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Bulletin Numismatique n°205 27 un proche. Il s’agit d’un enfant de Hesbaye élevé avec les fils de Charlemagne. Celui-ci en fera son secrétaire et le mariera probablement à une de ses nièces. Ce chroniqueur se nomme Einhard. Nous l’appelons Eginhard. Il ne rapporte rien sur la naissance et l’enfance de l’Empereur et commence son travail quand Charles devient roi. Mais, des propos qui lui sont attri- bués pourraient s’avérer fort intéressants : « Je n’ai lu nulle part, dit-il, rien à citer sur sa naissance, son enfance et même sa jeunesse ; je ne connais personne qui en ait gardé de notables souvenirs ; je n’en parlerai donc point, et vais passer au dénombrement et au récit de ses actions et des faits qui ne peuvent demeurer dans l’oubli » De cujus nativitate atque infancia, vel etiam pueritia, quia neque sicriptis. usquam aliquid declaratum est, neque quis- quam modo superesse invenitur, qui horum se dicat habere notitiam, scriberei nueptum judicans, ad actus et mores ceterasque vitae illius partes explicandas ac demonstrandas, omissis incognitis, transire disposui. (Vita Karoli, dans les Monumenta Germaniae Historica , t. Il, p. 445.) Que caches-tu ? un ogre, un bouilleur d’enfant ? Et si en réa- lité la naissance et les premières années de notre Charles étaient peu compatibles avec la dignité royale. On compren- drait alors la négligence protectrice, le silence politique du chroniqueur. Ainsi j’ai pu lire et je vous rapporte ces quelques lignes : Une tante de Charles, appelée Landrade, demeurait non loin de Liège, en Hesbaye, où Sigramme, son mari, tenait l’emploi de comte. Elle avait recueilli une orpheline nommée Amalberge, née à Rodange, près d’Arlon. Charles la vit et en devint passionné- ment épris. Son hommage fut repoussé, et la fière jeune fille, qui n’avait pas voulu être sa maîtresse, ne consentit pas même à deve- nir sa femme. Outré de ces refus, Charles parvint-il s’introduire dans sa chambre, et il s’y livra à des emportements si violents, qu’il lui cassa le bras. Revenu à lui, il s’enfuit précipitamment, et Amalberge alla cacher ses pleurs dans le monastère de Bilsen (à six lieues de Liège), où elle s’éteignit saintement en 772, âgée seulement de trente-un ans. (v :. les Acta Sanctorum, Juillet, t. III, p. 100, etc.) Cette malheureuse jeune fille était donc née en 741. On peut penser que Charles devait avoir à peu près le même âge. Il serait né le 4 des nones d’avril, soit le 2 avril 742. On a beau- coup bataillé sur l’année de sa naissance mais officiellement il décède en 814 à l’âge de 72 ans ! Faites votre compte. Decessit anno aetatis suae LXXII, et ex : quo regnare coeperat XLVII, v kalend. februarii hora diei tertia. (Eginard, Vita Karoli, dans les Monumenta Germaniae Historica , t. Il, p. 439.) Même cette date de naissance n’est pas « catholique » et néces- sitait d’être cachée puisque les parents de Charlemagne, Pépin le Bref et Berthe au Grand Pied se sont mariés en 744 ! L’Em- pereur défenseur de l’Eglise était né hors mariage… et de sur- croit avait été un enfant illégitime ! En 2010, des légistes ont étudié la calotte crânienne de Charles et lui donnent 66 ans comme âge de décès. J’ai sou- mis cette information à un des meilleurs médecins légistes qui soit, mon ami le professeur Philippe BOXHO. Il m’explique que l’étude de la calotte crânienne basée sur l’aspect des su- tures intra-crânienne n’est pas le moyen le plus fiable pour déterminer l’âge au moment du décès. Philippe estime que le degré d’incertitude est donc fort grand, il l’évalue à plus ou moins 10 ans dans le meilleur des cas… En 742, Pépin le Bref s’en alla faire la guerre à Hunald, duc des Aquitains. Presque toute la France ainsi que l’Allemagne s’étaient soulevées à la nouvelle de la mort de Charles-Martel, laquelle arriva inopinément le 22 octobre 741. Pépin dut faire une guerre d’extermination à ces peuples, qui combattaient pour leur nationalité. Pépin fut vainqueur après une cam- pagne meurtrière. CHARLES DE LIÈGE

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