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BANQUE DE FRANCE, XX
e
SIÈCLE
La Trouvaille de l’Écluse...
Années 70, sud de la France. Mme L., commerçante, va rendre visite, comme à
son habitude, à son banquier afin qu’il lui échange quelques pièces et billets usa-
gés contre des beaux exemplaires bien neufs. Elle prend ainsi une trentaine de
10 Francs Berlioz.
C’est une habitude dans la famille, les économies, comme l’argent distribué aux
anniversaires, se font en billets et de la plus belle qualité possible. Le volume ayant
aussi son importance, la faciale choisie est la plus petite qu’il soit : 10 Francs.
Ce jour-là pourtant, est inhabituel, à l’occasion d’un anniversaire, Mme L donne
quelques 10 F Berlioz à son fils, le bienheureux s’en saisit et, habitué sans doute
à bien regarder les billets, constate immédiatement un problème... son voisin sur-
pris lui-aussi, s’exclame en riant « Ce sont des billets de la Sainte-Farce ! » les
exemplaires font le tour de la table, aussi étrange que cela puisse paraître : ils ne
sont pas signés !
Après avoir regroupé les 30 billets sortis de la banque, 24 présentent cette ano-
malie. La surprise est totale et bien des gens auraient sans doute ramené immé-
diatement les fautifs chez le banquier qui se serait empressé de les faire détruire,
mais pas dans cette famille dont le père est immédiatement conscient de l’intérêt
d’une telle trouvaille, les exemplaires sont réunis et seront donc conservés tels
quels. (nota : les numéros 96126 et 96127 manquent à la série, il est probable
qu’en comptant le banquier les a placés ailleurs, pas moyen de savoir s’ils étaient
signés ou non).
Trente ans plus tard...
2007, lors d’un rangement, le fils de Mme.L retombe sur le petit paquet de billets,
au cours des trente années qui se sont écoulées, les Berlioz ont attendu leur
heure, même si sur certains l’épingle a laissé une petite marque de rouille, leur
qualité est restée intacte. Le souvenir de l’histoire est resté, et fidèle à l’idée de son
père il se met en quête de savoir si ces billets non signés ont désormais un intérêt.
C’est ainsi qu’après quelques recherches sur internet, la constatation est claire : la
trouvaille est devenue un vrai « trésor » et les billets de la Sainte-Farce comptent
parmi les plus grandes raretés du XXe siècle !
Voilà donc comment survient l’impossible : 38 exemplaires étaient connus pour le
«sans signature» et seuls 3 pour l’alphabet 13. Avec ces 24 exemplaires supplé-
mentaires c’est l’espoir pour 24 collectionneurs d’avoir enfin la possibilité de com-
bler ce manque. D’après M.L, il semble aussi qu’un autre commerçant du village
ait eu quelques billets de cette série, mais n’ayant pas repéré l’anomalie (si elle
était présente, ce qui est peu probable hormis sur les numéros 96101, 96126 et
96127) et il les aurait utilisés avant que Mme.L ne lui en parle.
Monsieur L. nous contacte, achète sur nos conseils le livre de Claude Fayette, et
voici la trouvaille de l’Ecluse publiée et offerte dans le BN043... Pourquoi « Trou-
vaille de l’Écluse » ? Le choix de la famille. C’est le privilège du découvreur d’un
trésor ou de celui qui exhume une trouvaille de sa cachette de lui donner le nom
qui restera pour la postérité.