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Bulletin Numismatique n°231 34 L’arrêt rendu le 16 octobre 1643 par le Conseil d’État du Roy, en vue de l’application de l’article 9 du traité de Péronne contracté le 14 septembre 1641 entre Louis XIII et Honoré II de Monaco1, accordait la libre circulation en France des monnaies d’or et d’argent du prince de Monaco, sous réserve que ces monnaies monégasques soient de même métal, poids, titre, remède et valeur que les monnaies françaises correspondantes. En revanche, les petites espèces monégasques de billon et de cuivre étaient exclues de ce privilège2. De cet arrêt du Conseil, confirmé par des lettres patentes de septembre 16443, résultèrent les conséquences suivantes : 1°- L’émission de monnaies alignées sur le système français mit fin aux éventuelles émissions monégasques dans le système monétaire savoyard en vigueur à Nice, comme cela avait été le cas pour la première émission monétaire monégasque de janvier 1640. figure 1 2°- Sur les monnaies d’or et d’argent d’Honoré II frappées à partir d’octobre 1643, le prince de Monaco porte en sautoir la croix du Saint-Esprit que Louis XIII lui a donnée au camp de Perpignan en juin 1642. En outre, ses titres français y figurent : Duc de Valentinois, pair de France, etc. (fig.1) 3°- Les petites monnaies monégasques de billon et de cuivre étant exclues du privilège de libre circulation en France, Honoré II fait frapper en 1648 trois espèces locales destinées à circuler à Monaco : pezetta (piécette) de 3 sols en billon, sol de billon de 12 deniers au motif de Sainte-Dévote, demi-sol de billon de 6 deniers au motif à la croix inspiré du douzain français. Il n’y a plus de monnaies de cuivre en remplacement des pièces de 4 patacs et 2 patacs de cuivre frappées en 1640. Le 23 mars 1652, une déclaration de Louis XIV motivée par les troubles de la Fronde interdit la circulation en France de toutes les monnaies étrangères. A la différence du Parlement 1 Cet article prévoyait l’attribution de terres françaises (duché-pairie de Valentinois, marquisat des Baux de Provence, comté de Carladez en Auvergne, etc.) en compensation des terres italiennes du prince de Monaco confisquées par le roi d’Espagne. Le privilège de libre circulation accordé au prince de Monaco lui permit de lever les hypothèques qui grevaient les terres françaises données par Louis XIII. 2 La rédaction initiale de l’arrêt ne les avait pas exclues. Sur l’original la mention concernant le billon et le cuivre est rayée. 3 L’original de ce document, sur parchemin scellé du grand sceau de cire verte, est conservé aux Archives du Palais princier de Monaco. Il a été exposé à deux reprises au musée des Timbres et des Monnaies (2012,2015). de Dauphiné, siégeant à Grenoble, qui décide que ce décri ne s’applique pas aux monnaies monégasques, le Parlement de Provence, siégeant à Aix-en-Provence, ordonne le décri des espèces monégasques. Honoré II dut alors faire renouveler son privilège de libre circulation par le roi de France. Louis XIV lui donna satisfaction par un arrêt de son Conseil rendu à Pontoise le 31 juillet 1652. Il s’ensuivit alors une nouvelle gravure des espèces monétaires d’argent pour les distinguer des précédentes (fig.2). Il n’y eut pas de nouvelles monnaies d’or immédiatement. figure 2 LA CRÉATION DU DOUBLE TOURNOIS MILLÉSIMÉ 1653 C’est alors qu’Honoré II décida d’ajouter à sa nouvelle série de pièces d’argent (écu de 60 sols, demi-écu de 30 sols, quart d’écu de 15 sols, douzième d’écu de 5 sols) une pièce de cuivre dans le système français des doubles et des deniers tournois, son émission de petites espèces de billon en 1648 (cf. ci-dessus) n’ayant pas eu de suite. Ainsi fait-il frapper en 1653, avec ce millésime, au module de sa pièce d’argent de 5 sols et avec un avers identique, une pièce de cuivre appelée « double tournois ». À l’imitation des doubles tournois français, cette monnaie montre au revers un motif formé par trois fusées monégasques qui imite les trois lis de France ; ces fusées sont placées 2 sur 1 comme les lis français sont placés sur les doubles tournois français (fig.3). figure 3 Pourquoi la fabrication de ce double tournois monégasque de cuivre, millésimé 1653, à la place des trois espèces de billon qui avaient été créées en 1648 et dont Louis Ier reprendra plus tard la fabrication, à partir de 1673 ? En France, tous les doubles tournois, tant royaux que seigneuriaux (Dombes, LES DOUBLES ET LES DENIERS TOURNOIS DE CUIVRE DES PRINCES HONORÉ II ET LOUIS IER DE MONACO

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