MONNAIES ROMAINES
AUGUSTE et AGRIPPA (27 avant J.‑C. - 14 après J.‑C.)
N
emausus (Nîmes) était la capitale des Volques
Arécomiques. D’après le monnayage, elle subit
largement l’influence de Marseille. Au cours du
premier siècle avant notre ère, afin de contrebalancer
l’influence de Narbonne, soutint-elle la révolte de
Sertorius en Espagne contre Metellus et Pompée ? La
colonie de Nîmes semble avoir été fondée par Tiberius
Nero, le mari de Livie et le père de Tibère et de Drusus
senior, en 45 ou 44 avant J.‑C.
Certains auteurs y voient plutôt une création de César
lui-même au retour de la campagne d’Espagne. La ville
reçut le « jus Latinum ». Après la bataille d’Actium en
31 avant J.‑C., marquant la victoire d’Octave et
d’Agrippa sur la flotte de Marc Antoine et de Cléopâtre
et la conquête de l’Égypte l’année suivante, Octave
démobilisa une partie de ses légions, devenues trop
nombreuses après la victoire. Les vétérans reçurent
leur « honesta missio », sorte de retraite en numéraire
et en biens fonds. De nombreux vétérans vinrent
s’installer dans la province de Narbonnaise et un
contingent important se fixa à Nîmes.
Le très important monnayage qui semble débuter à
partir de 27 avant J.‑C. montre le dynamisme commer-
cial de la cité qui devint l’une des plus riches de la
région et qui nous a laissé des monuments impression-
nants (le Pont du Gard, la Maison Carrée). La cité
changea de statut en 24 avant J.‑C., devenant une colo-
nie romaine sous le nom de « Colonia Augusta Nemau-
sus » et dominant le territoire des Volques Arécomiques.
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Dupondius, c. 10 avant J.‑C. - 10 après J.‑C.
,
Nîmes, Gaule, groupe 3, (Ae, Ø 27 mm, 12 h,
12,79 g). (pd. th. 13,53 g, taille 1/24 L.).
A/
IMP// DIVI F
. « Imperator Divi Filius Pater Pa-
triæ », (L’imperator fils du divin père de la patrie). Têtes
adossées d’Agrippa coiffé de la couronne rostrale à gauche
et d’Auguste lauré à droite.
R/
COL - NEM
. « Colonia Nemausus », (Colonie de
Nîmes). Crocodile enchaîné à un palmier qui est sur-
monté d’une couronne ; sous le crocodile, deux palmettes.
Exemplaire sur un flan large et ovale, parfaitement centré
des deux côtés avec les grènetis visibles. Très beaux
portraits d’Auguste et d’Agrippa. Revers de haut relief,
bien venu à la frappe avec un crocodile où tous les détails
sont visibles. Patine marron.
LT. 2778 - RIC. 158 - RPC. 524 - C.- - RCV. 1730 (640$). -
M. Veyrac, Le symbolisme de l’as de Nîmes au crocodile,
Montagnac 1998, p. 17.
SUP
650 € / 950 €
Cet exemplaire provient de la vente Parsy du 11 mars
1997, n° 77 et de la collection D. R.
Monnaie du groupe 3 de bon style et de conservation
exceptionnelle.
Le droit exalte Agrippa, l’amiral de la flotte d’Auguste,
son ami, son gendre et le vainqueur de la bataille d’Actium
(31 avant J.‑C.) qui mourut malheureusement en 12 avant
J.‑C. La typologie du revers se rapporterait à la capture
de l’Égypte par Octave en 30 avant J.‑C. La première
émission frappée vers 27 avant J.‑C. a un poids moyen de
16,74 g pour 31 exemplaires d’après le Roman Provincial
Coinage. La seconde émission a un poids moyen de 12,50
g pour 84 exemplaires. La troisième émission, quant à
elle, a un poids moyen de 13,27 g pour 194 pièces. Pour
la première émission, nous aurions affaire à un dupondius,
puis à des asses pour les trois suivantes. La typologie du
droit place ces pièces sur un pied d’égalité avec les
monnayages civiques de Vienne, de Lyon, d’Orange et
peut-être de Narbonne. Après cette date, en Gaule, les
autresémissionsciviquesayantdisparu,seullemonnayage
Nîmois a continué d’être frappé. Si la première émission
est rare, les trois autres sont plus courantes. Nous aurions
affaire à des dupondii légers, monnaie fiduciaire par
excellence qui permettait d’alimenter la Gaule manquant
structurellement de monnaies impériales et procurait aux
monétaires locaux des profits accrus.
n° 25 A/38