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Bulletin Numismatique n°204 36 P our ses billets, la Banque de France a toujours su s'en- tourer des meilleurs professionnels. Peintres, dessina- teurs, techniciens, imprimeurs et… graveurs. La technique de gravure fut essentielle dans les processus de création et de sécurisation des billets, mais si les peintres et artistes créateurs sont souvent connus et reconnus, les gra- veurs sont généralement restés dans l'ombre. Au vingtième siècle, ils ne sont qu'une vingtaine à avoir eu l'honneur de travailler pour la Banque de France : Armanelli, Barre, Beltrand, Clément, Combet, Dujardin, Deloche, Dreyfus, Durrens, Duval, Florian, Herouard, Hourriez, Ju- bert, Marliat, Piel, Pierson, Poilliot, Régnier, Renaud, Robert, Romagnol. La plupart sont inconnus, pourtant ils ont contribué à illus- trer les plus beaux ouvrages des plus belles bibliothèques, mais aussi des timbres, des chèques et tous documents néces- sitant un savoir-faire d'exception. Travailleurs de l'ombre, mais artistes à part entière, ils ont permis à la Banque de France d'accéder à l'excellence, de réa- liser les billets à la fois les plus beaux et les plus technique- ment aboutis du XX e siècle. Quelques vidéos consacrées à la gravure permettent de mieux comprendre la difficulté et le savoir-faire nécessaire à ce tra- vail : Anne Meyer, gravure : https://www.youtube.com/watch?v=ftiwd9vo_Fw Musée du Louvre : https://www.youtube.com/watch?v=Ha3y-FsVfSg Série Le collectionneur Moderne (4 videos) : https://www.youtube.com/watch?v=vgyAqThpfOs Créer un billet est un travail d'une rare complexité : il faut un dessin, une vraie œuvre d'art sur un format réduit, à la fois belle et diffusant un message clair mêlant symboles et réfé- rences, projet et vision politique. Une fois l'œuvre réalisée, il faut pouvoir la reproduire à des millions d'exemplaires, sur un papier spécial, avec des encres particulières, tout en conser- vant une qualité et une sécurité parfaites. Le travail du gra- veur consiste à créer à partir de cette œuvre un modèle aussi complexe que possible mais permettant cette impression à grande échelle. Chaque creux, chaque relief, chaque hachure participe à la transformation de l'œuvre unique en matrice reproductible, c'est un travail d'artiste à part entière, fasti- dieux et essentiel. Parvenir à un résultat parfait demande beaucoup de rigueur. Avant de présenter son travail aux responsables de la Banque de France, le graveur doit affiner et parfaire son projet. Les étapes sont nombreuses et mal connues, chacun ayant ses techniques, ses habitudes, son matériel. La prochaine vente Live Auction (clôture le 16 février) per- mettra à bon nombre de collectionneurs de découvrir une partie du travail de Robert Armanelli, l'un des grands gra- veurs que la Banque de France a choisis pour réaliser une par- tie de ses plus beaux billets. Les archives de Robert Armanelli qui concernent les billets seront présentées dans leur intégralité : près de deux cents lots représentant vingt ans de collaboration avec la Banque de France. QUI ÉTAIT ROBERT ARMANELLI ? Né en 1912 à Saint-Paul-aux-Bois (Aisne), son père Georges Armanelli et sa mère Marie Lefort étaient tous deux manou- vriers de la commune. Incorporé au 153 e régiment d'infante- rie en 1933, il est cité à l'Ordre de l'Infanterie Divisionnaire en 1940. Son parcours de formation au métier de graveur n'est pas connu. Nous le retrouvons en 1949, date à laquelle il est consacré meilleur ouvrier de France dans la catégorie Gravure sur bois. Son talent lui permet de participer à de nombreux travaux très différents : publicité, presse écrite, ouvrages litté- raires, lithographies, philatélie et, bien sûr, billets de la Banque de France. ROBERT ARMANELLI, PROFESSION : GRAVEUR

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