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Bulletin Numismatique n°230 29 Encore une fois, dans la prochaine LIVE AUCTION du 6 juin 2023 que nous avons déjà eu l’occasion d’évoquer, sur 778 lots, 384, soit exactement la moitié, sont des monnaies grecques, romaines, provinciales, byzantines et celtiques ! La sélection de monnaies romaines (93) et de monnaies byzantines (146) est remarquable. C’est la raison pour laquelle nous avons souhaité examiner un thème qui est rarement abordé dans les catalogues, celui des monnaies d’argent dans l’Antiquité Tardive. Près d’une trentaine de monnaies d’argent permettent d’illustrer ce propos. Depuis la fin des années 260, le monnayage d’argent a disparu. Il n’était plus qu’en billon (moins de 50 % d’argent de fin) depuis la réforme de Caracalla en 215 avec la création de l’antoninien. Mais ce titre s’est encore affaibli pendant la période de l’Anarchie militaire (235-284) passant de 50 % à moins de 3 % de fin dans le meilleur des cas autour des années 270-280. Le redressement de la réforme d’Aurélien en 274 ne fut que transitoire et le taux de fin de l’aurelianus, nouvelle appellation de l’ancien antoninien, ne dépassait pas 5 % d’argent. Il faut donc attendre la première Tétrarchie (293-305) et la réforme de Dioclétien pour voir réapparaître une véritable monnaie d’argent calquée sur le denier de la réforme de Néron (64) dont la masse s’établit à 3,30 g environ (poids théorique 3,38 g soit le 1/96 livre avec un titre d’argent de plus de 90 %). Nous avons la chance de proposer un argenteus de Galère avec la marque XCVI au revers. Mais cette réforme qui voulait réhabiliter un système monétaire bi-métallique avec la création d’une nouvelle dénomination de cuivre avec une pellicule d’argent (3 % d’argent) est finalement un échec, son poids passant de 10,32 g (1/32 L.) en 294 à 3,38 g (1/96 L.) en 318 et sa valeur étant multipliée par 8, passant de 12,5 à 100 deniers de compte. C’est Constantin Ier qui va recréer un véritable système bimétallique bâti sur le solidus (nouvelle monnaie d’or taillée au 1/72 L. ou 4,51 g) et une nouvelle monnaie d’argent, héritière de l’argenteus (taillée au 1/96 L. au départ et une masse de 3,38 g) qui sera connu ensuite sous le terme impropre de la « silique » lourde puis légère. Une dénomination plus lourde qui se décline en miliarense lourd (5,41 g taillée au 1/60 L) et léger (4,51 g, taillé comme le solidus au 1/72 L.) dont nous présentons cinq exemplaires avec Constantin II, Constans, Constance II, Julien II César et Théodose II. Accolée à ces monnaies d’argent lourdes, le poids de l’argenteus, puis de la silique va se voir alléger passant du 1/96 L., 3,38 g au 1/144 L., 2,26 g en 358 et s'accompagne de divisionnaires dont la demi silique. Ce système va se maintenir en passant de Rome à Constantinople avec des poids allégés pour des siliques, demi-siliques et quarts de siliques. Héraclius créé une nouvelle monnaie lourde d’argent que l’on nomme « hexagramme » (pièce de 6 grammes). Un monnayage « cérémonial » est appuyé sur l’ancien miliarense qui prend le nom de miliaresion, lequel voit son poids de départ divisé par deux passant de 4,50 g à 2,25 g. Il faut attendre le règne de Léon III (717-741) qui va remplacer l’hexagramme par le miliaresion, comme monnaie usuelle d’argent, standardisée avec une masse théorique de 2,25 g (1/144 L.) mais souvent beaucoup plus léger avec un aspect similaire, un flan large et mince et un diamètre d’environ 20 mm. Des divisionnaires vont venir compléter cet ensemble avant de se transformer sous le règne d’Alexis Ier Comnène (1081-1118), mais c’est une autre histoire. Marie BRILLANT et Laurent SCHMITT DE ROME À BYZANCE : L’ARGENT DE L’ANTIQUITÉ TARDIVE

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