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Bulletin Numismatique n°205 26 E ginhard écrit : Charles était robuste et d’une taille élevée, bien qu’elle n’excédât pas de justes proportions, car il mesurait sept fois la longueur de son pied. Il avait le som- met du front arrondi, les yeux grands et vifs, le nez plutôt grand, une chevelure abondante, le visage vermeil et allègre. Toute sa personne avait une prestance et une dignité qui imposaient. Sobre dans le boire et le manger, il répugnait à l’ivresse et rare- ment, sur sa table, figuraient plus de quatre plats. Il ne tenait pas au luxe des vêtements et il affectionnait le costume simple et mar- tial des Francs. Sa santé était robuste, cependant, durant les quatre dernières années de sa vie, il fut fréquemment atteint de la fièvre et il finit par boiter légèrement d’un pied. Remarquons en effet, que ce sont des rhumatismes, qui devinrent à la fin de sa vie quasi permanents, qui inclineront Charles à choisir les eaux thermales bienfaitrices d’Aix-la-Chapelle pour établir en cet en- droit un palais permanent, plutôt qu’à Liège où avait vécu sa famille. Mais Aix, qui deviendra la capitale de l’Empire et la ville du couronnement était située alors dans les limites du dio- cèse de Liège. Mais de sa naissance, nous ne savons rien… On peut produire une thèse, un essai, un roman, ce travail est un article malhonnête. Je suis Liégeois, donc une forte et in- tense conviction nourrit mon cœur et mon esprit. Je sais où est né Charlemagne. Le Liégeois ne peut pas prouver ce qu’il prétend, parce que sa légitimité se trouvait dans les librairies des monastères de St- Lambert et de St-Pierre, dévastées par les Normands en jan- vier 882. Le feu en 1183 transforme en cendres ce qu’il restait de ses lettres de noblesse. Tout périt, les vieux cartulaires, les vieilles chroniques, les diplômes… On sauva à grand-peine quelques diplômes des empereurs des X e et XI e siècles. On aura chanté la naissance de Charles de la forêt de Samous- sy près de Laon, à Quierzy-sur-Oise, à Ingelheim am Rhein, à Prüm, à Aix-la-Chapelle, à Paris, à Herstal, à Jupille… En fait que veut-on savoir ? et pourquoi doit-on le savoir ? Charles était-il français ou allemand ? Les nations se sont emparées de l’Histoire pour s’attribuer la gloire des grands personnages. En Allemagne on avait fait de Karl der Große un Allemand avant la lettre. En France l’historien Ferdinand LOT écrivait : « Charlemagne est français parce que nous l’avons adopté ». Maintenant, si les Belges s’en mêlent… alors, c’est bas possiible ! es ist nicht möglich !! ach so… Entre ces deux puissances parfois si belliqueuses le Pays de Liège sera resté timidement à l’écart, comme s’il avait moins de titres que les autres pour réclamer le grand homme. Mais, l’Histoire est une science, si elle est « nationale » elle devient propa- gande alors son souci n’est plus la vérité. Si nous disposions de leur carte d’identité, Moctezuma serait- il mexicain ? Lucy serait éthiopienne, l’Homme de Spy, belge ; Paris, Hector et Priam seraient turcs. Saint Nicolas, saint Patrick, sainte Lucie et saint Antoine feraient pleurer bien des dévots. Si nous devons évoquer Vercingétorix, Armi- nius ou Romulus, nos bannières vont commencer à se frois- ser. Cette approche de l’Histoire est ridicule, ces hommes appartenaient à leur temps et il nous appartient d’entendre, de comprendre ce qui peut nous enrichir et, si j’osais, ce qui peut contribuer à nous unir. Il est indéniable et inattaquable que le petit-fils de Charles Martel a très fortement marqué la culture lié- geoise. C’est une évidence que le fils de Pépin III, dit le bref, a imprégné la vie de Liège d’une telle manière qu’il en est indissociable. Déjà au XV e siècle, des voyageurs rapportent dans leurs écrits les pro- pos tenus par la population. En l’an- née 1460, on peut lire : « Chez les Liégeois, c’est une opinion générale que les ancêtres de Charlemagne sont originaires de Jupille, qui est dans le voisinage de la cité de Liège ». En 1567, on lit encore : « De la nation liégeoise sont sortis les princes Pépins, desquels est issu par suite le très glorieux Charle- magne ». En 1623, enfin : « Les ancêtres de Pépin et de Char- lemagne sont nés dans le pays de Liège ». Ca radote, mais ça ne prouve rien. D’ailleurs pourquoi une croyance si forte n’est-elle pas plus répandue dans la grande « Histoire » ? Un avocat liégeois expliquait que c’était parce qu’elle n’avait pas eu l’honneur de figurer dans les fameux livres d’histoire ad usum scholarum. On ne sait, en vérité, que ce que l’on a ap- pris. Res novoe, quia inauditoe. La famille de Charles, depuis au moins cinq générations avant sa naissance, avait planté ses racines en Pays de Liège. Elle y possédait d’immenses domaines, des manoirs célèbres comme ceux de Landen, de Chèvremont, d’Herstal, de Jupille. C’est le trisaïeul de Charlemagne qui a relevé et embelli le château- fort de Chèvremont ; c’est son père qui a reconstruit le ma- noir de Herstal en 758. Landen avait un palais où Pépin dit de Landen serait mort le 21 février 640. Le centre de leurs propriétés était Liège, où ils exerçaient les droits seigneuriaux en leur qualité de comtes de Tongres ou de Hesbaye. Nous savons vraiment très peu de chose sur les vingt-cinq premières années de Charles. Celui qui fera sa chronique est CHARLES DE LIÈGE

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