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Bulletin Numismatique n°211 28 E n janvier 2020, j’avais publié dans le Bulletin Numis- matique n°193, p. 29, un compte rendu de trois ventes aux enchères de prestige qui s’étaient déroulées à Mo- naco (quartier de Monte-Carlo) du 14 au 17 novembre 2019. Elles avaient été organisées respectivement par les Éditions Gadoury (Francesco et Federico Pastrone), la maison MDC ( Monnaies de Collection , Nicolas Gimbert), enfin la maison américaine Heritage Fine Arts . Les prix atteints avaient été impressionnants. Ainsi, par exemple, une pièce de 15 sols d’argent pour l’Amérique française (Canada/Québec, Loui- siane, Antilles) avait atteint l’enchère de 165 000€. D’autres lots dépassaient les 100 000€, voire 200 000€. J’avais alors écrit : « au total, alors qu’en France la numisma- tique semble se chercher, la principauté de Monaco nous confirme avec éclat son étonnante vitalité… ». Ce propos, qui concernait évidemment les ventes aux enchères, n’avait pas été compris de certains. Malgré les ravages causés par le virus COVID-19 depuis le début de 2020, la principauté est restée à la pointe de la nu- mismatique. En octobre 2020 eurent lieu les Journées numis- matiques de la SFN qui, de l’avis unanime, rencontrèrent un succès éclatant et mérité. Elles étaient couplées avec une ma- gnifique exposition internationale sur les luigini et le commerce avec le Levant, organisée au musée des Timbres et des Mon- naies. Une seconde exposition sur les monnaies antiques trouvées en Principauté depuis le XIX e siècle complétait cette première exposition au musée d’Anthropologie préhisto- rique, dans le Jardin Exotique. Depuis octobre 2020, malgré les confinements, les six numis- mates professionnels de Monaco ( Gadoury, MDC, Boule, Würz, Shama et Brych ) ont maintenu leur activité. Mieux, MDC vient d’organiser le 12 juin dernier une vente aux en- chères de printemps qui s’ajoute à celle qui aura lieu au mois d’octobre. La vente qui vient de se dérouler le samedi 12 juin 2021 a porté sur 827 lots. Le beau catalogue de présentation a béné- ficié du concours de Stephan Sombart, le fondateur-anima- teur d’ iNumis en 2006, récemment retiré dans le pays niçois et qui a rejoint MDC. Le succès de cette vente a été total. Qu’on en juge : plus de 30 monnaies ont dépassé des enchères de 100 000€ et plus. C’est énorme. Le record a été obtenu par un essai en or d’Australie, connu à 7 exemplaires, qui a atteint l’enchère de 800 000€ soit presque un million d’euros avec les frais (992 000€). Un souverain de George V, frappe privée, a atteint 760 000€. Une pièce de 5£ Victoria 1839, 500 000€ ; un piéfort de la pièce de Napoléon III 100F lauré 1861 A, 580 000€ ; trois pièces anglaises en or de Guillaume III, Georges III et Anne ont atteint respectivement 300 000€ et 260 000€, un trade dollar de Hong Kong (essai en or) 255000€, un essai en argent de la roupie des Indes 200 000€. Une série de monnaies en or des empereurs autrichiens et du roi d’Espagne Charles II s’est vendue de 105 000 à 180 000€. Un essai de la pièce de 5F lauré Napoléon III 1861 A est parti à 115 000€ et une pièce de 100F 1894 A flan bruni (Proof ) à 170 000€. Une pièce de 100 lire 1940 de Victor- Emmanuel III d’Italie a été vendue 240 000€. Une médaille en or de Mussolini 5 000€. S’agissant de monnaies qui nous intéressent plus directement, nous Français, le franc à cheval de Charles VII 1422 Toulouse a été vendu 225 000€, la pièce de 5F en or de l’An 10 a atteint 150 000€, le piéfort en or de la 5F Henri V 1832, 160 000€. L’essai en or de l’écu au bandeau 1740 intéresse de plus en plus les collectionneurs : 170 000€, ce qui montre une belle progression depuis 5 ans. En revanche, étonnamment, un multiple d’or de Louis XIII dit abusivement « huit louis » n’a pas trouvé preneur à 75 000€, ce qui montre que l’on s’inter- roge enfin sur la nature de cette "pièce" qui n’est pas une monnaie mais un essai de fabrication devenu ensuite pièce de plaisir. Bravo pour les monnaies de Lyon : le double louis 1643 parti à 34 000€ et le double louis 1651 mèche courte parti à 4 500€ pour une mise à prix à 3 000€. L’écu blanc 1689 A au nou- veau portrait, étudié par moi-même et Arnaud Clairand dans les Cahiers numismatiques de septembre 2017 n°213 (pp.59- 62), a été vendu 9 000€. La rarissime pièce de 5F semeuse en argent 1898 a été vendue 16 000€ et une pistole de Charles III de Lorraine, au buste mais sans date , 7 500€. Pour les monnaies antiques, signalons une pièce de 1 solidus 1/2 de Constantin I er frappée à Siscia vendue 135 000€ et une pièce d’Anastase I er frappée en 507 à Constantinople, 130 000€. Pour les gauloises, une monnaie en or des Aulerques Diablintes a atteint le prix de 42 000€. Plusieurs monnaies mérovingiennes et carolingiennes n’ont pas trouvé preneur. On ne peut que conseiller aux lecteurs de se procurer auprès de MDC Monaco la liste complète des prix atteints et des invendus. Cette maison en pleine ascension organise sa pro- chaine vente le 21 octobre de cette année 2021. Il faut s’at- tendre à une vente Gadoury à la même époque. Le calendrier de ventes de la maison Boule n’est pas encore connu. Pour être complet concernant Monaco, rappelons qu’une pièce de 2€ commémorative des 10 ans du mariage princier en 2011 sera mise en circulation à l’automne en série BE avec diffusion en partie par le musée des Timbres et des Monnaies via Internet. Ce musée lui-même devrait déménager en 2023 en raison de l’extension du centre commercial de Fontvieille. L’année 2022 sera celle de la commémoration solennelle du centenaire de la mort du prince Albert I er en 1922, diverses manifestations étant prévues à cet effet. Christian CHARLET MONACO CONFIRME SA VOCATION D’ACCUEILLIR DE GRANDES VENTES AUX ENCHÈRES EN NUMISMATIQUE

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