cgb.fr

Bulletin Numismatique n°208 28 Médaille de l’aide française durant la peste de Barcelone de 1821, par GAYRARD - 1821 Louis XVIII (1814, 1815-1824) Raymond GAYRARD Cuivre 47,6 mm 12h 49,81 g. - (LA GALERIE DES MONNAIES) A/ PIETAS - GALLICA. Devant les remparts avec deux tours crénelées, la ville de Barcelone allongée, agonisante, soutenue à gauche par la Religion tenant une croix, à droite, la Médecine tenant un caducée, lui tendant une coupe de remède ; au-dessus, le démon de l’Epidémie passant à gauche en déversant la maladie depuis un vase ; à l’exergue, en trois lignes : SAEVIENTE IN BARCINONAM / PESTILENTIA / MDCCCXXI » ; signature en bordure en bas à gauche : GAYRARD INV. R/ MORTE. VENALEM. PETIERE. PALMAM. Inscription en onze lignes, accostée d’un rameau d’olivier et d’une palme : V. VIRI. MEDICI / QVORVM. PRIMVS. OCCVBVIT. / MAZET. / PARISET. / BALLY. / FRANÇOIS. / AUDOUARD. / SANCTI.-MO- NIALES. II. / SANCTO. CAMILLO. DEVOTAE. / LVDOVICI. XVIII. REGNI / ANN. XXVIII. Avec l’aimable autorisation de www.galerie-des-mon- naies.fr , cliché Julien DAPSENS-TURQUAT. 1821, cette année-là, il avait fait très chaud en Catalogne, Barcelone venait de connaître un été long et torride. Au début du mois d’août, plusieurs décès subits sont relevés dans la ville. Le 5 août, le journal Diaro de Barcelona fait état de 12 morts, le 16 août on en compte 18 de plus et 44 le 26, 50 le 29 août. En quelques jours une terrible épidé- mie, une peste consume Barcelone. Fièvre, vomissements sanglants, douleurs, jaunisse. On meurt partout d’abord et surtout dans les quartiers pauvres. Un mal inconnu tue une population sans défense, sans immunité. Les autorités locales commencent par nier l’évidence puis, com- plètement dépassées, ne savent plus à quel saint se vouer. On distribue des médailles ou des images de saint Roch… on organise des messes et des processions, des rassemblements qui finalement favorisent la diffusion du mal. Un jeune Italien dénommé Simonda, étudiant en médecine, libéral réfugié en Espagne, identifie le mal : « è la fiebre amarilla… ». C’est la fièvre jaune. Il alerte les autorités de la ville qui ne le prennent pas en considéra- tion, le traitant de farfelu. Il mourra au temps le plus fort de l’épidémie, soignant la population. En provenance de La Havane, un voilier à deux mâts gréé en voiles car- rées, le « Gran Turco » qu’on suspecte de pratiquer la traite des Noirs, vient d’arriver à quai. Il importe le germe qui, opérant son œuvre sur les quais, dans le port, doit s’étendre rapidement à tous les quartiers et à toute la population. Le consul de Suède succombe au mal. Ceux qui le peuvent, les plus fortunés fuient la ville et là où ils arrivent, c’est avec des fourches et des coups de fusils que souvent on les accueille. Madrid décrète une quarantaine, Barcelone est isolée. Dans la capitale, les courses de taureaux sont interdites… En septembre le mal a atteint tous les quar- tiers, les autorités royales, certains médecins prennent la fuite. Barcelone sombre dans le chaos. Le 19 septembre on ferme les églises. On essaie d’établir un cordon sanitaire autour de la ville, mais il suffit de quelques pièces de monnaies pour le franchir. Au-delà de ce périmètre viennent s’installer des ca- barets et des prostituées… La désorganisation, la paralysie portuaire entraine dans ce contexte une famine qui génère des émeutes dès la fin du mois de septembre. La France de Louis XVIII ne peut manquer de réagir à ces nouvelles. Les ports français sont fermés aux navires catalans et 15 000 soldats fer- ment les Pyrénées. Des navires de guerre sont envoyés pour surveiller les côtes des Pyrénées orientales. Le courrier arrivant d’Espagne est systé- matiquement immergé dans le vi- naigre. Une mission d’assistance composée de six médecins et de deux religieuses de l’ordre de Saint-Ca- mille est dépêchée sur les lieux le 8 octobre. Ce sont les D r Victor Bal- ly, le D r Etienne Pariset, le D r André Mazet, le D r Victor-Joseph Francois, le D r J.A. Rochoux, le D r Mathieu Audouard. Malgré la mort du D r Mazet (qui tombe malade le 12 et décède le 22) et la grande dévotion de la plupart des membres de l’équi- pée, cette intervention se montre d’une relative inutilité. La médecine LA PESTE JAUNE DE BARCELONE-1821

RkJQdWJsaXNoZXIy MzEzOTE=