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MONNAIES GRECQUES
EUROPE
à Archidamos, roi de Sparte. Ce dernier essaya de contenir la
progression des tribus lucaniennes.
Malheureusement, Archidamos fut battu et tué à la bataille de
Mandurias en 338 avant J.‑C. La mort d’Archidamos obligea
les Tarentins à trouver un nouvel allié pour contenir leurs
turbulents voisins. Ils firent appel à Alexandre le Molosse, roi
d’Épire et beau-frère d’Alexandre III le Grand de Macédoine.
En arrivant en Italie du Sud, Alexandre le Molosse dut lutter
contre les tribus d’Italie méridionale de Lucanie et d’Apulie,
désireux de se constituer un royaume en Grande Grèce. Après
la mort d’Alexandre d’Épire (330 avant J.‑C.), les Tarentins
continuèrent d’affronter les tribus de Lucanie et du Bruttium
auxquelles s’ajoutèrent les Romains. Cette fois-ci, ils s’adres-
sèrent à Kleonymos de Sparte pour les délivrer de ce double
danger. Tarente et Rome avaient signé un traité naval en 303
avant J.‑C. sur la neutralité des Tarentins en échange du respect
de l’intégrité territoriale de leur cité par les armées romaines.
Entre le départ de Kléonymos de Sparte en 302 avant J.‑C. et
l’arrivée de Pyrrhus, roi d’Épire une vingtaine d’années plus
tard, l’histoire de Tarente et de son territoire reste mal connue
avec de nombreuses zones d’ombre sur les plans historiques et
monétaires. L’intervention du monarque épirote allait marquer
le début du déclin de la cité tarentine. À la suite de l’arrivée
de Pyrrhus en Italie, en 281 avant J.‑C., le consul L. Aemilius
Barbula dévasta le territoire des Tarentins après la destruction
d’une escadre romaine dans le golfe de Tarente. Pyrrhus, grâce
à ses éléphants et à la surprise générale, remporta l’indécise
bataille d’Héraclée en 279 avant J.‑C. d’où l’expression
« victoire à la Pyrrhus » qui équivaut à une victoire qui laisse
le vainqueur si épuisé qu’une défaite ne l’aurait pas plus
affaibli. Après la victoire d’Ascoli en 279 avant J.‑C., Pyrrhus
n’arriva pas à obtenir une victoire décisive sur les Romains,
se fâcha avec ses alliés grecs et syracusains, et fut finalement
battu à Bénévent en 275 avant J.‑C. Il se retira en Épire, où il
fut finalement assassiné. Après le départ de Pyrrhus, Tarente
se soumit à Rome. En 272 avant J.‑C., elle se rendit, après un
long siège, au consul Lucius Papirius Cursor.
Sous l’impulsion duConsul Spurius CarviliusMaximus, Tarente
devint une cité alliée de Rome, elle connut une grande période
de prospérité qui perdura jusqu’à la seconde guerre Punique
(221‑202 avant J.‑C.). Tarente, alliée de Rome dans un premier
temps, se rallia finalement à Hannibal en 213 avant J.‑C. La
garnison romaine, réfugiée sur l’acropole de Tarente, résista
pendant cinq ans. La ville fut définitivement soumise par Fabius
Maximus en 209 avant J.‑C. qui réduisit la plus grande partie
de la population en esclavage, trente mille personnes selon
Tite-Live (XXVI, 39).
CALABRE - TARENTE (V
e
- III
e
siècle avant J.‑C.)
T
arente, fondéevers706avantJ.‑C.par lesParthénopéens,
était la seule colonie de Sparte. En effet, d’après la
mythologie, la cité aurait été fondée par Phalanthos, sur
ordre de l’oracle de Delphes, non loin de l’embouchure de la
rivière Taras. Une autre tradition antique raconte comment la
cité fut fondée par Taras qui était le fils de Poséidon et de la
nymphe Satyra. Il fut sauvé lors d’un naufrage par un dauphin
qui le déposa près de la future cité et son nom désigne la ville.
