévale et post-médiévale, où le double tournois est une monnaie de billon produite à la main. La création du double tournois permet à Philippe le Bel de trouver rapidement des ressources à bon compte. En effet, le double tournois ne représente pas pondéralement la valeur de deux deniers tournois qu’il affiche avec la légende Moneta Duplex. Le double tournois pèse de 0,9 g à 1,3 g, alors que le denier tournois a un poids de l’ordre de 0,9 g à 1,1 g. - La période d’Henri III à Louis XIV où le double tournois est une monnaie de cuivre pur réalisée à l’aide de moyens modernes de production. Grâce au cuivre de Suède, le double tournois est fabriqué en quantités très importantes. Il s’agit alors d’une monnaie d’un poids officiel de 3,138 g qui présente au droit le nom, la titulature et le portrait du roi et, la plupart du temps, le millésime et une lettre désignant l’atelier émetteur. Le revers arbore au centre dans le champ trois fleurs de lys et indique la valeur « Double Tournois » en français. En parallèle, des deniers tournois de module plus réduit, à deux fleurs de lys, sont également frappés. • LE DOUZAIN. - C’est le nom d’une monnaie française créée par Charles VII et appelée grand blanc (à ne pas confondre avec le gros blanc). D’une valeur de 12 deniers (d’où son nom), il équivalait alors à un sol et sa composition était en billon et non en argent plein. Son titrage évolua au fil des années, passant de 4 à 3 parties d’argent. Bien que composé principalement de cuivre, on ne pouvait le confondre avec la pièce d’un sou. Cependant, à l’usage, la couche d’argent finissait par s’élimer ou s’éroder, le titrage étant parfois inférieur à 25 % d’argent contre 70 % de cuivre et 5 % de plomb. De petite taille, le douzain portait comme motif, d’un côté une croix, de l’autre les armes de France. Le douzain fut fabriqué jusqu’à la réformation instituée par Louis XIII puis interdit à l’usage sous peine d’amende par une ordonnance de Louis XIV le 16 septembre 1692. Entretemps, son pouvoir libératoire avait été limité à de petites sommes, inférieures à dix livres tournois. • LE GROS BLANC. - C’est une monnaie d’argent française frappée sous le règne de Jean II le Bon (1319-1364). Son diamètre était de 28 millimètres, son poids de 4,532 g. Il présentait au revers la légende : Francorum Rex, soit : roi des Francs. • LE TESTON. - Le teston est une ancienne monnaie française d’argent créée par Louis XII par l’ordonnance du 6 avril 1514 et confirmée sous François Ier par l’ordonnance de 1540. Il s’agit de la première monnaie lourde d’argent frappée en France. D’après le lexicographe Richelet, le teston est une pièce d’argent qui équivaut à dix sols et quelques deniers et dont la particularité est de présenter sur l’un de ses côtés le portrait du souverain, d’où son nom (de l’italien testone signifiant « tête »). Son poids est de 9,54 g. Les premiers testons ont été fabriqués en 1450 à Milan par les Sforza qui rétablirent ainsi l’usage initié par la Rome antique de faire figurer le portrait du souverain sur la monnaie. En devenant duc de Milan en 1504, Louis XII se réappropria cet usage pour les monnaies françaises, tandis que des testons milanais circulèrent en Provence et dans le Dauphiné. Les testons furent frappés sous Henri II, Charles IX (où son cours monta à 14 sols) et Henri III, lequel fit suspendre leur fabrication en 1577 pour les remplacer par des quarts et huitièmes d’écu mais aussi des francs en argent. Ils furent démonétisés sous Louis XIII en 1641, son cours équivalant alors à 19,5 sols. Il a également été frappé des testons en Lorraine, en Suisse, dans le duché de Savoie, au Portugal, en Écosse, et même au… Brésil. • DE L’ÉCU D’OR AUX 50 FRANCS D’ARGENT. - 1263 : Création de l’écu d’or sous le règne de Louis IX, dit Saint Louis. LA SECONDE ÉDITION DE « LA PETITE HISTOIRE DES MONNAIES » (SEGNAT)

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