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Bulletin Numismatique n°208 29 LA PESTE JAUNE DE BARCELONE-1821 de l’époque ne savait rien de ce mal médié par un moustique et ne connaissait aucun traitement. Il aura fallu infliger à ces malheureux des saignées, des lavements et des fumigations… Pourtant ils furent accueillis à leur retour en France comme des héros et des bienfaiteurs de l’humanité… justifiant la création d’articles, de romans, de pièces de théâtre, de poèmes, d’odes, de médailles, de monuments… L’intérêt soulevé en France par l’épidémie de Barcelone était, pour l’époque, assez inhabituel. Début octobre, on compte chaque jour plus de 200 morts. Dès le 11 octobre, on évacue la ville, les survivants sont ins- tallés dans des baraquements en dehors de la ville. En no- vembre, l’épidémie commence à s’éteindre et le 24, les survi- vants pour remercier Dieu lui adresse un Te Deum. Un mois plus tard, avec les premiers froids, il n’y avait plus de malades et le port put reprendre son activité pour la Noël 1821. Nous ne savons pas exactement combien de personnes sont mortes victimes de cette épidémie. Nous ne disposons pas de statis- tiques fiables et le recensement des décès à l’hôpital s’avère incomplet. On avance le chiffre de 20 000 morts pour une population de 120 000 âmes. Très vite, naturellement, on en vient aux règlements de compte habituels, on dénonce la responsabilité des uns et des autres. La politique s’en mêlant, on met en charge le gouver- nement libéral du roi Ferdinand VII. L’Eglise voit dans l’épi- démie la conséquence directe du « relâchement des mœurs » et la « punition de Dieu »… En 1820, Ferdinand VII, roi d’Espagne, avait été obligé d’ac- cepter une Constitution libérale. C’est dans cet Etat que de nombreux opposants politiques (bonapartistes, républicains, carbonari…) trouvèrent refuge. Ainsi, aux portes de la France se trouvait un « pays malsain de libéralisme », un danger, un « foyer de révolution ». Louis XVIII profita de cette « oppor- tunité » pour confondre une intervention sanitaire contre « la peste jaune » avec le dessein d’éradication de « la peste révolu- tionnaire » en préparant l’invasion de l’Espagne pour y réta- blir l’absolutisme, ce qui arriva en 1823… Très injustement, la médecine française, la « médecine mo- derne » sortent glorifiées de ce grand malheur. La médecine se défait de la caricature dans laquelle monsieur Molière l’avait plongée. La médecine française passe en ce temps pour la pre- mière au monde et le statut du Médecin retrouve une place d’honneur au sein de la société qu’il conservera jusqu’à nos jours peut-être de manière plus méritoire… La fièvre jaune aujourd’hui. La fièvre jaune est une maladie hémorragique virale aiguë transmise par les moustiques. Le terme « jaune » fait référence à la jaunisse que développent certains patients. La maladie est transmissible d’homme à homme via les piqûres de mous- tiques. Selon l’Organisation mondiale de la Santé, 200 000 personnes contractent la fièvre jaune chaque année. Parmi elles, 30 000 meurent de cette maladie, essentiellement en Afrique. Il n’existe aucun traitement contre la fièvre jaune en tant que telle, seuls les symptômes peuvent être pris en charge. Un vaccin préventif est disponible et la vaccination est obligatoire pour les personnes se rendant dans certains pays à risque, en Afrique et en Amérique latine. Un vaccin. SFERRAZZA A. RÉFÉRENCES • CARTER HR - Yellow fever ; an epidemiological and histori- cal study of its origin . William R. Willkins, Edit, Baltimore, 1931, 308 p. • HOFFMANN LF - La Peste à Barcelone . Presses Universi- taires de France, Paris, 1964, 103 p. • MARCHOUX E, SALIMBENI A & SIMOND PL - La fièvre jaune ; rapport de la mission française . Ann Inst Pasteur, 1903, 17, 6 6 5 - 7 3 1. • REEDW, CARROLL J, AGRAMONTE A & LAZEARW - The etiologyof yellow fever ; a preliminary note. Philadelphia Med J ,1901, 6, 790-796. • THEODORIDES J - Pierre RAYER (1793-1867) : Un de- mi-siècle de médecine française. Editions Louis Pariente, Paris, 1997, 266 p. • C. CHASTELS- La « peste » de Barcelone. Epidémie de fièvre jaune de 1821 . • Remerciements à www.galerie-des-monnaies.fr , cliché Ju- lien DAPSENS-TURQUAT.

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