MONNAIES ROYALES FRANÇAISES
LOUIS XIV LE GRAND OU LE ROI SOLEIL (14/05/1643‑01/09/1715)
L
e règne de Louis XIV est le plus long et le plus
glorieux de l’histoire de France. Fils de Louis
XIII et d’Anne d’Autriche, né le 5 septembre 1638,
le troisième roi Bourbon monta sur le trône en 1643 et
y demeura pendant soixante-treize années. Il mourut
le 1
er
septembre 1715, âgé de soixante-dix-sept ans.
Entre 1643 et 1661, sous la régence d’Anne d’Autriche
et le ministère du cardinal Mazarin, l’absolutisme se
construit dans le combat : lutte intérieure contre la
Fronde, lutte extérieure contre l’Espagne. Le règne
personnel de Louis XIV commence en 1661, lorsque le
jeune roi décida de « gouverner par lui-même ».
La monarchie absolue atteint alors son apogée, le roi
étant entouré d’une équipe de ministres exceptionnels :
Le Tellier, Louvois, Colbert, Seignelay. Cette période
faste prend fin au cours des années 1680, avec les
premiers revers, la révocation de l’édit de Nantes (1685),
la fin des grands succès extérieurs et la disparition
progressive de l’entourage des premières années
(Colbert meurt en 1683, Le Tellier en 1685, Seignelay
en 1690, Louvois en 1691). La troisième et dernière
partie du règne, entre 1685 et 1715, est plus difficile. Le
roi vieillissant ne retrouve pas de semblables collabo-
rateurs. Glorieux, ce règne fut d’abord un règne
guerrier.
Jamais la France ne connut autant de guerres : guerre
de Trente Ans, achevée avec l’Empire en 1648, avec
l’Espagne seulement en 1659, guerre de Dévolution
(1667‑1668), guerre de Hollande (1672‑1678), guerre
avec l’Espagne (1684), guerre de la ligue d’Augsbourg
(1688‑1697),guerredeSuccessiond’Espagne(1701‑1713).
Jamais elle ne connut plus de victoires et plus de
conquêtes : en 1648, les traités de Westphalie lui don-
naient l’Alsace, en 1659, la paix des Pyrénées l’Artois
et le Roussillon ; en 1668, par la paix d’Aix-la-Chapelle,
ellegagnaitlaFlandre ;en1678,parletraitédeNimègue,
la Franche-Comté. En 1681, le roi annexait Strasbourg.
Les décennies suivantes furent moins heureuses : en
1697 (traité de Ryswick), la France céda Luxembourg ;
en 1713 et 1714 (traités d’Utrecht et de Rastadt), elle
abandonna l’Acadie, prélude à la perte de l’Amérique,
cinquante ans plus tard. Le règne de Louis XIV corres-
pond donc assez exactement à l’âge de la prépondérance
française en Europe : la France a supplanté l’Espagne ;
elle sera bientôt supplantée par l’Angleterre, qui détient
l’empire des mers et les étendues du Nouveau Monde.
À la gloire du roi victorieux et conquérant s’ajoute la
gloire du roi administrateur, législateur, protecteur des
arts et des lettres.
Louis XIV et ses ministres ont donné sa perfection à la
construction monarchique : la législation est réformée,
la noblesse soumise, les provinces domptées, l’hérésie
renversée, artistes et écrivains se mettent au service du
pouvoir royal. Lex una sub uno sole : « une seule loi
sous un seul soleil « : tout doit tourner autour de
l’astre-maître. L’Europe entière ressent l’attraction et
le prestige de Versailles. La réalité est sans doute moins
brillante que ce programme flatteur : l’administration
royale demeure trop peu nombreuse pour encadrer
réellement le royaume le plus vaste et le plus peuplé de
l’Europe ; les particularismes résistent ; les Protestants
partent enrichir les ennemis de la France.
Il n’en reste pas moins que c’est l’image du roi de gloire
qui s’est imposée dans les mémoires, telle que Louis
XIV l’avait décidée et voulue. Là réside le vrai triomphe
de ce prince : pour la France et pour l’Europe, pour le
siècle suivant et pour les siècles à venir, pour les
contemporains comme pour la postérité, il fut et demeure
le roi par excellence. Monnaies et médailles, qui nous
restituent le profil jupitérien du grand monarque,
participent de cette volonté et de cette réussite. Louis
XIV leur porta une attention particulière : le Grand
Siècle est aussi un grand siècle de la numismatique.
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Huitième d’écu, 1
er
type, 1644, Bordeaux
,
K dans la légende du revers, à 6 heures, K,
84162 ex., mises en boîte : 162, 8 st., (Ar, Ø 26,5 mm,
12 h, 4,85 g). (pd. th. 4,799 g, titre 917 ‰,
taille 1/51 marc, 11 d. 12 gr. A.R.).
A/
LVDOVI[C]VS● XIIII● D: G● FRAN ET● NAV●
REX● 1644
. (Louis XIV, par la grâce de Dieu, roi de
France et de Navarre). Croix fleurdelisée avec quadri-
lobe en cœur.
R/
SIT● NOMEN● [D]OMINI● BENEDIC-
TVM● (Mm)● (Mg) - K, (légende commençant à 6
heures)
. (Béni soit le nom du Seigneur). Écu de France
couronné et accosté de II, II.
M/
Croissant après BENEDICTVM= Daniel Nicolas
(1642‑1646).
MG/
Rose en fin de légende du revers.
Ce huitième d’écu est frappé sur un flan large et légè-
rement irrégulier. Exemplaire recouvert d’une patine
grise, présentant quelques faiblesses de frappe et deux
éclatements de flan.
C. 1826 - Dr. 261 - Dy. 1452 - Dr. 2/281.
RR. TTB
250 € / 380 €
Les chiffres de frappe et de mise en boîte sont expri-
més en quarts d’écu et comprennent des huitièmes
d’écu au même type. D’après nos recherches aux
Archives nationales, 162 quarts d’écu furent mis en
boîte en 1644 à Bordeaux (chiffre comprenant des
huitièmes d’écu) et 3339 marcs 6 onces d’argent ont
été monnayés, ce qui donne une quantité émise
d’environ 84.162 quarts d’écu, chiffre supérieur à
celui de 73.483 exemplaires donné dans le Répertoire
de Frédéric Droulers. L’atelier de Bordeaux frappa
ce type monétaire en 1643 à 1647.
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