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sont inférieures à celles du rayonnement incident. On parle alors de fluorescence. Soumettre un alliage métallique à une telle analyse permet non seulement d’obtenir qualitativement sa composition (de quels éléments il est constitué) mais aussi d’en déterminer les proportions et donc d’avoir sa composition exacte. Cette technique a été employée pour obtenir les compositions d’un lot important de monnaies dites « en métal de cloches », dont nous verrons que l’on s’en éloigne parfois très significa- tivement. COMPOSITIONS DES FAUSSES MONNAIES DITES « EN MÉTAL DE CLOCHES » E n 2015, Franck Davin avait sacrifié deux exemplaires de sa collection à la science pour en faire l’analyse chimique. Les analyses avaient été faites sur les mon- naies après découpe, de manière à avoir les compositions dans tout le volume du métal. Les résultats de ces analyses ont montré des alliages assez singuliers : - Un DÉCIME An 7 A : Cu 77,85 ± 3,10 % ; Zn 15,49 ± 0,72 % ; Sn 4,73 ± 0,96 % ; Pb ~1 % ; Fe < 1 % - Un Décime An 8 A : Cu 75,61 ± 2,66 % ; Zn 19,81 ± 3,92 % ; Sn 3,92 ± 0,80 % ; Pb < 1 % ; Fe < 1 % On y voit tout d’abord que l’on est très loin du titre légal de 98 % de cuivre mais également loin de la composition des cloches de nos églises. Qui plus est, ces deux monnaies ne sont donc pas en bronze mais en laiton puisque l’élément en alliage avec le cuivre est du zinc (Zn). Il présente par ailleurs une composition très bien fixée puisqu’il s’agit manifestement de tombac. Pour aller plus loin dans les réflexions, il fallait pouvoir analy- ser plus d’exemplaires et disposer d’un échantillon représenta- tif, tout en préservant l’intégrité des monnaies. Grâce à la mise à disposition d’un spectromètre de fluorescence X par Barbara Romero (numismate professionnelle à Caen), Marc Bazoge a mené l’analyse sur 84 exemplaires supplémentaires, provenant de sa collection et de celle de Frank Davin. Sur cet échantillonnage plus large et représentatif de la « po- pulation » de monnaies en cuivre non épuré qui nous sont parvenues, on trouve une variété de compositions très large, témoignant de sources particulièrement variées, voire surpre- nantes, même s’il s’agit toujours d’alliages dont la base est le cuivre. Une répartition macroscopique par alliage donne : - 63 exemplaires en bronze - 20 exemplaires en laiton - 1 exemplaire dont le titre en cuivre est pratiquement le titre légal, puisqu’analysé à 97,2 %. Les teneurs en cuivre sont très variables. Elles sont comprises entre 97,2 et 57,7 %, avec une moyenne sur l’ensemble de l’échantillon de 77 %. Pour les bronzes, les teneurs en étain varient entre 5 et 36 %. Les teneurs en zinc des laitons varient entre 7,6 et 38,3 %. Si l’on regarde plus en détail les analyses de notre échantillon de 84 monnaies, il y a tout d’abord deux exemplaires extrêmes : - l’exemplaire avec la teneur en cuivre la plus élevée est à 97,2 % donc très proche des 98 % requis par la loi. Les 2,8 % restant se partagent à parts égales entre du zinc et de l’étain (donc probablement issu d’un mélange bronze/laiton et très certainement partiellement purifié et/ou mélangé avec du cuivre pur pour obtenir une teneur aussi importante) ; - l’exemplaire avec la teneur en cuivre la plus basse présente une composition à 57,7 % en cuivre et près de 38,5 % de zinc en alliage, avec des traces de plomb et de fer. Il s’agit à l’origine, très certainement d’un laiton de marine, dont la composition est ajustée pour résister à la corrosion dans les environnements marins. Entre ces deux teneurs extrêmes en cuivre, on trouve différents alliages dont les compositions sont assez précises pour en donner l’origine. Pour les bronzes, qui représentent 75 % de notre échantillon, nous avons analysé : - 33 exemplaires dont la teneur en cuivre est comprise entre 74 et 79 % avec 19,5 à 24,5 % d’étain. On trouve clas- siquement 2 à 3 % de plomb. De tels bronzes sont issus de cloches. Dans notre échantillon ils ne représentent donc que 39,3 % des monnaies recensées. Une seule monnaie présente la composition exacte d’un bronze de cloches ; - 12 exemplaires dont les teneurs en cuivre varient entre 85 et 91 % correspondant à des bronzes d’armement. Deux d’entre eux correspondent même exactement au « gun Rapport teneur en cuivre/teneur en (étain + plomb) Rapport teneur en cuivre/teneur en zinc Rapport teneur en zinc/teneur en (étain + plomb) Bulletin Numismatique n°213 31

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