INTRODUCTION
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LES MONNAIES GRECQUES :
UNE COLLECTION D’AVENIR
M
ONETAE 17
est le premier catalogue consacré aux monnaies grecques en
2016. Avec un peu plus de 900 monnaies, il a l’avantage de présenter plus de
250 monnaies nouvelles, classées et mises en ligne depuis le mois de janvier, et
plus de 150 monnaies avec de nouveaux prix. Les prix des monnaies proposées sont très
variés, de 40 à 24 000 euros pour un rare décadrachme de Syracuse de Kimon ; une des
pièces maîtresses de l’art Grec de la fin du V
e
siècle avant J.-C. Nous avons mis l’accent dans
MONETAE 17
sur les monnaies divisionnaires d’argent et les monnaies de cuivre qui sont
parfois moins connues et surtout moins collectionnées. Quand nous pensons que les graveurs,
à une époque où la loupe et le microscope n’existaient pas, ont réussi parfois à réaliser de purs
chefs d’œuvre sur des espaces mesurant à peine plus de dix millimètres de diamètre, que seul
l’agrandissement photographique permet de remettre en valeur, nous restons sans voix.
Pourquoi les monnaies Grecques connaissent-elles une telle faveur auprès des collectionneurs ?
Ce sont les premières monnaies, les plus anciennes dont les premiers témoignages remontent
à la deuxième moitié du VI
e
siècle avant J.-C. Elles ne sont pas gravées dans le marbre,
comme les temples ou les statues, mais inscrites dans le métal (électrum, or ou argent). Elles
ont survécu au travers de plus de vingt siècles d’Histoire. Elles ne sont pas « corrompues ».
Intactes, les monnaies grecques continuent de nous livrer leur message. Premiers multiples de
l’Histoire, témoignages d’une production de masse dont il ne subsiste qu’une infime partie, les
monnaies nous délivrent un message intelligible, venu du passé, qui a encore un sens pour les
sociétés actuelles. Les monnaies grecques antiques sont en fait dans leur représentation « très
modernes » et reconnues comme telles par nos sociétés. Elles nous interpellent. Elles sont le
lien à l’histoire universelle, l’Histoire tout court. Leur espace géographique, pour une époque
où le pas, une unité de distance, est gigantesque, s'étend des colonnes d’Hercule (Gibraltar)
aux confins de l’Asie, sur les bords de l’Indus. L’aventure d’Alexandre le Grand, plus de
2 300 ans après sa mort, continue de nous faire rêver. Les Romains ont fini par vaincre la
Grèce, mais le monde grec a triomphé de son vainqueur et lui a donné ses lettres de noblesse.
La beauté des monnaies grecques reste inégalée, comparée à l’aune des autres monnayages.
Mais au-delà de la beauté plastique de l’œuvre, ce qui nous émeut le plus, c’est l’épigraphie,
l’écriture qui les accompagnent et les ornent, pratiquement dès leur création, et qui les rend
intelligibles pour qui prend la peine de les lire et de les comprendre. Aujourd’hui, dans nos
sociétés, l’enseignement du grec s’estompe avant de disparaître complètement, peut-être ? Le
grec ancien d’aujourd’hui sera peut-être le hiéroglyphe d’hier, avant Champollion. Mais la
magie subsistera. Cette attirance est telle que, sans connaître, nous sommes attirés par quelque
chose qui nous dépasse !
En attendant, les monnaies grecques de
MONETAE 17
sont bien là, présentes et vivantes,
et n’attendent que de nouveaux propriétaires qui continueront à les aimer et les faire vivre au
travers du temps qui passe.
Laurent SCHMITT