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Bulletin Numismatique n°239 40 Parmi la trentaine de hardis de Louis XII répertoriés dans l’ouvrage de Gérard Crépin1 figurent quelques exemplaires des ateliers d’Aix-en-Provence (type 4, no 1, p. 164 ; fig. 1) et Bordeaux (type 6, nos 1-4, p. 110-111 ; fig. 2) qui méritent une attention particulière. En voici les descriptions : Atelier d’Aix-en-Provence : D/ Ø LVDOVICVṢ ᛬ FRAPORV ᛬ RPX ᛬ P Le roi à mi-corps tenant l’épée et le sceptre R/ Ø SIT ᛬ \OMP\ ᛬ D\I ᛬ BP\PDITVM Croix pattée cantonnée de deux lys (2-3) et deux couronnelles (1-4) Billon, 0,88 g ; Dup. 678 varié Atelier de Bordeaux : D/ Ö LVDOVICVS ö FRENC ö REX ö ¸ ö R Le roi à mi-corps tenant l’épée et le sceptre R/ Ö SIT ö NOMEN ö ꝹNI ö BENE ¸ ú R Croix pattée cantonnée de deux lys (2-3) et deux couronnelles (1-4) Billon, 0,50 g à 0,78 g ; Dup. 678 varié Figure 1 Hardi de Louis XII, atelier d’Aix-en-Provence - © G. Crépin Figure 2 Hardi de Louis XII, atelier de Bordeaux - © G. Crépin UN SYMBOLE INITIAL DES LÉGENDES PARTICULIER Ce qui distingue ces hardis de tous les autres exemplaires retrouvés, c’est la présence d’une croisette en début des légendes – cantonnée de quatre points à Aix –, en lieu et place du traditionnel lys couronné qui avait été prescrit par Louis XII le 25 avril 1498, peu après son accession au trône, pour marquer les monnaies frappées à son nom2. Or, la croisette est la marque initiale des légendes de l’écu d’or au porc-épic (Dup. 655) et du grand blanc Ludovicus – plus souvent dénommé douzain au porc-épic (Dup. 672) – créés par l’ordonnance du 19 novembre 1507, en remplacement de l’écu d’or au soleil (Dup. 647) et du grand blanc à la cou1 CRÉPIN 2015, p. 104-111, 158-173. Des hardis de Louis XII n’ont été retrouvés que pour les ateliers d’Aix-en-Provence, Angers (?), Bordeaux et Nantes (Dup. 678-680). Les autres ateliers du royaume et ceux du Dauphiné ont frappé des liards au dauphin (Dup. 681), autre type de la pièce de 3 deniers tournois. 2 ORDONNANCES, XXI, p. 25-26 ; SAULCY, IV, p. 3 : « Continuez […] à faire ouvrer et monnoyer toutes les especes de noz monnoyes […] en faisant mectre, esdites monnoyes, nostre nom de Ludovicus au lieu de Karolus, et, au commencement des lettres d’une chacune espece desdites monnoyes, une fleur de liz couronnée ». ronne (Dup. 664)3. Elle sera conservée par la suite sur les gros de Roi (Dup. 662) et les blancs ou dizains Ludovicus (Dup. 676) ordonnés le 3 février 1512 pour remplacer le douzain4, ainsi que sur les testons (Dup. 660) frappés en vertu des lettres patentes du 6 avril 15145. On est donc fortement tenté de rapprocher ces hardis de l’une ou l’autre de ces ordonnances, et ce d’autant plus volontiers que l’on connait un écu d’or au porc-épic d’Aix portant la même croisette cantonnée de quatre points, le point sous le S de LVDOVICVS et le P final au droit, frappé par le maître Vincent Espiard entre avril et mai 1513 (fig. 3)6 ; et d’autres battus à Bordeaux par le maître Robert Girault avec le même différent R (fig. 4)7. Figure 3 Écu d’or au porc-épic de Louis XII - atelier d’Aix-en-Provence, maîtrise de V. Espiard - BnF, Département des Monnaies, Médailles et Antiques, N 3807 - © gallica.bnf.fr Figure 4 Écu d’or au porc-épic de Louis XII - atelier de Bordeaux, maîtrise de R. Girault - Musée Dobrée de Nantes, N 4418 - © G. Crépin DES AUTORISATIONS DE FABRICATION DÉROGATOIRES Mais l’ordonnance du 19 novembre 1507, loin de prévoir l’émission de hardis, stipulait au contraire « que doresenavant ne seront plus faiz, batuz ne forgez en nosdictes monnoyes aucuns petitz blancs, doubles ne lyars ». Elle n’interdisait toutefois pas de battre des deniers tournois, et dès février 1508 et jusqu’à la fin du règne de Louis XII, plusieurs mandements successifs permirent à la plupart des ateliers du 3 ORDONNANCES, XXI, p. 357-361 ; SAULCY, IV, p. 86-87. Les nouvelles espèces étaient de mêmes poids, titres et valeurs que les précédentes, jugées par trop « corrompues et falcifiées », ce qui avait motivé la modification des types. 4 SAULCY, IV, p. 119. 5 CLAIRAND, KIND 2017, p. 366-368. 6 GANNE 2008, p. 6. On constate sur l’écu d’or au porc-épic comme sur le hardi d’Aix la disparition de la titulature Provincie Comes qui figurait sur les espèces émises auparavant (GANNE 2008, p. 24), et notamment sur les autres hardis issus de cet atelier (CRÉPIN 2015, types 1, 2 et 3, p. 160-164). 7 La présence de Robert Girault à la tête de l’atelier bordelais est attestée dès janvier 1509 (SAULCY, IV, p. 104), et l’existence de douzains au porcépic portant un R en fin de légende, dont la frappe fut interdite le 3 février 1512, laisse penser qu’il prit ce différent dès cette époque. Cette marque se retrouve aussi sur les bourdelois (Dup. 693) frappés entre 1511 et 1514, et est par ailleurs mentionnée dans les registres de fabrication d’août 1513 à mai 1514 (SAULCY, IV, p. 132). UNE DEUXIÈME ÉMISSION DU HARDI DE LOUIS XII ?

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