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Bulletin Numismatique n°239 50 Dans la prochaine LIVE AUCTION du 5 mars 2024, pour la première fois CGB propose un rarissime exemplaire de la pièce de 40 francs or de Charles X pour le millésime 1826 de l’atelier de Paris, frappée seulement à 56 exemplaires et 6 échantillons. Afin de comprendre cette fabrication, Maureen Chlous a interrogé Philippe Théret, l’un des auteurs du Franc les Archives, publié en 2019 et qui prépare actuellement avec Michel Taillard, un ouvrage consacré au monnayage de Charles X (le Franc, les Essais, les Archives qui sortira en fin d’année !) Maureen Chlous : Que peut-on dire sur le chiffre de fabrication de la 40 Francs 1826 ? Philippe Théret : Seulement 62 exemplaires ont été frappés le même jour dont 6 ont servi comme échantillon pour vérifier notamment le bon respect des tolérances dans la composition métallique. 56 exemplaires ont ainsi été mis en « délivrance » le 5 avril 1826. La date de délivrance pouvant être différente de quelques jours de la date réelle de fabrication. Maureen Chlous : Mais comment expliquer qu’il y a eu 50 000 exemplaires en 1824, rien en 1825 puis seulement 56 exemplaires en 1826 ? Philippe Théret : Tout d’abord, il faut savoir que les 50 000 exemplaires au millésime 1824 n’ont pas été produits en 1824 mais en 1825 ! En effet le concours monétaire qui doit définir les effigies du nouveau roi ne verra sa conclusion que le 28/04/1825 avec le graveur Michaut qui remporte le prix pour la 5 Francs et la 40 Francs. Les premières frappes de 40 Francs et de 5 Francs ont lieu le 22/05/1825. Une ordonnance royale en date du 1er mai 1825 annonce que 4 millions de francs seront produits en pièces de 5 et 40 Francs mais au millésime de 1824 ! Les 50 000 monnaies de 40 Francs or, représentant donc 2 millions de francs, sont ainsi produites du 22 au 28/05/1825 en 15 délivrances. Maureen Chlous : Ce quota au millésime de 1824 a donc été produit relativement tôt. Il y avait donc largement le temps, 7 mois, pour produire des monnaies au millésime de 1825. Pourquoi cela n’a pas été le cas ? Philippe Théret : Il s’est passé en effet quelque chose d’important. Les pièces de 40 Francs ne donnent pas satisfaction. Avec une frappe normale, tous les reliefs de la pièce ne sortent pas correctement. Cela arrive quand les reliefs gravés les plus importants d’une face ne correspondent pas à des reliefs plus faibles de l’autre face en vis-à-vis. On n’est pas dans l’art de la médaille mais dans l’art monétaire où on n’a le droit qu’à une seule frappe. Aussi pour avoir les reliefs remplis des deux côtés, il n’y a pas d’autres moyens que de frapper très très fort pour compenser la mauvaise répartition des gravures des deux faces. Mais quand on frappe très fort, on casse plus facilement et plus rapidement les coins. La première journée de production correspondant à 12 400 monnaies a nécessité pas moins de 2 coins d’avers et 12 coins de revers ! Maureen Chlous : Et c’est beaucoup ? Philippe Théret : C’est énorme ! A cette époque, une seule paire de coins suffit normalement à produire de 35 à 40 000 monnaies. Maureen Chlous : En effet, on en est très très loin… Suite à ce constat, que s’est-il passé ? Philippe Théret : L’Administration des Monnaies, en concertation avec le ministre des Finances, a décidé d’aller jusqu’au bout du quota des frappes au millésime de 1824 puis d’attendre que le graveur Michaut retouche significativement la gravure de l’avers pour ne plus subir ces pertes financières sur la production. Maureen Chlous : Pourquoi seulement l’avers ? Philippe Théret : Principalement l’avers car le revers était imposé, c’est celui déjà présent pour les monnaies de Louis XVIII et qui donnait grande satisfaction. Maureen Chlous : Je suppose que le graveur Michaut n’a pas eu le temps d’effectuer les retouches nécessaires en 1825, ce qui aurait permis des frappes au millésime de 1825 ? Philippe Théret : C’est tout à fait cela Maureen. Michaut doit prioritairement travailler sur les autres faciales des mon40 FRANCS 1826 A

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