cgb.fr

Bulletin Numismatique n°211 29 P oursuivant la mise en vente de mes monnaies par Cgb. fr , conformément à mon annonce de février 2021 dans le Bulletin Numismatique n° 205, voici quelques informations concernant mes monnaies obsidionales. Apparues au XVI e siècle, les monnaies obsidionales, c’est-à- dire frappées pendant des sièges de villes fortifiées, furent nombreuses en Europe au XVII e siècle. Plusieurs furent frap- pées sous les règnes de Louis XIII et de Louis XIV, d’abord pendant la guerre avec l’Espagne (1635-1659) puis pendant la guerre de Succession d’Espagne (1700-1714). LOUIS XIII ET LOUIS XIV AVANT 1659 Après les monnaies de cuivre du siège de Casal en Montferrat (Italie) frappées par le maréchal de Toiras (1630), sont frap- pées pendant la guerre franco-espagnole les obsidionales du siège de Saint-Omer (1638, émission municipale de la ville assiégée par les Français), du siège d’Aire-sur-la-Lys (1641, émission française de la ville assiégée par les Espagnols) et, sous Louis XIV, les monnaies introuvables frappées par le maréchal de Turenne en 1657 dans sa vaisselle d’argent pour le siège de Saint-Venant (fig.1 Saint-Omer 1638, fig.2 Aire- sur-la-Lys 1641) LOUIS XIV DE 1700 À 1714 (GUERRE DE SUCCESSION D’ESPAGNE) : • 1702, siège de Landau . Le lieutenant-général français Ezé- chiel, marquis ou comte de Mélac, gouverneur de Landau assiégée par les Impériaux, fait frapper à ses armes, dans sa vaisselle d’argent découpée, des pièces de 4 livres 4 sols, 2 livres 2 sols et 1 livre 1 sol. À noter qu’à l’époque, Landau, aujourd’hui en Allemagne comme Bouillon en Belgique, était alors en France (Alsace). Ces deux villes furent perdues en 1815 à la suite de la défaite de Waterloo. (fig.3) • 1708, siège de Lille. Le maréchal duc de Boufflers, gouver- neur de Lille, fait frapper dans l’atelier monétaire de la ville, avec du bronze de canon affiné, trois monnaies de cuivre de XXX sols (111 000 ex.) de X sols (42 000 ex., rare) et V sols (48000 ex.) sur lesquelles, à l’exemple de Mélac, il appose ses armes. La pièce de XXX sols montre ses trois colliers des ordres royaux : Saint-Michel et Saint-Esprit, ordres français, ainsi que Toison d’or donnée à Boufflers par le roi d’Espagne Philippe V, petit-fils de Louis XIV, ce maréchal ayant com- mandé en chef l’armée des deux royaumes (France et Es- pagne) combattant aux Pays-Bas et en Flandre française. Suite à une erreur commise par Van Loon en 1737, cette Toison d’or est souvent confondue par les auteurs avec la croix de Saint-Louis (fig.4, 5 et 6) • 1709, siège de Tournai (ville alors française, perdue aux trai- tés d’Utrecht en 1713), qui suit celui de Lille. Découpées dans la vaisselle du gouverneur, le lieutenant-général français Charles de Hautefort, marquis de Surville, ses pièces d’argent de 20 sols montrent son portrait. Cette initiative prétentieuse lui sera reprochée par le gouvernement. Les pièces de 8 sols montrent la date (1709) inscrite dans la légende du revers tandis que les pièces de 2 sols sont refrappées sur d’anciens liards des Pays-Bas et de l’évêché de Liège (fig.7, 8 et 9). • 1710, siège d’Aire-sur-la-Lys . Le lieutenant-général, comte de Guébriand 1 assiégé par les Alliés, fait frapper des pièces d’argent à ses armes dans sa vaisselle découpée (fig. 10 et 11). Les monnaies ci-dessus ont été répertoriées par le capitaine Pierre-Ancher Tobisen DUBY en 1786 ( Recueil général des pièces obsidionales et de nécessité , ouvrage remarquable tou- jours valable), le lieutenant-colonel belge Prosper MAILLIET en 1868 ( Catalogue descriptif des monnaies obsidionales et de nécessité ), l’équipe de Monnaies d’Antan (M. ENGEL, L. FABRE, J. Ph. PERRET, P. WATTIER) en 2015 ( Les Mon- naies obsidionales ), ainsi que, pour plusieurs d’entre elles, par Gérard van Loon en 1732-1737 ( Histoire métallique des XVII provinces de Pays-Bas, édition française, 5 volumes, notam- ment tomes II, IV et V). Pour Louis XIV, cf. Félix BESSY- JOURNET en 1850 ( Essai sur les monnaies françaises du règne de Louis XIV ). On peut y ajouter : - ARBEZ et CHARLET 1996 : Fernand ARBEZ et Christian CHARLET, Monnaies de nécessité frappées pendant le siège de Lille (1708), Cahiers numismatiques n°128, juin 1996, pp.41-45. - CHARLET 2013 : Christian CHARLET, Les monnaies ou pièces françaises du premier siège de Landau, Bulletin de la Société française de numismatique (BSFN) septembre 2013, pp.201-207. - CHARLET 2014 : Christian CHARLET, Le maréchal de la Melleraye et la numismatique (Aire s/ la Lys) dans La Meille- raye : destin d’une famille aux XVII e et XVIII e siècles, catalogue d’exposition, Parthenay, Archives municipales, 2014, p.183. - CHARLET 2018 : Christian CHARLET, Les armoiries des généraux français sur les monnaies obsidionales de la guerre de Succession d’Espagne, dans Héraldique et Numisma- tique IV (Colloque du Havre 2013), Presses Universitaires de Rouen et du Havre, Rouen, 2018, pp.199-210. PS: Dans le n°208 du Bulletin Numismatique d’avril 2021, pp. 24-25, je n’ai pas développé l’information concernant la vente de mes monnaies de Louis XIV au portrait dit « à la mèche courte » frappées à Lyon car ces monnaies ont fait l’objet en 2017 d’une communication à la Société française de numismatique, avec mon ami Emmanuel Henry. Cette communication a été publiée dans le BSFN 72/05 de mai 2017, pp. 150 à 157. Comme elle est illustrée par 17 photos choisies, je ne puis qu’y renvoyer les lecteurs du B.N. d’autant qu’elle suit une communication de mon ami Arnaud Clai- rand sur les frappes de Jean Warin à la Monnaie de Lyon en 1644-1645. Christian CHARLET 1 Écrit aussi Goesbriand, grande famille aristocratique de maréchaux et de généraux. Le grade de lieutenant-général était à l’époque le plus élevé avant celui de maréchal de France. LES MONNAIES OBSIDIONALES FRANÇAISES DE LA COLLECTION CHARLET

RkJQdWJsaXNoZXIy MzEzOTE=