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Bulletin Numismatique n°234 20 ceci n’affecte probablement pas le rapport de rareté relative des deux variantes. En revanche, le rapport des productions est en réalité probablement plus en faveur de la variante AVGG, dans la mesure où les collections tendent à sur-représenter les variantes rares. Les exemplaires AVG présentent une variété de coins de revers qui exclut l’hypothèse d’une double erreur de graveur (sur chacun des types PROVIDENTIAE et VIRTVS). Il convient donc d’en déduire que la disparition de ce 2nd G correspond à une décision officielle, excluant toute initiative de graveur. On observe par ailleurs – d’après les 13 exemplaires photographiés dans la base nummus-bible II – que ces monnaies AVG ont guère circulé et que leurs coins étaient souvent frais. Ceci nous conduit à conclure : - qu’elles ont été produites en toute fin d’émission. Les séries « porte de camp » furent remplacées par des séries de célébration (VRBS ROMA et CONSTANTINOPOLIS) et GLORIA EXERCITVS d’un poids réduit de 20% : ceci aura provoqué un retrait officiel massif et une rapide thésaurisation des « porte de camp » avant qu’elles n’aient beaucoup circulé, ce qui est particulièrement visible sur les AVG ; - qu’une proportion significative des coins de l’émission AVG n’ont pas été utilisés jusqu’à usure, ce qui atteste d’une courte série. SERAIT-CE LA SEULE TRACE NUMISMATIQUE DU DÉCÈS D’HÉLÈNE ? Le décès d’Hélène intervient au cours de cette phase T-F. Nous suggérons donc que le double G associait le prince et l’Augusta senior dans ces légendes et que la disparition du 2nd G serait directement liée à ce décès. L’absence de la 2nde officine dans cette variante AVG pourrait d’ailleurs s’expliquer par sa mise en sommeil dans l’attente de la série suivante, l’émission du type SECVRITAS pour Hélène étant arrivée à son terme du fait de la disparition de l’Augusta. La production de la variante AVG serait donc à situer dans une période transitoire de quelques mois séparant le décès d’Hélène de la première émission du nouveau type GLORIA EXERCITVS (datée de 330 par le RIC), la seule officine P étant alors en activité. Si Hélène est décédée en août 330, cette variante aura donc été produite au 3e trimestre de 330, les monnaies de célébration et GLORIA EXERCITVS apparaissant au dernier trimestre. Singulièrement, les autres ateliers de l’empire ne modifieront pas la légende des types « porte de camp » en fin d’émission : ils maintiennent AVGG jusqu’au bout. L’atelier arlésien aurat-il achevé cette émission quelque temps après les autres ateliers, de sorte qu’il aura pu corriger la légende de ses derniers coins ? On sait que les émissions du IVe siècle ne suivaient pas un calendrier précis, mais collaient au besoin local en numéraire. Cette « disparition » du second G du fait du décès de l’un des conjoints impériaux eut un important précédent lors de l’interrègne assumé par Séverine en 275 : sur le type CONCORDIA émis de 270 à 274, le revers des monnaies affiche AVG car Séverine n’est pas encore élevée au rang d’Augusta. Après son élévation, Séverine apparaît au droit de monnaies, dont la légende de revers devient CONCORDIA AVGG. Enfin, lors de l’émission 7 d’Antioche consacrée à la seule Séverine (après le décès d’Aurélien), la légende de droit intègre les épiclèses P(ia) F(elix) – inhabituels pour une impératrice - et la légende de revers redevient CONCORDIA AVG, tandis que le personnage masculin a perdu ses attributs impériaux et que le personnage de Concordia voilée est remplacé par l’image de Séverine non voilée (1). AVG : 270-274 (CGB n°brm_793069) AVGG : 274-275 (vente H.D. Rauch n°88 lot 590) AVG : fin 275 (université d’Eichstaett-Ingolstadt) Cette rare variante AVG des émissions arlésiennes « porte de camp » nous semble donc porter la trace du décès d’Hélène en août 330 : de ce fait, elle revêt un intérêt historique certain. Olivier GUYONNET (1) Sylviane Estiot, Monnaies de l’Empire romain. XII.1 – D’Aurélien à Florien (270-276 après J.-C.), p. 123. TRACE NUMISMATIQUE DE LA MORT D’HÉLÈNE (330 AP. J.-CH.)

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