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TRÉSORS Il : LA TRISTE HISTOIRE

DES MONNAIES GAULOISES...

En 1956, J.-B. Colbcn de Beaulieu citait Adrien Blanchet ;

11

!ffaut d'autN's métlrcxles

de

travail

et

apporter

à

/'é111de

des

dépôts

mo11étain'S (...) une at1entio11 plus grande que

celle prêtée autrefois

à

celle source, encore mal exploitée. de renseignem(!J1(r nomhr<!llXet

précieux. Aupar(fV(Jnt. dans les dépôts. 011 clrerchait surtout les pièce.• rare.• : la vole

fa–

conde est ailleurs (...) Et ceux qui auront la cha11ce d'avoir sous la main des cacltct1es

anciennes de monnaies auront aussi le devoir d'opporter

la plusgrande précision

à

l'inventairede ces dépôts.

»

Cette remarque bicn que penincnte, ne semble

pas

avoireu beaucoupd'écho. Mis

à

part

J.-B.Colben

de

Beaulieu qui,

de

sa rencontreavecles monnaiesgau-

loises

à

sadisparition, n'a

cessé

deseconsacrer

à

l"étude

des trouvailles monétaires gauloises et plus particulière–

ment armoricaines, force est de constater que peu de trésors gaulois ont été étudiés en

profondeur.

La présente vente propose une large diversité de trésors, toutes époques confondues.

Cependant, les quelques monnaies gauloises ne sont que des échantillons de trou–

vailles anciennes déjà publiées. Comment se fait-il qu'aucun trésor de monnaies gau–

loises (ou même mérovingiennes) n'arrive sur le marché?

Beaucoup viendront me contredire en citant la vente du trésor des Sablons (du Mans)

du 27 mars 2001. Est-ce un bon exemple ? Une sombre.

louche, tragique et macabre histoire dans laquelle une

partiedutrésorest vendue avant mêmequ'une étude de l'en-

sembleaitété faite et publiée...oùaucune référencen'estaccessible, si ce n'est le sommaire

catalogue de vente, qui plus est épuisé. Et qu'en est-il quatre ans après ?

Comment expliquer qu'Adrien Blanchet fasse, en 1905, l'inventaire de plus de trois

cents trésors de monnaies gauloises? Durant le demier siècle, n'y a-t-il eu. nu mieux,

que quelques dizaines de trésors découvens (ce siècle qui a vu entre autre l'invention

du détecteurde métaux)?

Le

nc:cud du problème se trouve cenainement ici.

Au XIX' siècle, les trouvailles étaient centrali–

séespar

dessavants locauxeux-mêmecollection–

neurs qui faisaient connaître (même sommaire-

ment) le contenu de ces découvcncs. Désonnais,

la pratique de la législation est devenue tellement

dissuasive qu'elle tue la déclaration

à

force de soup–

çonner toujours l'inventeur de recherche au détecteur.

li

est quand même fabuleux de conslllter que le nombre de trésors découverts avant

l'invention du détecteur, et donc fonuitement par pur hasard, est largemeot plus grand

que celui des trésors déclarés depuis l'invention du détecteur

1

N'est-<:<:

pas

la preuve que

les soupçons systématiques, voire les franches calomnies et frnudes conduisent les décou–

vreurs de hasard et donc propriétaires légitimes aux yeux de la Loi

à

taire leur découvenc et

à

en foire

perdre

à

tous le bénéfice de l'inventaire,

de

l'étude et de la publication ?

Combicn de

trésor

de

monnaies gauloises sont-ils

décou~"Ct!S

chaque

année

cn France.

par

des

particuliers

qui

ne demanderaient rien

de

mieux

que

de

déclarer

et

faire

connaitre leur

trou·

vaille? Mais les craintes sont établies

et

le

bouche

à oreille les colporte : «ils vont dire

que

c'est tr0uvé au détecteur, ru vas avoir des ennuis», « on va tout te saisir »... Que faire

donc

de ce

trésor de

35 statères d'or, tous identiques, ou de

14

bémi-statères ou

de

plusieurs kilogrammes de bronzes sénons ou encore de 170 drachmes

?

Quelques-uns

sont conservés dans leur intégralité, dans l'auente de jours meilleurs.

La

vie étant ce qu'elle est, d'autres sont tentés d'arrondir

leur

fin

de mois, en alimentant le «marché souter–

rain », en vendant à la sauvette ou

à

des mercantis

qui se chargent de distiller la marchandise. Quoi

qu'il en soit. l'infonnation est irrémédiablement

perdue.

Si cenains 811:Mologues sont prêts

à

travailler

aveccenains prospecteurs, à accueillir sans les fou–

dres

de la Loi les déclarations spontanées, afin de

sauver l'information, d'autrcS, par jalousie ou autre

(pro-

tectionnisme corporatiste

?)

préfèrent pratiquer le soupçon

systématique, et sont ainsi

à

l'origine de la pene totale de tant d'informations cl de

publications...

Encore une fois : il y a moins de trésors gaulois déclarés en France depuis l'invention du

détecteur qu'avant. Cesl un comble

!

L'époque où l'amateur ayant connaissance d'une trouvaille de hasard avait la possibilité de

l'acheter intégralement el directement

à

son découvreur, el ensuite de la déclarer et de la publier, est révolue... quel dommage

pour

les études celtiques

!

Voici résumées les raisons

pour

lesquelles les 53 monnaies suivantes proviennent

de

quatre

trésors

différents. décou'cns <."Dtre

les

années

1930

et

1973. Mis

à

part

les six statères deTrébry, fcnscmble provient de la collecùon

de

J.-B. Colbcn

de

Beaulieu.

Samuel GOUET

Samuelli1cgb li'

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