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INTRODUCTION

prenant soin de placer dans ces ateliers ses créatures. Ainsi fit-il graver les carrés des

quadruples et doubles sols par Claude Hardy, graveur lorrain, au détriment du gra-

veur particulier de la Monnaie de Paris. A la fin de la frappe de ces monnaies – lar-

gement critiquées par la population – Colbert protégea ceux qui l’avaient servit ; en

créant une monnaie à Reims, dans sa ville natale, il y plaça Maniquet, le commis à la

direction de la Monnaie de Vimy-en-Lyonnais et le graveur Claude Hardy. En 1679,

Colbert fit interdire la circulation des monnaies espagnoles en France et procéda à

leur refonte. Cette opération permit la réouverture de quelques ateliers monétaires

en sommeil depuis 1662. La refonte des monnaies espagnoles fut toutefois de courte

durée et, en 1680‑1681, de nombreux ateliers monétaires tombèrent de nouveau au

chômage. À la fin des années 1680, après des périodes de conquêtes coûteuses, la

France était exsangue. En décembre 1689 fut publiée la première réformation, opé-

ration consistant à reprendre à un cours réduit les espèces françaises en circulation,

à les refrapper puis à les remettre en circulation à un cours plus élevé. Cette réforma-

tion, très impopulaire, revenait à prélever un impôt sur la masse monétaire en circu-

lation. De nouvelles réformations furent lancées en octobre 1693, septembre 1701,

mai 1704 et une refonte générale fut organisée à partir de mai 1709. La fin du règne

trancha singulièrement avec la stabilité monétaire relative des années 1643‑1689.

En 1696, l’organisation des ateliers monétaires fut sensiblement boulever-

sée, conduisant à la disparition du système traditionnel des maîtrises particulières

– ou des baux généraux – hérité du Moyen-Âge. Les ateliers furent placés sous la

responsabilité de directeurs et trésoriers particuliers achetant leur office. Dès lors,

se créèrent des dynasties de directeurs favorisant les jeux d’alliances entre familles

détenant certains offices. Ce système fut maintenu durant la plus grande partie du

XVIII

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siècle et ne prit fin qu’avec la suppression des offices sous la Révolution fran-

çaise.

Sur le plan technique, la période de la Régence (1643‑1661) fut marquée

par la volonté de généraliser la frappe au balancier (édit de mars 1645). Si la plu-

part des ateliers furent dotés de moulins et de balanciers dès 1647‑1648, il faudra

toutefois attendre 1652 pour que celui de Morlaàs cesse toutes frappes au marteau.

L’autre innovation technique marquante de ce règne fut le procédé de Jean Castaing,

consistant à marquer les monnaies sur la tranche afin d’éviter les éventuels rognages.

Dans la France absolutiste de Louis XIV, ce procédé s’imposa sans soulever les vives

oppositions qu’avaient pu connaître Briot et Warin sous le règne de Louis XIII en

tentant de généraliser les frappes aux balanciers. L’histoire numismatique et moné-

taire de cette période reste encore à écrire. Les fonds d’archives conséquents et leur

dispersion ont de quoi nourrir le travail de plusieurs vies de chercheurs.

Arnaud CLAIRAND

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