Il se trouva que les deux héros furent confondus. Tarente était
la seule cité importante de cette région appelée Calabre par les
Romains et districts de Messapia et de Iapygia par les Grecs.
La nouvelle colonie prospéra rapidement et devint l’un des
ports les plus importants de Méditerranée Occidentale grâce
aux nombreux avantages, liés à sa situation géographique,
à la richesse de son arrière pays avec des terres cultivables,
des élevages réputés, le travail de la laine. Les Tarentins
étaient des éleveurs et dresseurs de chevaux fameux. Mais
elle était aussi réputée pour son vaste port sécurisé qui lui
permit d’établir de fructueuses relations avec ses voisins et
en fit un des principaux ports de la Méditerranée Occidentale.
La cité était reconnue aussi pour la qualité de sa pourpre,
réalisée grâce à la collecte du murex, coquillage permettant
d’obtenir la coloration si particulière. Le système politique
de Tarente devait être calqué sur celui de sa métropole Sparte
et Hérodote (I, 36) signale un roi contemporain de Darius I
er
(521‑486 avant J.‑C.).
Le culte d’Apollon Hyakinthos y était célébré et son origine
spartiate est indéniable. À partir de 380 avant J.‑C., les
destinées de Tarente se retrouvèrent entre les mains d’Archytas
de Tarente (460‑360 avant J.‑C.), philosophe pythagoricien,
ami de Platon, mathématicien, astronome, homme politique
et général qui fut placé sept fois à la tête de sa cité. On le
donne pour l’inventeur de la vis, de la poulie, de la crécelle
et du cerf-volant. Horace lui consacra une ode. La fondation
panhellénique de Thurium en 443 avant J.‑C. avait donné
naissance à un conflit qui devait opposer Tarente à Athènes
pendant plus de trente ans à partir de 436 avant J.‑C. Les deux
cités rivales avaient fini par fonder Héraclée en 432 avant J.‑C.,
néanmoins sous influence tarentine. Les Tarentins finirent par
s’imposer sur les villes de Métaponte et de Siris. Archytas,
dans la première moitié du quatrième siècle avant J.‑C., devint
le stratège de la confédération italiote dont la capitale était
Héracléeetquiregroupait,outreTarente,MétaponteetThurium,
Crotone, Vélia et Naples. Cette période d’hégémonie tarentine
prit fin avec la mort d’Archytas et fut le point de départ des
interventions de généraux mercenaires comme Archidamos
de Sparte, Alexandre le Molosse ou Pyrrhus d’Épire. Tarente
dut lutter contre les Lucaniens et fit appel en 345 avant J.‑C.
2.
Nomos, statère ou didrachme, c. 340‑332 AC.
,
Tarente, Calabre, étalon italo-tarentin, (Ar, Ø 21,5 mm,
12 h, 7,82 g). (pd. th. 8,00 g).
A/
t-L// KAL/ D.
Cavalier galopant à droite, armé de deux
javelines transversales et d’un bouclier de la main gauche,
brandissant une javeline de la main droite.
R/
TARAS/ ARI
. (Tarente/ Aristoxenos). Taras nu, che-
vauchant un dauphin à droite, tenant un casque à cimier de
la main gauche et étendant la main droite ; de chaque côté
une étoile à huit rais des Dioscures.
Exemplaire sur un flan large ovale, parfaitement centré des
deux côtés avec une partie du grènetis visible au droit ce qui
estexceptionnelavecunpetitécrasementdeflanperceptible
des deux côtés. Très beau cavalier où tous les détails de la
musculature sont visibles. Au revers, il en est de même
pour Taras où les traits du visage sont visibles. Magnifique
patine de médaillier gris foncé avec des reflets mordorés et
bleutés irisés. Conserve une partie de son brillant de frappe