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Bulletin Numismatique n°199 31 France des secours effectifs. Franz Karl von Velbrück, César Constantijn Frans von Hoensbroeck , d’aucuns pensaient à Paris que les Liégeois étaient en fait des Allemands qui parlaient français. Il était donc difficile de nous reconnaître comme un peuple frère… En 1791 une armée allemande restaure le prince-évêque et l’absolutisme en terre de Liège. Entre-temps, le comte de Méan succède à son oncle Hoensbroeck décédé en 1792, avant de s’expatrier à son tour, chassé par l’armée française commandée par Dumouriez qui devait libérer Liège le 28 novembre 1792, après la victoire de Jemappes le 6 no- vembre. Dans une lettre au ministre de la Guerre du 28 novembre 1792, Dumouriez écrit : « Notre entrée dans Liège est une vraie récompense. Un peuple spirituel, sensible et fier, nous a reçus avec cette fraternité républicaine que notre exemple et nos victoires propageront bientôt dans toute l’Europe. Cette nation vraiment digne de la liberté est une seconde nation française. J’espère sous peu de jours la voir organi- sée comme la nôtre ». Bas-relief de la bataille de Jemappes sur l’arc de triomphe de l’Etoile, par Carlo Marochetti. Au suffrage universel des citoyens, le peuple de Liège nomme une Convention nationale qui élit pour président Fabry, pour vice-président Bassenge. Le 20 janvier 1793, 9660 électeurs liégeois sur 9700 plébiscitent l’annexion de Liège à la Répu- blique française. Au 1 er janvier 1790, la population de Liège était de 50.260 habitants, la banlieue en comptait 37.877. En février 1793, les Liégeois décrètent le renversement de la cathédrale Saint-Lambert comme si la chute de ces pierres devait entrainer l’anéantissement d’une autorité dont on dé- truirait le siège. Comme un drapeau, comme un hymne, comme une devise qu’on abat, la perte du monument reçu des pères créera une plaie plus qu’un vide, au cœur de Liège et manquera à jamais à sa splendeur perdue, scellant la perte de son identité souveraine. Gravure du XVI e siècle. Université de Leyde. On ne se doute pas des dimensions de la cathédrale Liégeoise. Quatre mille personnes pouvaient s’y recueillir en même temps. De la place du Marché à la place de la République française actuelle, la cathédrale et ses encloîtres mesuraient 173 mètres. Le bâtiment gothique en lui-même sans ses an- nexes, avec ses 97 mètres, était aussi long que la cathédrale Saint-Mammès de Langres, sa largeur (37 m) était compa- rable à celle de Notre-Dame de Paris. Sous la clé-de-voûte, Notre-Dame-et-Saint-Lambert s’élevait à 30 mètres. On ra- contait qu’à Liège, chaque jour, on disait autant de messes qu’à Rome. Liège était la capitale d’un État prestigieux au passé glorieux et sa cathédrale était avec ses deux tours de sable, sa grande tour, ses deux chœurs, ses deux transepts, ses trois nefs, le circuit de ses chapelles absidiales et collatérales, son cloître et ses annexes, sa flèche de 135 mètres, le plus grand vaisseau du pays et un des plus grands du monde chré- tien. En 1615, dans son Voyage à Liège , le Français Philippe de Hurges écrit de Saint-Lambert qu’elle « doibt estre réputée entre les belles de l’Europe » et qu’elle « est de superbe appa- rence ». Le 5 mars 1793, le sort des armes rend Liège aux « Germa- niques » qui rétablissent le prince-évêque. La ville est frappée d’une contribution de guerre de 600 000 florins, payable dans les neuf jours. collection privée. Dgs.1195. Ducat or 1792 D/ Buste, à gauche, de saint Lambert mitré vêtu du superhuméral ; légende : S•LAMBERTUS / PATRO•LEOD• et 1792 en dessous. R/ Ecu ovale aux armes écartelées de la principauté (Bouillon, Looz, Franchimont, Hornes, Liège sur le tout), orné, sommé du bonnet électoral et placé sur un manteau fourré d’hermine ; légende : rosette à 5 pétales •DEC•ET •CAPLI•LEOD•SEDE•VACANTE• Atelier : Liège - Millésime : 1792 - Or - frappé au balancier - Tranche cordonnée - Diamètre : de 23,2 à 24,0 mm Frappé à 150 exemplaires au poids de 2 esterlins 9 as, au remède d’un as. Les coins furent gravés par Léonard Jéhotte qui obtint la charge de graveur du prince et du Chapitre au décès de Jacoby (1792), c’est lui qui grava les dernières monnaies de la principauté. LIÈGE EN FRANCE

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