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Bulletin Numismatique n°239 43 Hardi : Les hardis et liards au dauphin du royaume, de Guyenne, de Provence et de Bretagne restèrent à 3 d. AR et 234 au marc de 1488 à 1507, tandis que le liard du Dauphiné, qui conserva sous Louis XII ses conditions de 1488 (2 d. 16 gr. AR et 210 au marc) à Crémieu et Grenoble, fut battu dans le même temps à Montélimar – et peut-être aussi à Romans ? – à celles du royaume. Si l’on en croit le registre Lautier-Favier, les conditions « normales » du liard delphinal – c’est-à-dire de celui de Grenoble – auraient été étendues au début du règne de François Ier aux hardis du royaume et de Bretagne23. Mais les données de ce registre, souvent reprises par F. de Saulcy, sont parfois erronées et doivent être considérées avec beaucoup de précautions. On ne connaît aucun mandement ou compte de fabrication confirmant cette indication, et si une frappe de liards semble bien attestée à Bayonne au premier semestre 151524, aucun hardi de François Ier autre que celui frappé à Turin en 1538 n’a à ce jour été retrouvé. On est donc bien en peine pour déterminer les conditions de ces hardis frappés après 1507 et caractérisés par la croisette initiale des légendes ; mais le maintien des types originaux permet là encore de supposer que, comme pour les doubles tournois, les poids et titre des émissions antérieures furent conservés. CONCLUSION La croisette qui figure au début des légendes de certains hardis de Louis XII, en lieu et place du traditionnel lys couronné, était très vraisemblablement destinée à identifier ceux battus en vertu d’autorisations exceptionnelles postérieures à l’ordonnance du 19 novembre 1507, qui en interdisait normalement la frappe tout en prescrivant l’émission des écus d’or et douzains « au porc-épic », eux aussi caractérisés par une croisette initiale. Il est possible que les doubles tournois émis aussi par dérogation à l’ordonnance à Grenoble en 1512, et qui restent à retrouver, portent la même marque. Aucun document n’indique les poids et titre de ces hardis, mais tout porte à croire qu’ils restèrent identiques à ceux des monnaies frappées jusqu’en 1507. Il ne s’agirait donc pas à proprement parler d’une nouvelle émission, puisque les conditions de l’espèce n’étaient pas modifiées, et la croisette initiale pourrait être considérée comme une « marque de contrôle ». Elle s’apparenterait tout à fait en cela aux signes prescrits pour reconnaître les fabrications de testons et demitestons de François Ier exceptionnellement autorisées dans certains ateliers entre 1542 et 1546, aux mêmes conditions et 23 BnF, Ms. 5524, fo 195, cité par SAULCY, IV, p. 145. 24 SAULCY, IV, p. 154-155 ; BERTAUD 2023, p. 239-240. types que ceux battus depuis le 10 septembre 1521 et dont on avait interdit la frappe le 24 février 154025. Malgré le recensement méthodique des monnaies noires de Louis XII conservées dans plusieurs collections publiques et privées réalisé par Gérard Crépin, nous n’avons pas trouvé d’autres exemplaires portant la croisette initiale que ceux que nous présentons. Nous remercions par avance les numismates qui en auraient connaissance de bien vouloir nous les signaler. Philippe GANNE avec la collaboration de Gérard CRÉPIN BIBLIOGRAPHIE BERTAUD 2023 : Simon BERTAUD, Dauphin et Salamandre : l’apport de la collection numismatique du musée de Dieppe (Seine-Maritime) à la connaissance des monnayages émis sous François Ier, BSFN, 06-2023, p. 238-243. CRÉPIN 2015 : Gérard CRÉPIN, Les Hardis de la Maison de France 1453-1540, Paris, 2015. CLAIRAND, KIND 2017 : Arnaud CLAIRAND, Jean-Yves KIND, Le teston de Louis XII (1513-1514) : genèse et conditions d’émission, RN, 2017, p. 341-369. DUPLESSY 1999 (Dup.) : Jean DUPLESSY, Les monnaies françaises royales de Hugues Capet à Louis XVI, 2 vol., Paris, 1999 (2e éd.). GANNE 1987 : Philippe GANNE, Notes sur la fabrication monétaire en Provence sous le règne de François Ier, dans Rythmes de la production monétaire de l’Antiquité à nos jours. Actes du colloque organisé à la Monnaie de Paris du 10 au 12 janvier 1986, Louvain-la-Neuve, 1987, p. 615 à 629. GANNE 2008 : Philippe GANNE, Collection Philippe Ganne. Monnaies d’Aix-en-Provence, milieu XVe - fin XVIIIe, catalogue de l’exposition du 19 décembre 2008 au 30 avril 2009, Marseille, 2008. LAFAURIE 1951-1956 : Jean LAFAURIE, Les monnaies des rois de France, tome I (Hugues Capet à Louis XII), Paris, 1951 ; tome II (François Ier à Henri IV) en collaboration avec Pierre PRIEUR, Paris, 1956. ORDONNANCES : Ordonnances des rois de France de la troisième race, tome XX (avril 1486-décembre 1497), Paris, 1840 ; tome XXI (mai 1497-novembre 1514), Paris, 1849. SAULCY : Félicien de SAULCY, Recueil de documents relatifs à l’histoire des monnaies frappées par les rois de France depuis Philippe II jusqu’à François Ier, tome III (1422-1498), Mâcon, 1887 ; tome IV (1498-1548), Mâcon, 1892. 25 LAFAURIE 1956, p. 39-40. UNE DEUXIÈME ÉMISSION DU HARDI DE LOUIS XII ?

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