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Bulletin Numismatique n°207 21 rin et Fouquet accordaient à la fabrication, hors normes, de ce liard de billon de Lyon. Les locaux de la Monnaie de Lyon sont alors mis en posses- sion du commis de Pluyette, Nicolas Manis, qui assure la fa- brication des liards de Lyon. Mais la fabrication de ce premier liard de billon de Lyon est un échec. Ce « liard de Lion » est mal reçu par le public qui le trouve trop léger. Les Lyonnais le refusent et lui préfèrent les liards étrangers décriés qu’ils rechignent à porter à la fonte. Par ailleurs, ce liard royal n’est pas accepté en dehors de la ville de Lyon, la population croyant que la mention « liard de Lion » en réserve la circulation à la ville de Lyon, à l’exclusion des territoires voisins. Ce rejet conduit le Conseil d’État du Roy à créer un deuxième liard de billon de Lyon, différent du premier afin de lui être substitué. La création du deuxième liard de billon de Lyon en septembre 1655 (fig.2) Le 11 septembre 1655, saisi par Pierre Hazard, le Conseil d’État décide de le renvoyer devant la Cour des monnaies. Le maître et fermier demande à être déchargé de son bail puisqu’il ne peut plus travailler dans les locaux de la Monnaie de Lyon qui sont occupés pour la fabrication des liards par Nicolas Manis, le commis de Nicolas Pluyette. Quatre jours plus tard, le 15 septembre, le Conseil rend un autre arrêt q ui ordonne la conversion des liards de Dombes, Orange et autres principautés étrangères en liards de billon qui seront frappés dans l’hôtel de la Monnaie de Lyon à la taille de 368 pièces au marc, 8 pièces de remède et au titre de 1 denier 6 grains de fin. Ce texte, qui confirme le décri des liards de billon des Dombes et d’Orange ainsi que la commission donnée à Nicolas Pluyette pour les convertir en liards de billon de Lyon, crée le deuxième liard de billon de Lyon. Ce liard doit être fabriqué à la taille de 368 pièces au marc (0,665 g) avec 8 de remède au lieu de 396 au marc (0,618 g) avec 4 de remède pour le premier liard ; le titre de 1 denier 6 grains de fin reste inchan- gé (0,104). Par rapport à la précédente, la pièce est modifiée, surtout au revers. Au droit, le même écusson aux armes de France (trois lis) est conservé mais la légende est modifiée : elle devient « LVDO : XIIII DEI GRATIA ». Au revers, la croix ancrée est remplacée par une croix de Malte accompagnée de la rose et tuée entre Lyon et Trévoux. Selon le C2G p. 145, elle a débu- té le 10 avril 1655 et 12 849 000 liards de cuivre y seront fabriqués en 1655. En parfaite connaissance de cause, car ce sont eux qui ont mis au point le traité des liards de cuivre avec Isaac Blandin, Ma- zarin et Fouquet tranchent. Ils savent que ce n’est pas le nou- veau liard de cuivre qui éliminera rapidement de la circula- tion à Lyon et aux alentours les liards étrangers parasites de Dombes et Orange. Ils conçoivent que la création d’un liard de billon spécifique, à circulation restreinte dans un péri- mètre géographique limité, est nécessaire. Ils décident donc de le créer et font signer à cet effet Louis XIV, jeune roi âgé de 17 ans. Le 13 mai 1655, le Conseil d’État du Roy accorde à Nicolas Pluyette, bourgeois de Paris, des Articles et Conditions dits « Traité des liards », pour la fonte des liards de billon qui sont dans le Royaume et conversion d’iceux en espèces qui auront cours pour trois deniers à ses coings et armes. Cette décision du Conseil n’est pas un arrêt proprement dit mais un résultat juridiquement de même valeur et de même portée, produisant les mêmes effets. Ce « résultat du Conseil » est signé, entre autres, par des personnages historiques cé- lèbres : le chancelier Séguier, le ministre Le Tellier (père de Louvois), Abel Servien, enfin le surintendant des Finances Nicolas Fouquet. Il porte la marque de l’intelligence et de l’habileté de Fouquet : pour la fabrication, il ne sera pas né- cessaire de fournir des matières nouvelles d’argent et de cuivre, on se contentera de refondre les liards étrangers dé- criés et de les convertir en liards nouveaux aux coins et armes du roi. Les territoires où ces liards nouveaux royaux auront cours seront ainsi purgés des liards étrangers indésirables. Les caractéristiques de ce premier liard de billon de Lyon sont les suivantes : taille 396 au marc (0,618 g), titre 1 denier 6 grains (0,104), valeur 3 deniers. Cinq jours plus tard, le 18 mai 1655, Louis XIV signe des Lettres patentes en forme de Déclaration du Roy . Contresignées par le Garde des Sceaux Guénégaud, elles défendent l’exposi- tion des liards de billon des fabriques de Dombes, Oranges (sic) et autres principautez et ordonnent qu’après trois mois ils seront décriez et fondues dans la Monnoye de Lyon. Ce premier liard de billon de Lyon montre à l’avers l’écu de France couronné accompagné de la légende abrégée (en la- tin) : « Louis XIV roi de France et de Navarre ». Au revers, une croix ancrée cantonnée de quatre lis est accompagnée de la légende liard de Lion ainsi que d’une rose ; celle-ci est peut- être le différent du graveur Isaac Briot, mais nous ne connais- sons aucun texte de confirmation. La pièce est frappée dans les locaux de la Monnaie de Lyon, à la place des espèces d’or et d’argent qui y étaient légalement frappées. Le maître et fermier de la Monnaie de Lyon, Pierre Hazard, en fonction depuis 1652, en a été temporairement dépossédé en vertu de deux ordonnances rendues les 4 et 7 juin 1655 par le Conseiller en la Cour des monnaies Jean Marceau, désigné par la Cour pour veiller à la bonne exécu- tion des décisions gouvernementales précitées des 13 et 18 mai 1655. Cette dépossession, qui annonce celle qui aura lieu dans la Monnaie de Metz à la fin du règne de Louis XIV au profit d’un autre traitant, montre l’importance que Maza- MONNAIES DE LOUIS XIV LES TROIS CURIEUX LIARDS DE BILLON DE LYON (1655-1656)

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