MONNAIES ROYALES FRANÇAISES
N
é à Versailles en 1754, Louis XVI était le fils de
Louis, dauphin de France, et de Marie-Josèphe
de Saxe. En 1774, roi à la mort de son aïeul Louis
XV, il appela auprès de lui le vieux comte de Maurepas,
disgracié depuis 1749, et se sépara bientôt des ministres
de son prédécesseur, ce « triumvirat « formé par le
chancelier Maupeou, l’abbé Terray et le duc d’Aiguillon,
qui, par sa politique autoritaire, venait de restaurer
l’autorité royale. L’ancien Parlement de Paris, sup-
primé depuis 1770, fut rétabli. Le 24 août 1774, Louis
XVI renvoyait Terray et nommait Turgot contrôleur
général des finances. Refusant d’être un simple « ramas-
seur d’argent « pendant son ministère, Turgot multiplia
les réformes économiques.
Fin 1775, le contrôleur général avait entamé le redres-
sement financier : les impôt rapportaient 327 millions,
67 de plus que l’année précédente ; le déficit était ra-
mené à 15 millions. Mais ses projets blessaient trop
d’intérêts particuliers. Tout était contre lui : les dévots,
les parlements, le parti Choiseul, la reine Marie-Antoi-
nette, dont le rôle fut incroyablement néfaste, la Cour,
les financiers. Il lui fallait l’appui d’un despote éclairé,
et Louis XVI n’était ni assez despote, ni assez éclairé.
La révolte des colonies anglaises d’Amérique, en 1775,
échauffa les esprits en France. Tout un parti souhaitait
effacer le souvenir de la désastreuse guerre de Sept
Ans. Le 9 mai 1776, un conseil secret, dont Turgot était
exclu, décidait l’entrée dans la guerre ; le 12, le
contrôleur général était renvoyé en même temps que le
garde des sceaux Malesherbes, après un ministère de
moins de deux ans. Grâce au secours français, les insur-
gents l’emportèrent en Amérique et le traité de Versailles
(1783) reconnut l’indépendance des États-Unis. Mais
la France avait gagné peu de choses dans cette guerre
qui accrut la détresse financière de l’État.
Necker, successeur de Turgot de 1777 à 1781, dut lui
aussi s’effacer devant la coalition des privilégiés. La
crise financière s’aggravant, le roi convoqua une Assem-
blée des notables (1787), qui refusa les changements
nécessaires. Necker, rappelé aux affaires (1788), fit
décider par le roi la convocation des États généraux,
la première depuis 1614. La première partie du règne
de Louis XVI fut marquée par de nombreuses réformes :
établissement du Mont-de-Piété (1777), abolition du
servage dans le domaine royal (1779), suppression de
la question préparatoire (1780), création de l’école des
mines (1783), commencement de la digue de Cherbourg
et du canal du Centre (1784), liberté du commerce des
grains (1787), édit de tolérance en faveur des protestants
(1788).Dans lesgénéralités,unegénérationd’intendants
de grande classe continue l’œuvre de leur prédécesseurs
du règne de Louis XV. Mais ces réformes ne suffirent
pas à arrêter la marche des temps. Quand elle désigna
sesreprésentants,lanationdésavoualesadministrateurs
éclairés issus du Conseil et des intendances. De 1789
à1792,en troiscourtesannées, l’antiqueédificepolitique
et social s’écroula irrémédiablement.
Le géant du Grand Siècle avait vécu. Ouverts le 5 mai
1789, les États généraux se déclarèrent Assemblée
nationale le 17 juin et, le 4 août, abolirent les anciens
privilèges. Cependant, les frères du roi quittaient la
France. En octobre, la famille royale était ramenée à
Paris et l’Assemblée l’y suivit : désormais, l’histoire de
France allait se faire dans la capitale. La Révolution
se poursuivit, et, le temps passant, Louis XVI, qui
n’approuvait que de bouche les transformations en
cours, ne fut plus que le jouet des événements. Ramené
à Paris après l’échec de sa fuite à l’étranger (juin 1791),
il dut sanctionner la nouvelle constitution qui le rédui-
sait au rang de premier fonctionnaire de l’État. La
guerre contre l’Autriche, voulue par Louis XVI (avril
1792), précipita la chute du régime. Accusé de dupli-
cité, le roi fut renversé par l’émeute parisienne et
l’Assemblée législative dut avaliser l’abolition de la
monarchie (10 août 1792) avant de céder la place à une
Convention nationale. C’est devant ce corps qu’eut lieu
le procès du roi (décembre 1792‑1793), qui, condamné
à mort, fut exécuté le 21 janvier 1793.
Avec le règne de Louis XVI s’achève véritablement
l’histoire de la monarchie française. Sans doute il y
aura encore des rois de France, une Restauration, cette
« comédie de quinze ans », un roi des Français, deux
empereurs, sans doute la France mettra-t-elle un siècle
pour se constituer définitivement en République, mais
c’est bien en 1792 que s’est brisée la chaîne des temps,
ininterrompue depuis quinze siècles, en même temps
que se rompait le lien d’amour entre le monarque et ses
sujets.
Constamment inférieurs à leur tâche depuis leur acces-
sion au trône, Louis XVI et son épouse témoignèrent
d’une dignité et d’un courage exceptionnels aussitôt
qu’ils en furent descendus. Leur long martyre, d’août
1792 à juillet 1793, couronne la destinéed’unemonarchie
qui, depuis sa naissance, s’était fait gloire d’être toute
chrétienne.
LOUIS XVI (10/05/1774‑21/01/1793)
147