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Bulletin Numismatique n°239 21 Un statère d’or de Philippe II de Macédoine : quoi de plus courant dans un catalogue de vente ? Oui en effet, mais pas seulement : c’est le cas dans la prochaine Live Auction du 5 mars 2024. C’est la raison pour laquelle nous avons choisi de nous pencher sur ce statère, si connu depuis la parution de l’ouvrage de Georges Le Rider en 1977 : Le monnayage d’or et d’argent de Philippe II, frappé en Macédoine de 359 à 294 et reste, près de cinquante ans après sa parution, l’ouvrage indispensable afin d’appréhender ce monnayage. Notre statère a été fabriqué dans l’atelier de Pella près de quinze ans après le début du règne de Philippe II en 359 avant J.-C. C’est au moment où Philippe est en train de mettre la main sur la Grèce avant l’affrontement final de Chéronée en 338 avant J.-C., qu’il triomphe d’Athènes et de Thèbes. Georges Le Rider a déterminé trois groupes principaux pour l’atelier de Pella entre 345 et 310 avant J.-C. Parmi ces groupes, le premier et le plus ancien, est numériquement le plus faible. Avec le différent d’une grappe de raisin placé sous le bige, il avait relevé en 1977, 40 exemplaires pour 20 combinaisons (n° 10 à 29) avec onze coins de droit (A/ 5 à 15) et douze coins de revers, soit un indice charactéroscopique de 3,64 pour les avers qui rend son échantillon valide. Tandis que pour l’ensemble du premier groupe de l’atelier de Pella, nous avons un total de 101 exemplaires pour 59 combinaisons avec 28 coins de droit et 48 coins de revers. En réalité, ce statère est beaucoup plus rare qu’il n’y paraît, raison pour laquelle nous avons choisi de vous le présenter et de revenir sur le règne de Philippe II, conquérant magnifique, disparu au moment où il allait entamer une guerre contre l’ennemi irréductible, l’empire Achéménide. MACÉDOINE - ROYAUME DE MACÉDOINE PHILIPPE II (359-336 avant J.-C.) Philippe de Macédoine était le frère de Perdiccas III (365-359 AC.), tous deux fils d'Amyntas III (381-369 AC.). Leur frère aîné Alexandre II fut assassiné par Ptolémée qui reçut la régence pour Perdiccas III et Philippe II (369-365 AC.). Ptolémée fut finalement tué par Philippe II en 365 avant J.-C. tandis que son frère trouvait la mort en combattant les Illyriens six ans plus tard. Philippe II commença la conquête du monde grec à partir de 357 avant J.-C. Il fut l'ennemi infatigable d'Athènes et de Démosthène. Il s'empara d'Amphipolis en 357 avant J.-C. et mit vingt ans à conquérir la Grèce. La victoire de Chéronée couronnait son œuvre en 338 avant J.- C. Il fut assassiné en 336 avant J.-C., à l'instigation de sa première épouse, Olympias, qui avait peur de voir son fils Alexandre dépossédé du trône de Macédoine après la naissance d'un garçon issu d'un second mariage Statère d'or, Pella, 345/340-342/336 avant J.-C. (Or 8,57g, 17 mm, 6 h) A/ Anépigraphe Tête laurée d’Apollon à droite sans baies dans la couronne. R/ ΦΙΛΙΠΠΟΥ (de Philippe) Bige galopant à droite, conduit par un aurige, tenant les rênes et le kentron ; sous le bige, une grappe de raisin. ANS 124 – Le Rider 24 – HGCS 3.1/ 844 R SUP/ TTB+ 3 000€/5 500€ Superbe exemplaire sur un flan idéalement centré des deux côtés. Magnifique portrait d’Apollon. Revers agréable. Patine de collection. Notre exemplaire est de même coin de revers que deux exemplaires du trésor du commerce vers 1930 (Prinkipo, IGCH 1239, composé de près de 250 pièces dont 160 Cyzicènes en électrum dont 27 statères de Philippe II). Avec ce coin de revers (R/ 15) qui présente la particularité de montrer l’essieu du char et, derrière la jambe du cheval, une partie de la seconde roue du char, nous avons deux combinaisons Le Rider 19 et 24 pour un total de 7 exemplaires. Cependant, notre exemplaire ne semble pas des mêmes coins de droit (A/ 9 et 11) et donc, notre exemplaire appartiendrait ainsi à une nouvelle combinaison non recensée dans l’ouvrage de G. Le Rider, ce qui n’est pas si courant ! Derrière un type générique, considéré comme courant, peut se cacher une rare variante, voire un inédit, un exemplaire non recensé ou inconnu des grands ouvrages de référence, raison pour laquelle il faut toujours regarder attentivement n’importe quel exemplaire, même si il vous paraît banal au premier abord. Enfin, si notre exemplaire n’a pas inspiré directement les premières imitations précoces du monnayage celtique, si les graveurs avaient eu un exemplaire de ce type entre les mains, ils n’auraient pas manqué de le copier et de l’imiter, en raison de la présence de la grappe de raisin. Marie BRILLANT et Laurent SCHMITT LE STATÈRE D’OR DE PHILIPPE DE MACÉDOINE : UN MODÈLE POUR L’EUROPE Lh49 : 65€

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