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Bulletin Numismatique n°206 25 VMBRA. ALARVM. TVARVM, mais avec chacune un motif héraldique différent entouré de la légende MONETA. NOVA. ARG. ROK. 3 Ce décri nous fait ainsi connaître 6 exemplaires différents de la pièce de 3 Kreutzers à la légende ROK alors qu’auparavant seul l’exemplaire Henri Meyer, que l’on retrouve sur la sep- tième pièce, était connu. En étudiant attentivement les 7 exemplaires différents de l’espèce 3 Kreutzers, nous remarquons : 1. Que les trois exemplaires de la ligne centrale où figure l’exemplaire au nom et aux armes de Louise-Marguerite, montrent des écussons et armoiries typiques de Château-Re- gnault, y compris les deux exemplaires à la légende ROK qui entourent celui de la princesse. 2. Le huitième exemplaire, 3 e rangée au centre, avec la lé- gende ROK, montre l’ écu de Bouillon que l’on retrouve sur les monnaies des évêques de Liège, ducs de Bouillon, ainsi que du prince de Sedan qui portait le titre de duc de Bouillon et mettait Bouillon dans ses armes. 3. Les trois autres exemplaires de la pièce de 3 Kreutzers (1 re ligne, 3 e monnaie et 3 e ligne, 6 e et 8 e monnaies) montrent une composition de trois petits écussons qui était relative- ment en usage dans l’évêché de Liège. La 6 e monnaie montre une tour , un lion et six fusées : les fusées figurent sur les mon- naies liégeoises de Bouillon des princes-évêques appartenant à la Maison de Bavière 4 . Sur la 8 e monnaie semblent être re- présentés les trois alérions de Lorraine que la princesse de Conty portait dans ses armes et sur la 3 e monnaie deux bars, également appartenant aux armes de Lorraine. Dans les deux cas il y a allusion à la princesse de Conty. Ces éléments communs aux pièces de 3 Kreutzers au nom de Louise-Marguerite de Lorraine ainsi qu’aux pièces de 3 Kreut- zers à la légende ROK amènent à reconsidérer le monnayage produit par Paul Manlich pendant sa maîtrise de la Monnaie de la princesse de Conty. Si l’on excepte les deux rarissimes thalers qu’il fit frapper, celui de 1617 imité du thaler de Ham- bourg (2 ex connus) et celui au buste de François de Bour- bon, le prince de Conty (exemplaire unique au Cabinet des médailles à la BnF frappé vers 1617-1618), toute la produc- tion monétaire du Manlich est constituée de pièces de 6 batz ou batzen (24 Kreutzers) et surtout de pièces de 4 sols ou patards (3 batz ou batzen), de 12 Kreutzers et de 3 Kreutzers. Ces espèces qui entraient dans le rendu de monnaie lors de l’acquittement des péages sur la Meuse et sur la Semoy pou- vaient ensuite circuler dans toute l’Europe, sauf la France où elles étaient indésirables. Manlich traînait derrière lui une réputation bien établie de faux-monnayeur qui n’était pas usurpée. Ayant dirigé la Monnaie du prince de Sedan à Sedan et Raucourt ainsi que la 3 Pour simplifier, nous avons adopté une ponctuation par points alors qu’elle est parfois différente sur les monnaies (étoiles, fleurons, etc.) 4 Elles figurent également dans les armes des comtes de Löwenstein-Ro- chefort MONNAIES ARDENNAISES CONTREFAITES : LE MYSTÈRE DE ROK figure 4 Je n’ai pas retrouvé cette pièce dans le catalogue de vente de la collection du docteur Henri Meyer en 1902, les petites pièces étant groupées en lots par l’expert (Feuardent) et accompa- gnées d’une description très sommaire. En revanche, je l’ai retrouvée dans le catalogue 1890 imprimé de la collection H. Meyer, sous le n°3156 classé à Château-Regnault. Dans le même catalogue figurait sous le n°3146 un exemplaire de la pièce de 4 sols ou patards marquée ROK, imitée de la pièce de Campen (cf. Engel 1885 n°20 et pl. XIII n°6), classée éga- lement à Château-Regnault. On le voit, J. R. De Mey n’expliquant pas et ne justifiant pas son classement à Rochefort-en-Ardenne, famille de Löwens- tein-Wertheim-Rochefort, ces deux pièces, l’une de 4 sols ou patards, l’autre de 3 Kreutzers, à la légende ROK, nous n’étions pas plus avancés qu’en 1885-1887 au temps d’A. Engel, lorsque Horst Heinz Mertes, nous fit connaître à Alain Tissière et à moi-même un décri prononcé par le Conseil de la Ville de Francfort le 15 septembre 1618. Nous avons alors publié, A. Tissière et moi-même, le texte commenté de ce décri dans le n°122 des Cahiers numismatiques en décembre 1994. Nous avons alors pensé qu’il ne fallait pas s’emballer avec la toponymie et que ROK ne signifiait pas obligatoire- ment Rochefort-en-Ardenne. Nous avons pu ensuite expli- quer que selon nous, LINC ou LI signifiait Linchamps (cf. catalogue 2002 de la collection Tissière n°2306, 2307 et 2308) mais il ne nous a pas été possible d’expliquer ROK. Reprenons donc aujourd’hui ce décri qui est très instructif (fig. 5). Le texte allemand signifie, en résumé, que les mon- naies décriées ci-dessous, de même forme et apparence que les espèces légales de 3 batzen (4 sols ou patards et 12 Kreutzers) ainsi que les 3 Kreutzers, et qui sont mêlées à ces espèces lé- gales, valent en réalité beaucoup moins (faiblesses de poids et de titre). Le Conseil de ville de Francfort punira fortement ceux qui utilisent ces 9 espèces décriées. Examinons-les : - une pièce contrefaite de 4 sols ou patards à la légende CLER, imitée des pièces de 4 sols de Holstein ( Tarif Verdussen 1627, p. 246). A. Engel connaît cette pièce qu’il publie en 1885 (n°22 et planche XIII n°9) et en 1887 p. 396 n°12, Cabinet impérial de Vienne. A. Engel classe désormais cette pièce à Rochefort, attribution que J. R. De Mey ne retient pas (fig. 6 contrefaçon et 7) ; - une pièce contrefaite de 4 sols ou patards à la légende ROK, imitée des pièces de 4 sols de Campen, étudiée ci-dessus à partir d’A. Engel ( RN 1885 n°20 et pl. XIII n°6) ; - une pièce de 3 Kreutzers de la principauté de Château-Re- gnault et Linchamps, aux noms et armes de Louise-Margue- rite de Lorraine (2 e ligne, pièce dessinée au centre) ; - six pièces de 3 Kreutzers, avec l’aigle et la valeur 3 ainsi que la même devise qu’à Château-Regnault et Linchamps SVB.

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