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Bulletin Numismatique n°222 31 Notre excellent ami Yves Blot, qui nous fait part régulièrement de ses remarques pertinentes et nous communique de nombreuses information inédites, évoque dans le n°219 du Bulletin Numismatique (mai 2022, p.18), « l’exceptionnelle collection inconnue de Fernand David ». Non, cette collection n’était nullement inconnue car les numismates des années 1890 à 1930 la connaissaient fort bien. Ils étaient d’autant plus conscients de son importance et de sa qualité que, pendant une trentaine d’années, Fernand David leur fit connaître, dans des communications régulières à la Société française de numismatique, une partie des monnaies les plus rares et les plus belles de sa collection. Simplement, comme la collection du général Jacques Lhéritier (monnaies lorraines) et d’autres collections, elle tomba dans l’oubli après la Seconde Guerre mondiale et surtout après que Jean Lafaurie et Pierre Prieur eurent renoncé après 1974 à poursuivre la publication de leur ouvrage Les monnaies des rois de France, prévue en 4 volumes et dont les deux premiers avaient paru en 1951 et 1956. En 1974, Jean Lafaurie avait extrait du tome III (monnaies de Louis XIII à Louis XVI) le chapitre consacré à Louis XV qui fut publié dans le catalogue de la grandiose exposition Louis XV décidée par le nouveau président de la République, Valéry Giscard d’Estaing, lequel prétendait descendre de Louis XV. À ce moment, le départ du Cabinet des médailles de J. Lafaurie et de F. Dumas, à l’initiative de Le Rider, ajouté à la publication des ouvrages de G. Sobin et de R. Victoor, ainsi que du Gadoury-Droulers (1973-1978) sonnèrent le glas du tome III. Pierre Prieur, retraité des affaires, ayant alors quitté la numismatique sans espoir de retour, J. Lafaurie renonça à publier le tome III ainsi qu’à poursuivre la rédaction, déjà entamée, du tome IV. Mais le manuscrit dactylographié du tome III qu’il me donna en 1995 atteste qu’il le tint à jour jusqu’à cette date. J’ai pu ainsi constater que J. Lafaurie était parfaitement au courant de la collection Fernand David. Il en était de même pour tous les grands numismates de la première moitié du XXe siècle, grâce aux présentations régulières à la Société française de numismatique signalées plus haut. Généralement, c’était le grand numismate P. Bordeaux, président de la Société française de numismatique à trois reprises, qui assurait ces présentations et se chargeait de commenter en détail les raretés que possédait Fernand David. C’est ainsi que fut présenté en 1900 le premier écu du Dauphiné aux insignes de Louis XIV millésimé 1702, connu en France. Mon ami Alain Weil, auquel j’ai fourni ce renseignement, le rappelle dans le catalogue de la vente de mars 2022 organisée avec son concours par les Éditions Victor Gadoury de Monaco. Né en 1861, industriel dans le textile à l’abri du besoin, F. David collectionna pendant plusieurs décennies. Le 1er mai 1897, alors âgé seulement de 36 ans, F. David fut promu membre titulaire de la Société française de numismatique dont il n’était jusqu’à cette date que membre correspondant. Vis-à-vis d’un numismate qui n’avait encore rien publié, cette promotion traduisait la reconnaissance de sa-déjà-exceptionnelle collection. En même temps que F. David, trois autres grands numismates furent promus membres titulaires : Gustave Schlumberger, membre de l’Institut de France (Académie des Inscriptions et Belles-Lettres), Roger Vallentin du Cheylard et Maurice Raimbault, ces deux derniers bien connus de nos amis numismates du Dauphiné et de Provence. C’est à partir de cette date que les monnaies rares de F. David furent présentées à la SFN et cela jusqu’à sa mort survenue en 1927, peu après celles de Paul Bordeaux et du Commandant Babut, deux sommités numismatiques en tant que collectionneurs, auxquels il convient de comparer F. David. À la mort de ce dernier, cette collection resta dans sa famille sans qu’un des membres de celle-ci prenne la relève comme le fit en son temps le baron Louis Chaurand avec la collection Gustave Vallier. D’où l’oubli compréhensible de cette collection jusqu’à sa dispersion en mars 2022 à Monaco. À l’exception des chercheurs avisés qui se demandaient où était passée cette extraordinaire collection. On regrettera cependant qu’elle ne pût être vendue au complet à Monaco en mars dernier car une partie en avait été volée durant la guerre de 19391945 et non retrouvée. C’est ainsi que ne figurent pas dans ce beau catalogue de mars 2022 certaines monnaies rares présentées autrefois à la SFN par F. David telles que le rarissime teston de Fénétrange émis par Geneviève d’Urfé en 1635, magnifique exemplaire inconnu de Dominique Flon dans son ouvrage de 2002. Je ne puis que recommander aux amateurs intéressés par les monnaies de F. David de prendre connaissance des P. V. des séances de la SFN entre 1897 et 1927. Ces documents sont à la disposition des lecteurs au Cabinet des médailles de la BnF et sont d’accès très facile car classés en usuels. Ils sont riches d’informations et d’enseignements forts utiles. Merci encore à Yves Blot pour son judicieux commentaire sur la vente de Monaco. Christian CHARLET P. S. Des évènements indépendants de ma volonté m’ont empêché de publier, dans les années 1990, le contenu actualisé du tome III du Lafaurie-Prieur que J. Lafaurie m’avait donné1. Depuis, la dégradation continue de mon état de santé, qui s’aggrave avec l’âge (je suis octogénaire), m’a amené à renoncer totalement et définitivement à ce projet. Cela restera sans conséquence car l’ouvrage de mon ami Arnaud Clairand, en cours d’achèvement, remplacera très avantageusement ce tome III qui restera ainsi à jamais à l’état de manuscrit dactylographié. Par ailleurs, étant obligé de réduire à nouveau mes activités, j’ai renoncé à écrire dans les publications de la S. E. N. A. où j’écrivais depuis 35 ans mais je continuerai à informer les lecteurs du Bulletin Numismatique tant que cela me sera possible. 1 Cet exemplaire est plus complet que le deuxième existant, donné au Cabinet des médailles de la BnF. À PROPOS DE LA COLLECTION FERNAND DAVID

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