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Bulletin Numismatique n°207 22 de la légende « FRAN : ET NAV : REX ». On remarquera que le texte de l’ordonnance royale est formel : il s’agit bien d’une croix de Malte écrit « Malthe » et non d’une croix du Saint- Esprit comme l’invente arbitrairement Jean Duplessy en 1989 (n°1577). Bien qu’un peu plus lourd que le premier liard (0,665 g contre 0,618 g) ce deuxième liard de billon de Lyon ne ren- contre pas plus de succès que le premier. Le 25 septembre 1655, le Conseil, saisi de plaintes contre la circulation qui continue des liards de Dombes et d’Orange, ordonne l’ouver- ture d’une information en vue de suites pénales, l’archevêque de Lyon, gouverneur de la province de Lyonnais, et le Parle- ment du Dauphiné siégeant à Grenoble, ayant déjà pris des mesures à l’encontre de ces liards étrangers. Rien n’y fait. Les Lyonnais ainsi que les habitants des pro- vinces voisines de Bourgogne, Bresse, Vivarais, Dauphiné, Forez, etc., refusent les liards royaux de la deuxième émission comme ceux de la première. Dans un arrêt rendu le 17 no- vembre 1655, toujours avec les signatures de Séguier, Molé, Le Tellier, Servien et Fouquet (écrit Foucquet comme le nom de l’écureuil), le Conseil d’État du Roy donne cours forcé aux liards de billon de Lyon, monnaies du roi. Le Conseil interdit de refuser ces liards dès lors que dans les paiements ils n’ex- cèdent pas 5 % de la somme en cause. Cet arrêt est confirmé par le Conseil le mois suivant dans un nouvel arrêt du 18 dé- cembre 1655 qui précise les modalités d’application de la règle des 5 % et impose le cours forcé des liards royaux dans le petit commerce et achat de denrées 4 . Mais ces dernières décisions du 17 novembre et du 18 dé- cembre 1655 ne produisent pas l’effet escompté. Le 28 juin 1656, le Conseil d’État du Roy décide de nouvelles mesures qui se traduisent par la création d’un troisième liard de billon de Lyon, le changement du traitant commis impliquant le remplacement de Nicolas Pluyette par François Grignart 5 , enfin la possibilité de fabriquer les nouveaux liards au mar- teau et en d’autres lieux que l’hôtel des monnaies de Lyon. La création du troisième et dernier liard de billon de Lyon en juin et août 1656 (fig.3) Le 9 mai 1656 est publiée la ferme et maîtrise particulière de la Monnaie de Lyon en vertu d’arrêts de la Cour des mon- naies des 29 janvier et 21 mars 1656. Le 8 juillet, Jean-Fran- çois Lagier, graveur particulier de la Monnaie de Lyon, est reçu et on lui commande immédiatement des carrés d’espèces d’or et d’argent. Le moment est proche où la fabrication des 4 La frappe du liard fut ainsi continuée en 1656 mais nous ne connaissons pas d’exemplaires à ce millésime. 5 Écrit également Grignard, Grignord, Grignor… liards de billon de Lyon dans les locaux de l’hôtel des mon- naies devra laisser la place au retour de la fabrication des es- pèces d’or et d’argent ordonnée par la Déclaration du 31 mars 1640 et l’édit de septembre 1641. L’arrêt du 28 juin 1656 rendu par le Conseil désigne François Grignart comme commis à la fabrication de nouveaux liards, fabriqués au marteau à la taille de 352 au marc avec 8 de re- mède (0,695 g) et au titre de 1 denier 12 grains de fin (0,125). Ces nouveaux liards sont donc plus lourds (0,695 g contre 0,665 g) et de meilleure teneur en argent (0,125 contre 0,104) que les liards à la croix de Malte. L’autorisation de les frapper au marteau au lieu de la frappe mécanique au balan- cier est exceptionnelle : elle a pour but de faciliter l’accueil de ces liards par le public qui est habitué à utiliser des liards de billon étrangers (Dombes, Orange) frappés au marteau, ces liards étant décriés. Le 3 août 1656, Antoine Jamen est nom- mé procureur de François Grignard pour la fabrication des nouveaux liards de billon de Lyon. Celui-ci, qui a déjà com- mencé à travailler, éprouve des difficultés avec le Consulat de Lyon. Le 6 août 1656, Louis XIV donne de nouvelles Lettres pa- tentes en forme de Déclaration pour la fabrication des liards de billon ; ce texte est enregistré le 30 août 1656 par la Cour des monnaies. Se référant à sa précédente Déclaration du 18 mai 1655, le roi confirme le décri des liards de billon étrangers (Avignon, Orange, Dombes et autres 6 ) ainsi que l’obligation de les porter à l’hôtel des monnaies de Lyon en vue d’y être refondus et convertis en nouveaux liards de billon à ses coins et armes. Les opérations de fonte et de conversion sont confiées à Fran- çois Grignard commis à cet effet pour une période de deux ans à compter de la première délivrance, l’intéressé pouvant fabriquer au balancier ou au marteau selon son choix. Point important, Louis XIV réserve la connaissance de cette affaire à son seul Conseil d’État en interdisant à la Cour des mon- naies ainsi qu’aux autres juridictions d’en prendre connais- sance. Les pouvoirs de la Cour des monnaies sont ainsi réduits à enregistrer la Déclaration du 6 août. Le 9 août 1656, le Conseil désigne le président en la Cour des monnaies Constant de Silvecane pour veiller à l’exécution de l’arrêt du 28 juin 1656 relatif à la fabrication des liards de billon de Lyon et le commet à cet effet. Le 5 septembre 1656, Constant de Silvecane rend une ordonnance d’application de la Déclaration. Le même jour, Antoine Jamen est le commis de François Grignard à Lyon à la fois pour faire travailler à la fabrication des espèces d’or et d’argent dont la ferme a été publiée en mai 1656 et pour faire travailler à la fabrication des liards de billon 7 . À cette dernière fin, il est mis en posses- sion du matériel de fabrication des liards de billon, à Lyon et à Vienne. Une partie de ces troisièmes liards de billon de Lyon a ainsi été frappée à Vienne. Antoine Jamen, commis de François Grignart, rencontre des difficultés pour la fabrication des nouveaux liards de billon de Lyon. Le 26 septembre 1656, le Parlement de Dauphiné sié- geant à Grenoble interdit à toute personne d’exposer ou de 6 On connaît des liards frappés en Avignon au monogramme d’Urbain VIII sans millésime et il y eut peut-être des liards de billon frappés à Arches- Charleville. 7 Grignart ne pourra se maintenir dans cette situation. MONNAIES DE LOUIS XIV LES TROIS CURIEUX LIARDS DE BILLON DE LYON (1655-1656)

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